Urbanloop : la mobilité urbaine du futur en test à Nancy

 

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Et si, pour désengorger les transports en commun existants et débarrasser les centres-villes des voitures, on se tournait vers une solution rapide, peu encombrante et propre ?

C’est le projet proposé par des étudiants de l’Université de Lorraine, qui tentent de révolutionner l’avenir de la mobilité urbaine avec leurs capsules “Urbanloop”.
Des capsules permettant de voyager seul ou à deux, rapidement et sans correspondance, le tout pour un coût réduit.

Une solution idéale en temps de pandémie et adaptée aux règles de distanciation sociale.
Retour sur ce projet d’école devenu réalité dans notre article de la semaine.

 

 

Une idée née d’un projet universitaire

Bien que le nom de ce projet fasse clairement penser au concept l’Hyperloop imaginé par Elon Musk, cette idée n’émane pas d’un riche milliardaire mais d’étudiants de Nancy et Metz.
En 2017, Pascal Triboulot, directeur de Lorraine INP, un regroupement de 11 écoles d’ingénieurs de Nancy et Metz, décide de lancer un défi à ses élèves pour mettre fin aux embouteillages incessants en ville en vidant les centres-ville des voitures.
Objectif : échafauder un moyen de transport original qui respecterait un cahier des charges précis. C’est là que l’idée du projet Urbanloop a vu le jour. 

Depuis, chaque année, une centaine d’élèves ingénieurs et de lycéens en bac professionnel travaillent sur ce projet, encadrés par 30 enseignants-chercheurs, ingénieurs ou professeurs et soutenus par l’Université de Nancy et la Région Grand Est, trois laboratoires de recherche de l’Université de Lorraine et quatre écoles d’ingénieurs : l’Ensem (Ecole nationale supérieure d’électricité et de mécanique), Mines, Télécom Nancy et l’ENSG (Ecole nationale supérieure de géologie).
Une société, dont est actionnaire l’Université, a même été créée et prévoit une nouvelle levée de fonds pour le mois de juin.

Pour être réellement lancé, le projet devra obtenir le feu vert de plusieurs instances de sécurité avant sa mise en circulation potentielle estimée aux alentours de 2024.

 

 

Un fonctionnement simplifié

Le système d’Urbanloop est constitué de voies de circulation, de stations et de capsules standardisées. Il nécessite un espace de la largeur d’un trottoir, avec une implantation selon les possibilités du paysage urbain : en version souterraine, semi-enterrée, aérienne. Les tronçons de rail seront quant à eux modulaires et préfabriqués en atelier.
Lorsqu’une portion de circuit est préparée en atelier elle est ensuite implantée après une excavation semblable à celle réalisée pour la pose d’une conduite d’eau.

Les stations, séparées entre elles d’environ 250 mètres pour réguler le flux et desservir un maximum de lieux, sont peu encombrantes et ne nécessitent que quelques dizaines de m2.
Elles disposeront de capsules en partance, prêtes à emmener les voyageurs sur la moitié de leur espace. Leur moitié servira à accueillir les capsules provenant d’autres stations du circuit.

 

 

La majorité des capsules seront individuelles, bien que certaines soient adaptées pour deux personnes, pour du transport de marchandises, ou encore pour les personnes à mobilité réduite. Chaque capsule est composée de deux chariots mobiles disposés de part et d’autre du châssis du véhicule qui ont pour but de s’orienter comme désiré dans les courbes et sont équipée d’un système d’urgence.

 

Une fois à bord dans la capsule, l’usager programme sa destination via un smartphone générant un QR Code. Le trajet est ensuite direct et sans correspondance grâce à un système de rails où les stations sont en déviation, ce qui permet de gagner du temps.
La position de l’ensemble des capsules est contrôlée avec précision en permanence par un système de contrôle commande. Chaque module de transport envoie sa position régulièrement grâce à un réseau d’échange passant par la 4G, permettant ainsi l’optimisation du système entier.

