Morland Mixité Capitale : Une réhabilitation complexe réussie au coeur de Paris

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Le 17 mai dernier, la réhabilitation de l’îlot Morland, situé entre la Seine et le boulevard Morland, s’achevait. Lauréat de « Réinventer Paris » en 2016, le projet a pour but de réhabiliter l’ancien site administratif de la préfecture de Paris en un complexe visant à redynamiser la ville. Un pari réussi pour Emerige, maître d’ouvrage, et David Chipperfield Architects, CALQ Architecture, Michel Desvigne et Olafur Eliasson, chargés de la conception du nouvel édifice.

Un chantier de restructuration impressionnant

Et si, au lieu de construire de nouveaux bâtiments, on réhabilitait des espaces existants et désertés ? C’est le pari que David Chipperfield Architects et CALQ se sont donnés avec la conception du nouvel îlot Morland. C’est en plein cœur du 4ème arrondissement de Paris, que l’ancien et vétuste site administratif de la préfecture de Paris a entièrement été réhabilité. Un projet gigantesque, axé sur la pluralité et qui s’étend sur 43 621 m2 de plancher.

Le chantier a été réparti en plusieurs chantiers, comprenant l’immeuble de grande hauteur, les deux ailes sur les rues constituées de logements, deux bâtiments neufs (un côté Arsenal, un côté Seine), et le sous-sol. Le chantier a dû faire face à un cadre législatif très strict et complexe reposant sur le plan local d’urbanisme, le plan de prévention des risques d’inondation (PPRI), le cadre s’appliquant aux IGH, le code du travail, celui de l’habitation ou encore les règles régissant les immeubles recevant du public. Sans oublier que les immeubles reposent sur une ligne de métro.

Pour respecter l’architecture existante conçue par l’architecte Albert Laprade, chaque pierre de façade de l’immeuble de grande hauteur (bâtiment Morland) a été remplacée par de nouvelles pierres identiques, issues d’une carrière alternative. Sa façade affiche des colonnades de poteaux verticaux habillés de pierre et des fenêtres portées par des allèges pleines. Concernant les nouveaux bâtiments, leur façade est réalisée en mur-rideau métallique habillé de shadow box et de vitrages clairs. Ceux-ci reposent chacun sur des voûtes en bétons de 6 à 7 mètres de hauteur. Au sol, un parvis qui permet d’entrer directement au cœur de l’îlot et une allée traversante relient le boulevard Morland à la Seine en passant par une halle maraîchère en circuit-court.

Exemplaire en termes de pluralité fonctionnelle et sociale, le Morland Mixité Capitale a été conçu pour 11 usages finaux, parmi lesquels : des espaces de bureaux, différents types de logements, une auberge de jeunesse, un hôtel cinq étoiles, un bar, une galerie d’art, une crèche, une piscine, un espace fitness, ou encore des commerces. Le bar et le restaurant, situés sur les deux derniers étages offrent une vue spectaculaire de Paris et abritent une œuvre panoramique d’Olafur Eliasson et Sebastian Behmann (Studio Other spaces), composée de miroirs au plafond réfléchissant l’image de la ville.

En tout, plus de 700 personnes et 180 entreprises, dont Bouygues Bâtiment Ile-de-France ont pris part à ce chantier gigantesque, où, d’après les concepteurs, cinq mille personnes devraient se croiser quotidiennement.

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Une réhabilitation tournée vers des engagements écologiques

Morland Mixité Capitale s’inscrit dans un projet éco-responsable basé sur un modèle d’économies énergétiques comportementales. Pour la partie réhabilitation, 60% de matériaux issus du curage du bâtiment historique de Morland ont été réemployés. 

Le complexe dispose également d’une boucle énergétique permettant de tirer parti de la chaleur dégagée par les uns, pour fournir en eau chaude ou en froid les autres. Pour cela, un circuit d’eau relié à trois pompes à chaleur d’une puissance de 219 kW a été installé. Un système qui évite l’émission de 64 kg de CO2 par m2 et qui réduit la consommation de l’ensemble des ouvrages de 20% par rapport à la réglementation thermique en vigueur. Un système de photo-épuration des eaux grises a également été mis en place ainsi que 70 m2 de panneaux photovoltaïques sur le toit, permettant de générer l’énergie nécessaire aux services généraux du site.

Le projet bénéficie de 4 000 m2 de surfaces végétalisées, dont 2 800 m2 d’agriculture urbaine installés sur des terrasses par le paysagiste Michel Desvignes, et plantés à la verticale afin de maximiser la surface cultivable et limiter la consommation d’eau.

D’une particulière complexité, ce projet a su allier réhabilitation et nouveauté au sein d’un programme polyfonctionnel, tout en respectant des performances écologiques remarquables.

Crédit photo : Sébastien Véronèse

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