Le cargo électrique et autonome Yara Birkeland s’apprête à prendre en mer

 

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Le Yara Birkeland, premier cargo électrique et autonome, devrait bientôt prendre le large pour sa première opération commerciale près des côtes norvégiennes.

Initialement prévue pour 2020, la première mission du cargo a été retardée d’un an en raison de la crise sanitaire.
Son lancement, très attendu, a un objectif simple : rendre le transport maritime plus écologique !

 

 

Une conception électrique zéro émission

L’aventure commence en 2017, lorsque la société internationale Yara, leader mondial des engrais et fournisseur de solutions environnementales, décide de se lancer dans la construction du premier porte-conteneurs électrique au monde !
Pour réussir ce pari, la société a créé un partenariat avec la société technologique Kongsberg Maritime et a commencé à travailler avec Vard Group en tant que pourvoirie ainsi qu’avec Marin Teknikk côté design.

La construction du navire, retardée par le Covid-19, s’est achevée en novembre 2020 et le cargo s’apprête désormais à réaliser son premier trajet commercial en Norvège d’ici la fin de l’année.

Baptisé Yara Birkeland en l’honneur du physicien et fondateur de Yara, Kristian Birkeland, le cargo se présente comme un mastodonte avec une LHT (longueur hors-tout) de 80 mètres.
D’une profondeur de 12 mètres et avec un tirant d’eau plein de 6,3 mètres, le cargo dispose d’une capacité de chargement de 120 EVP (l’équivalent vingt pieds), soit environ 60 conteneurs.

Mais sa particularité première repose sur sa conception entièrement électrique ! Doté d’une batterie de 7MWh, le cargo détient une propulsion capable d’atteindre 13 nœuds grâce à des deux Pods Azipull de 900 kW chacun et de deux propulseurs tunnel de 700kW chacun, soit “environ mille fois la capacité d’une voiture électrique”, selon les promoteurs. Sa vitesse de croisière, elle, avoisine les 6-7 nœuds.

 

 

Une navigation autonome pour un usage commercial

Destiné à un usage commercial, pour transporter les engrais de l’usine de production de Yara à Porsgrunn vers les ports à conteneurs de Brevik et Larvik, il s’agit du premier navire autonome et entièrement électrique à usage commercial.
Le cargo s’appuiera sur trois stations de contrôle situées à terre pour l’aiguiller dans sa navigation.
Il a été développé avec des technologies de pointe en ce qui concerne la batterie de propulsion et les systèmes de commande électrique, mais également en termes de capteurs, de systèmes intégrés de contrôle et de surveillance qui seront nécessaires pour les opérations autonomes, sans pilote et à distance.

Pour sa première mission, d’ici fin 2021, il reliera les villes norvégiennes Herøya et Brevik, éloignées de deux heures l’une de l’autre. Celle-ci se fera sans équipage et avec un navire chargé de marchandises. Cependant, pour lui permettre de naviguer, plusieurs négociations ont été menées avec les autorités norvégiennes pour assouplir la réglementation en vigueur.

L’entreprise envisage également de réduire encore davantage l’usage des énergies fossiles en automatisant également le chargement et le déchargement du navire. Cela permettrait également de rendre le cargo plus autonome.

Les batteries utilisées sur le cargo sont par ailleurs rechargées avec une électricité propre, 98% du mix norvégien étant d’origine renouvelable.

Le projet est soutenu à la fois par le gouvernement norvégien, par des entreprises du secteur privé, mais également par l’entreprise publique norvégienne ENOVA qui a accordé 133,6 millions de NOK à la Yara, soit un tiers du coût total estimé.

 

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Un enjeu écologique primordial

“Chaque jour, plus de 100 trajets de camions diesel sont nécessaires pour transporter des produits de l’usine YARA de Porsgrunn aux ports de Brevik et de Larvik où nous expédions des produits à des clients du monde entier. Avec ce nouveau porte-conteneurs autonome à batterie, nous déplaçons le transport de la route vers mer et ainsi réduire les émissions de bruit et de poussière, améliorer la sécurité des routes locales et réduire les émissions de NOx et de CO2, déclarait le président et chef de la direction de Yara, Svein Tore Holsether, dans un communiqué de presse en 2017.

En choisissant d’opter pour ce mode de transport, Yara supprimera ainsi chaque année près de 40 000 trajets de camions diesel au sein de zones urbaines peuplées. L’entreprise veut changer les choses et espère encourager d’autres armateurs à prendre le relais. “En déplaçant le transport de conteneurs de la terre vers la mer, YARA Birkeland est le début d’une contribution majeure à la réalisation des objectifs nationaux et internationaux d’impact environnemental. Le nouveau concept est également un pas de géant vers l’augmentation du transport maritime en général”, indique quant à lui Geir Håøy, président et PDG de Kongsberg.

Grâce à son aspect écologique combiné à sa technologie électrique et autonome, Yara Birkeland contribue à changer la donne dans le transport maritime mondial tout en répondant aux exigences de durabilité de l’ONU.

 

Malgré de grandes avancées ces dernières années, le secteur maritime peine encore à mettre en place des mesures concrètes en faveur de l’environnement.

Avec ce nouveau cargo électrique et autonome, le futur du transport maritime pourrait bien se dessiner et donner envie à d’autres armateurs de se tourner vers des solutions plus respectueuses de l’environnement dans les années à venir.

 

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Image de couverture :  photo d’illustration.