L’Urbanloop dispose de plusieurs avantages et notamment écologiques puisqu’il est créé à partir de matériaux recyclables, que les infrastructures sont peu encombrantes ce qui rend la pose moins coûteuse et qu’il s’agit d’une construction sans béton et sans nuisance sonore ni impact sur la faune et la flore.
La consommation en énergie sera également réduite grâce à la petite taille des capsules et l’utilisation de l’Intelligence Artificielle pour optimiser les flux et distribuer les capsules dans les différentes stations en fonction de l’affluence. 

 

 

Des tests grandeur nature

C’est sur le campus de Vandœuvre-Brabois, qui accueille la recherche et le développement, que les premiers tests ont été effectués sur une piste de 262 mètres. 

Après des résultats concluants, c’est désormais sur une piste d’un peu plus de 1 000 mètres et équipée d’un rail que les nouveaux tests seront réalisés sur le nouveau site d’expérimentation de Tomblaine, en Meurthe-et-Moselle, inauguré le 19 février dernier.

Pour ces tests, le circuit sera composé de trois boucles interconnectées, ressemblant au réseau de transport souhaité par les initiateurs du projet.
Ici deux boucles, l’une de 800 mètres et l’autre de 400 mètres, comporteront trois stations, et une troisième disposera d’un tunnel sur une centaine de mètres.


Des capsules individuelles seront ensuite envoyées sur les circuits de tests avec l’ambition d’atteindre les 60 km/h.
Les capsules utilisent des moteurs à faible consommation électrique, comme ceux d’un vélo ou d’un scooter.
Ces moteurs brushless synchrone d’une puissance de 3kW, d’une intensité de 50 ampères et d’une tension de 42-72 V DC sont idéals pour la propulsion des capsules. La capsule réalise ainsi des pointes à 75km/h avec une vitesse moyenne atteignant les 60km/h.

Pour prouver les capacités des capsules et démontrer leur fiabilité, Urbanloop a décidé d’organiser un record du monde, avec homologation par le Guiness Book, d’ici mai 2021 sur cette piste d’essai.
L’objectif est simple : Parcourir 1 km en 1 minute en consommant moins de 1 centime d’euro d’électricité.
Une performance qui représenterait une première pour un système de transport autonome utilisant l’intelligence artificielle.

 

 

Une solution pour les petites et moyennes villes

Cette solution a été pensée particulièrement pour s’adapter aux villes de taille moyenne ou même petite, n’ayant pas la possibilité d’installer des solutions de mobilité comme le métro. Il pourrait également être installé dans les stations de ski ou balnéaires, voire dans les aéroports.

 

À Nancy, une mise en place de ce système est envisagé dans deux quartiers qui sont actuellement à l’étude, le quartier de Brabois, disposant de son CHRU et de plusieurs universités, et celui de Tomblaine, un quartier pavillonnaire doté d’un collège, d’un lycée et d’un supermarché.

 

Mais au-delà de cette possible mise en place, la Métropole et les concepteurs du projet visent plus loin.
Ils souhaiteraient proposer cette solution au Comité d’organisation des jeux Olympiques de Paris, pour une utilisation du service en 2024 à un point stratégique et pertinent.
Pour ce faire, les étudiants ont envoyé il y a quelques mois une vidéo à la ministre de Transition écologique pour expliquer leur projet et ses avantages, mais leur message reste sans réponse à l’heure actuelle.

 

Une innovation dans le domaine des transports propres qui pourrait prochainement voir le jour à Nancy, dans une ville en pleine démarche éco-citoyenne.
Bien que les autorisations soient encore longues à obtenir, le projet est plus que jamais sur de bons rails pour voir le jour et pourrait s’avérer être une véritable alternative à la sur-circulation dans les centres-villes, tout en proposant aux personnes non véhiculées une solution propre.

 

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