Ineos veut investir plus de 2 milliards d'euros dans la production d'hydrogène vert

Ineos veut investir plus de 2 milliards d’euros dans la production d’hydrogène vert

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Ineos vient d’annoncer son souhait d’investir plus de 2 milliards d’euros dans l’hydrogène vert. Le pétrochimiste britannique prévoit de construire plusieurs usines d’électrolyse en Europe au cours des 10 années à venir, le tout dans un but précis : décarboner le secteur industriel. Un projet qui intervient dans le cadre
de la revendication de l’Europe
de voir éclore plus d’investissements dans l’hydrogène vert.

Un investissement pour un objectif plus « propre »

Pour réussir sa transition écologique, Ineos vient de publier un communiqué le 18 octobre dernier, annonçant son intention d’investir deux milliards d’euros dans l’hydrogène vert. Annoncée comme l’une des solutions clés à la décarbonation du secteur industriel, cette énergie pourrait être le nouvel objectif du groupe britannique du milliardaire Jim Ratcliffe, qui espère faire bouger les choses au cours de cette décennie des dix ans à venir.

Dans le cadre de cet investissement, le groupe prévoit de construire plusieurs usines en Norvège, en Allemagne mais aussi en Belgique, où l’entreprise possède déjà plusieurs sites de production et de R&D. D’autres investissements sont également prévus au Royaume-Uni et en France.

Sa première unité construite sera une usine d’électrolyseurs d’une puissance de 20 MW en Norvège. Alimentée par une électricité zéro carbone, elle permettra de produire de l’hydrogène propre par électrolyse de l’eau.

La seconde verra le jour en Allemagne, où Ineos prévoit de construire un électrolyseur de 100 MW pour produire de l’hydrogène vert sur son site de Cologne.

« Il s’agira du plus gros investissement jamais réalisé en Europe dans des projets d’électrolyse visant à produire de l’hydrogène vert », a annoncé dans un communiqué Ineos, indiquant que sa filiale Inovyn était déjà le plus grand opérateur européen d’électrolyse. « L’Europe réclame davantage d’investissements dans l’hydrogène vert et l’annonce d’Ineos aujourd’hui montre notre détermination à jouer un rôle de premier plan dans ce nouveau carburant important », a ajouté Jim Ratcliffe.

Le groupe prévoit de réduire de plus de 60% les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030. En septembre, Ineos annonçait convertir son usine pétrochimique écossaise et sa raffinerie de pétrole à Grangemouth pour qu’elles fonctionnent désormais à l’hydrogène, pour un montant s’élevant à plus d’un milliard de livres. Le tout avec l’objectif de réduire les émissions de carbone à zéro d’ici 2045.

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L’hydrogène vert pour une transition vers une neutralité carbone

Aujourd’hui, l’hydrogène est couramment utilisé dans l’industrie pétrolière, la chimie industrielle ou encore l’électronique.
Il permet de proposer des solutions pour la fabrication de composants, pour le stockage d’énergie ou encore pour le transport des gaz actifs.Contrairement aux énergies fossiles, l’hydrogène n’est pas à proprement parler une source d’énergie, mais plutôt un vecteur énergétique. Comme l’électricité, il transporte de l’énergie produite via une autre source d’énergie.

Aujourd’hui on recense différentes sortes d’hydrogène.

  • L’hydrogène gris : L’hydrogène gris est fabriqué par des procédés thermochimiques via des énergies fossiles (pétrole, charbon, gaz), et émet donc une forte émission de gaz lors de son procédé de fabrication.
  • L’hydrogène bleu : Celui-ci est produit de la même manière que l’hydrogène gris, mais diffère grâce à sa captation du CO2 émis lors de la fabrication, qui sera ensuite réutilisé ou stocké.
  • L’hydrogène vert : L’hydrogène vert est produit principalement via un procédé d’électrolyse permettant de dissocier l’hydrogène et l’oxygène de la molécule d’eau. Lorsque l’électricité nécessaire à l’électrolyse est issue de sources d’origine renouvelable comme l’éolien ou le solaire, l’hydrogène est alors qualifié de « vert » car il n’émet pas d’émission de CO2.
  • L’hydrogène jaune : Cet hydrogène est quant à lui également fabriqué par électrolyse, mais l’électricité provient essentiellement de l’énergie nucléaire.

C’est majoritairement sur l’hydrogène vert que les pays misent pour avancer vers une neutralité carbone. Si pour le moment la production d’hydrogène vert n’en est encore qu’à ses prémices avec moins de 1% de la production mondiale d’hydrogène, elle pourrait être l’un des leviers incontournables du mix énergétique, notamment grâce à sa capacité de stocker l’énergie et de la restituer en complément des énergies renouvelables.

Elle pourrait également être un véritable atout pour décarboner différents secteurs, comme celui du transport avec la mobilité verte, mais également pour décarboner les usages industriels où l’hydrogène est très présent comme la chimie, la raffinerie, la métallurgie ou encore la pétrochimie.

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De nombreux pays en route vers l’hydrogène vert

Depuis quelques années, de nombreux pays réalisent l’importance de l’hydrogène vert et commencent à mettre en place des investissements pour soutenir son déploiement. Dans l’Union Européenne, la production et la consommation d’énergie représentent plus de 75% des émissions de gaz à effet de serre. Pour atteindre les objectifs climatiques de l’UE à l’horizon 2030 et la neutralité carbone espérée d’ici 2050, la décarbonation du système énergétique est primordiale.
L’hydrogène vert fait notamment partie de la stratégie globale de l’UE pour l’intégration des systèmes énergétiques propres en passant par la production et les infrastructures adéquates.

Pour répondre à cet objectif ambitieux, l’Allemagne a déjà annoncé un investissement dans l’hydrogène vert de 9 milliards d’euros dans le cadre de son plan de relance.
Cet investissement, en plus des centaines de millions déjà alloués, servira pour l’accélération de l’utilisation de l’hydrogène dans les transports, l’industrie ou encore le chauffage. Grâce à son utilisation du gaz naturel depuis près d’un siècle, l’Allemagne bénéficie également d’une infrastructure nécessaire au stockage et au transport de l’hydrogène.
De son côté, la France, dans le cadre de son plan « France 2030 », souhaite devenir le leader mondial de l’hydrogène vert, avec un investissement de 7 milliards d’euros. D’ici 2030, la France espère détenir sur son sol « au moins deux gigafactories d’électrolyseurs et produira massivement de l’hydrogène et l’ensemble des technologies utiles à son utilisation », a précisé Emmanuel Macron.

« Notre stratégie est d’en faire beaucoup chez nous car on a la possibilité de faire de l’électrolyse très décarbonée ».
Le gouvernement britannique a lui aussi proposé cet été, un plan de 4 milliards de livres de co-investissements avec le secteur privé, d’ici 2030.

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Avec le déploiement progressif d’usines dédiées à la production d’hydrogène vert, l’Union Européenne et de nombreux autres pays, comme l’Angleterre ou la Chine par exemple, pourraient atteindre leurs objectifs de décarbonation de l’énergie d’ici 2050. L’inconnue reste les coûts de production de l’hydrogène vert, inconvénient principal de cette solution : réussiront-ils à diminuer pour que ce secteur puisse réellement devenir concurrentiel ? 

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Image de couverture :  photo d’illustration.