Le premier paquebot au monde à être propulsé au GNL prendra la mer fin novembre
Il y a quelques semaines, on vous parlait de l’histoire de la navale chez Bee Engineering et aussi de SAVe Energy, un système de batterie électrique pour la propulsion des navires signé Rolls Royce.
Aujourd’hui, on souhaite revenir avec vous sur une autre révolution qui s’opère dans ce secteur, notamment en termes de protection de l’environnement !
En effet, alors que les 173 pays membres de la OMI (Organisation Maritime Internationale) ont signé en avril dernier à Londres un accord visant à réduire de 50% les émissions de CO2 du secteur maritime d’ici 2050, le premier paquebot de croisière à être propulsé au GNL prendra la mer fin novembre pour sa croisière inaugurale.
Retour sur cette innovation majeure.
Le tout premier paquebot de croisière propulsé au gaz naturel liquéfié (GNL)
Annoncé en mi-septembre dernier à Paris par l’association internationale des compagnies de croisières CLIA (Cruise Lines International Association), le tout premier paquebot de croisière propulsé au gaz naturel liquéfié (GNL) prendra la mer fin novembre.
Il s’agit du paquebot baptisé « AIDAnova », de la compagnie allemande AIDA Cruises qui est une marque du groupe italien Costa Croisières, lui-même filiale du groupe américain Carnival Corporation.
L’AIDAnova est sorti du grand hall de construction couvert du chantier Meyer Werft de Papenburg (Allemagne) le 21 août dernier et sera livré le 15 novembre prochain.
C’est le plus gros navire de croisière réalisé jusqu’ici en Allemagne et, surtout, le premier au monde à être équipé d’une propulsion fonctionnant au GNL (Gaz Naturel Liquéfié).
L’AIDAnova,long de 337 mètres pour une largeur de 42 mètres et une jauge de 183.900 GT compte 2.626 cabines pour une capacité d’accueil de 5.200 passagers, entamera sa croisière inaugurale le 27 novembre prochain pour une croisière au départ du port d’Hambourg (Allemagne).
Le GNL : le carburant propulseur « le moins impactant et le plus éco-compatible »
Si c’est le plus gros paquebot de croisière réalisé en Allemagne, ce n’est pas par ses dimensions que se distingue l’AIDAnova, mais par son système de propulsion fonctionnant au GNL (Gaz Naturel Liquéfié).
En effet, l’AIDAnova intègre la Floating Engine Room Unit (FERU), c’est-à-dire la partie du navire qui abritera les quatre moteurs à propulsion.
Ces quatre moteurs, produits par Caterpillar (moteur MaK-Caterpillar 16 M 46 DF), peuvent fonctionner au diesel bien sûr, mais également au GNL. Trois cuves de stockage sont mises à disposition de ce dernier : deux cuves cylindriques principales, longues de 35 mètres pour un diamètre d’environ 8 mètres et une capacité de 1500 m3 de GNL chacune, ainsi qu’un troisième réservoir de 28 mètres de long, 5 mètres de diamètre et 550 m3.
Un volume de stockage de près de 3600 m3 qui lui permettra d’atteindre une autonomie de deux semaines.
En mer et dans les ports, l’AIDAnova fonctionnera donc uniquement grâce au GNL. Pour des trajets plus longs et sans escale dans unport équipé en GNL, il pourra alors basculer sur une alimentation au Diesel.
Un système de propulsion visant à diminuer l’empreinte des paquebots de croisières sur l’environnement, comme l’explique Erminio Eschena, président de CLIA France : « Le gaz naturel liquéfié est le carburant propulseur le moins impactant et le plus éco-compatible. La préoccupation de l’environnement est au cœur de l’industrie de la croisière, on n’existerait pas sans la mer. Nous pouvons améliorer notre empreinte ».
Dans les faits, cette motorisation au GNL devrait supprimer les émissions de dioxyde de soufre (SOx), réduire de 95 % celles de particules, de 85 % celles d’oxyde d’azote et de 25 % celles de CO2.
Le premier paquebot d’une longue série !
Si l’AIDAnova est le premier paquebot de croisière qui prendra la mer en étant propulsé au GNL, des navires basés sur le même système de propulsion et la même plateforme ont d’ores et déjà été commandés pour d’autres compagnies du groupe américain Carnival.
Ainsi, Meyer Werft livrera deux unités à P&O Cruises en 2020 (Iona) et 2022.
Le chantier de Turku (Finlande), qui appartient également au constructeur allemand, achèvera le Costa Smeralda l’an prochain, avec des premiers essais qui devraient être réalisés au printemps 2019. Une autre unité sera également livrée en 2021 pour Costa Croisières, tandis que deux autres seront réceptionnéesdirectement par Carnival Cruise Line en 2020 et 2022.
Cette percée de la propulsion au GNL est donc une excellente nouvelle pour la planète et pour les habitants des villes côtières, qui sont souvent les premiers à souffrir de la pollution du secteur naval. « Grâce à l’avancée du gaz naturel liquéfié en matière de technologie de propulsion, le “Costa Smeralda” représente une innovation majeure pour le marché international et une étape fondamentale en faveur de l’établissement de nouvelles normes pour le secteur », a déclaré Neil Palomba, le président de Costa Croisières.
Le GNL : un surcoût financier pour un pari sur l’avenir
Préserver l’environnement a un coût ! En effet, toujours selon Erminio Eschena, un paquebot fonctionnant au GNL « représente un surcoût considérable, aussi bien en termes de conception que pour la remise en état. Cela se chiffre à plusieurs dizaines de millions d’euros » supplémentaires.
« Les coûts de construction sont beaucoup plus élevés. Le Nova comme le Smeralda vont coûter un milliard d’euros, avec une durée d’amortissement de 30 ans. Mais ce sont des paris sur l’avenir que font les armateurs », a complété Georges Azouze, PDG France de Costa Croisières.
Reste maintenant à équiper petit à petit les ports d’escale et d’embarquement pour s’adapter à l’approvisionnement des paquebots fonctionnant au GNL: « il faut que tout l’écosystème soit porté par le mouvement », souligne Erminio Eschena.
Si ces paquebots plus propres et plus respectueux de l’environnement représentent un coût supplémentaire non-négligeable pour les armateurs, que ce soit en termes de construction ou pour équiper les ports pour l’approvisionnement en GNL, la propulsion au GNL représente une innovation majeure et une étape fondamentale dans le cadre de l’établissement de nouvelles normes dans le secteur naval.