Le port de Toulon investit dans l’électrification de ses quais

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La Métropole Toulon Provence Méditerranée projette de réduire significativement la pollution des bateaux de croisière dans la rade du port de Toulon. Pour y parvenir, la ville prévoit d’électrifier son port, en misant sur le réseau local, le photovoltaïque, l’hydrogène mais aussi sur des blocs de batteries. Un chantier impressionnant, sans équivalent dans les ports français, qui mêle à la fois un mix énergétique et une technologie « smart grid ».

Une électrification multiple pour une réduction d’émissions

Depuis février 2022 à l’Organisation maritime internationale et les gouvernements s’organisent pour adopter au plus vite une zone « ECA » (Emission Control Area, zone de contrôle des émissions) en Méditerranée. Le but de ce projet est de limiter à 0,1% la teneur en soufre des carburants des navires. Dans cet objectif, la Métropole de Toulon s’attèle à l’électrification des quais de son port. Mis en place dans le cadre du projet régional « Escale zéro fumée », incluant également les ports de Marseille et Nice, ce projet devrait permettre de soutenir ce secteur économique majeur en région tout en en réduisant l’impact environnemental. L’électrification à quai, qui sera effective à partir du premier semestre 2023, répondra à deux objectifs : réduire de 80% les émissions de particules fines et diminuer considérablement les bruits ainsi que les vibrations dans le port. 

Pour électrifier son port, la ville de Toulon prévoit de recréer une ligne électrique depuis le poste source de la Rode permettant ainsi l’alimentation du bâtiment de conversion. Acheminée via l’Avenue de Maréchal de Lattre de Tassigny, elle passera ensuite en souterrain jusqu’au terminal Toulon Côte d’Azur pour réduire son impact sur la voirie et la circulation. Cette ligne sera reliée à chacun des trois quais principaux, Fournel, Minerve et de la Corse, qui seront équipés d’une potence fixe de 8 mètres de haut et d’une puissance de 2,7 MW pour raccorder les ferries et de 10 MW pour les navires de croisière.  

Le poste de conversion accueillera quant à lui une tension de 20 000 volts transformée ensuite en une énergie comprise entre 6 600 et 11 000 volts en fonction des différents besoins des navires. Ainsi, il fournira la puissance électrique nécessaire pour alimenter simultanément trois ferries à quais, ou deux ferries et un navire de croisière.

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Le tout sera alimenté par quatre sources d’électricité différentes. La première proviendra des panneaux photovoltaïques qui recouvriront les futures ombrières installées sur les voies d’accès du quai. Grâce à un système de brumisation complémentaire, le rendement global de cette installation de 1 MWc devrait être sensiblement augmenté. Le port aura aussi recours à quatre blocs de batteries lithium-ion, de 850 kWh chacun, pour stocker l’énergie photovoltaïque excédentaire. En plus du réseau Enedis local, la ville mise aussi sur l’installation de piles à combustible permettant de convertir l’hydrogène fabriqué sur le plateau de Signes, au nord-ouest de Toulon, en électricité. 

Cette nouvelle infrastructure nécessitera également une transformation des navires vers l’électrique, notamment pour Corsica Ferries, principal utilisateur du terminal du port toulonnais, qui s’est déjà engagé à lancer ce projet sur quatre de ses navires. 

Ces travaux colossaux menés par le groupe suédo-suisse ABB, leader mondial des technologies numériques, Eiffage Construction Var pour le génie civil et Fauché pour l’installation et le raccordement des équipements, représentent un investissement de 20,3 millions d’euros.

Chaque année, le port de commerce de Toulon accueille plus de 1300 ferries, bateaux et plus de 1,6 million de passagers. Consciente de l’impact sur l’environnement que cela engendre, la Métropole, en adoptant ces nouvelles solutions, ambitionne de nettement réduire les émissions et ainsi, répondre aux attentes du Plan Climat de la Région. 

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