La révolution de la recharge des poids lourds est en route !

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​​Près de Paris, un consortium mené par VINCI Autoroutes va expérimenter de nouvelles méthodes de recharge pour poids lourds. Conscient du nombre élevé d’émissions de gaz à effet de serre généré par le secteur du transport de marchandises, ce consortium veut réaliser des tests sur deux technologies qui permettront aux véhicules de se recharger en roulant.

Une alternative plus propre

En France, le transport national de marchandises est principalement acheminé par voie routière, via l’utilisation de poids lourds. Mais cette solution pose un réel problème écologique, puisqu’elle est responsable d’un fort rejet de gaz à effet de serre (GES), représentant en 2022 plus de 120 millions de tonnes de CO2 à l’échelle nationale, selon le rapport Secten édition 2023 de Citepa, relayé par l’Insee.

Pour limiter leur empreinte carbone, de nombreuses entreprises optent alors pour des solutions de livraison à bilan carbone neutre, notamment en déployant des véhicules électriques ne générant aucune émission de GES. Mais pour pouvoir fonctionner sur le long terme et acheminer sans problème les marchandises, les poids lourds électrifiés nécessitent des infrastructures de recharge adaptées et des batteries lithium-ion plutôt massives, pouvant aller jusqu’à 5 tonnes et laissant moins d’espaces pour transporter les marchandises. Des coûts de production et de consommation qui limitent donc leur déploiement et freinent les industriels.

C’est pourquoi VINCI Autoroutes s’intéresse actuellement à deux solutions de recharge dynamique pour poids lourds, qui pourraient bien révolutionner les méthodes de rechargement de l’industrie automobile. Reposant sur la technologie par induction pour la première et sur la technologie par rail conducteur pour la seconde, ces solutions permettront aux véhicules de se recharger en roulant.

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Comment ça marche ?

L’idée de ce projet est de mettre au point des routes et autoroutes électriques sur lesquelles les poids lourds électrifiés pourront rouler en maintenant le niveau de leurs batteries et même en les rechargeant.

Concrètement, la recharge par induction permet de recharger le véhicule sans contact. Elle repose sur un champ électromagnétique émis par un système situé à même le sol et capté par une bobine placée sous le véhicule. Ainsi, la route joue le rôle de plaque à induction et lorsque l’émetteur placé sous le véhicule se retrouve face au récepteur placé dans la route, la transmission de l’énergie électrique se lance.

La seconde solution par rail conducteur nécessite quant à elle d’équiper le dessous des voitures d’un patin qui frottera le long d’un rail sur la route. Cette friction entre les deux permet alors de déclencher la recharge.

Des solutions qui restent largement avantageuses en termes de décarbonisation, mais qui possèdent également des inconvénients en termes de coûts et de coexistence avec d’autres véhicules, qui devront être attentivement étudiés lors de tests.

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Des tests en conditions réelles

L’expérimentation de ce projet, qui s’étalera sur une durée de trois ans, a débuté en septembre 2023 sur une piste fermée du CEREMA (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement) à Rouen. Une fois ces premiers essais réalisés, les tests seront étendus en 2024 à deux tronçons-tests de deux kilomètres chacun sur l’autoroute A10, à proximité de la barrière de péage de Saint-Arnoult. Chaque tronçon sera dédié à une solution de recharge dynamique. Une première mondiale, puisque, bien que déjà testées dans d’autres pays, ces deux solutions de recharge dynamique n’ont encore jamais été essayées sur autoroute.

L’objectif par la suite sera d’équiper des tronçons plus longs pour un usage commercial, afin, à terme, de déployer progressivement l’ERS (système de route électrique) sur les principaux axes routiers français empruntés par les poids lourds. Ces solutions de recharge dynamique pourront ensuite également être envisagées pour d’autres types de véhicules (autocars, voitures particulières,…).

Ce projet qui s’élève à 26 millions d’euros bénéficiera en partie d’un financement de Bpifrance dans le cadre du plan France 2030.

Si les essais s’avèrent concluants, VINCI assure que la recharge dynamique pourrait réduire drastiquement les émissions de CO2 du transport routier de marchandises, en comparaison aux autres solutions actuelles qui ont recours au gazole ou à l’utilisation de grosses batteries. 

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