Une île flottante futuriste construite à base de déchets plastiques pour accueillir des touristes

Temps de lecture : 5 min

Passer vos vacances dans un hôtel sur une île flottante fabriquée à partir de déchets plastiques, ça vous tente ?

Si cette proposition peut paraître saugrenue au premier abord, elle cache en réalité un projet unique de construction qui pourrait lutter contre l’un des plus gros fléaux des temps modernes : la pollution plastiques des océans.

On vous dit tout dans notre article de la semaine.

 

 

Un hôtel hors du commun

Et si le futur de l’hôtellerie était (vraiment) écologique ?
C’est l’ambition de Margot Krasojević, une architecte britannique, avec son projet d’île artificielle un peu spéciale.
S’il est désormais assez courant d’entendre des projets d’îles artificielles, ici le concept est unique : créer une île flottante à partir de déchets plastiques collectés dans l’océan.

C’est au sein des îles Cocos à 2 700 kilomètres des côtes australiennes, un archipel corallien de 27 îles dont seulement deux sont habitées, que l’architecte prévoit de construire un hôtel sur une île flottante.
Baptisé “Recycled Ocean Plastic Resort”, ce projet écologique a pour but de valoriser les amas de déchets qui se trouvent dans les océans et qui polluent l’écosystème marin.

Sur les plages des îles Cocos de 14 km2, une étude menée en 2019 par l’Université de Tasmanie a rapporté avoir collecté plus de 238 tonnes de débris plastique !
En grande partie des chaussures et des tongs (977 000), des brosses à dents (373 000), et des milliers de pneus et bouteilles.
Un chiffre terriblement impressionnant qui a motivé l’architecte à entreprendre ce projet.

C’est une société minière sud-africaine, qui finance des initiatives vertes et dont le but est de bâtir des écosystèmes luttant contre la pollution, qui a initié le projet et a fait appel au service du cabinet de Margot Krasojević, dont l’intérêt de mettre les questions environnementales, les énergies renouvelables et la durabilité au centre de son processus de construction n’est pas un secret, notamment au vu des projets déjà réalisés un peu partout dans le monde, de l’Asie à l’Espagne

Avec ce projet inédit au large de l’Australie, elle souhaite continuer le développement de son objectif environnemental et montrer par la même occasion les possibilités immenses offertes par l’environnement.

 

 

Collecter les déchets et les valoriser

Pour remédier à la pollution conséquente des océans, l’architecte a décidé d’utiliser une idée ingénieuse : se servir des déchets comme matériau de construction.
Mais pour récolter un maximum de plastique, il a fallu étudier en amont les courants océaniques ainsi que le mouvement et la migration des gros déchets au sein de nos océans.
C’est cette étude qui a permis de définir l’endroit optimal pour implanter l’île artificielle…

Ici, les déchets sont ramenés par de gyres océaniques, de gigantesques tourbillons d’eau formé d’un ensemble de courants marins.
Grâce à des logiciels, l’architecte a pu réaliser des simulations des courants océaniques en créant une cartographie de l’accumulation de la plus forte densité de déchets ayant permis de comprendre comment les collecter et, surtout, comment les valoriser par la suite dans la construction de l’île.

 

 

Une structure naturelle

Selon les plans de conception du cabinet d’architectes, l’île serait construite à partir de passerelles en bois ancrées au fond de l’eau. Des sortes de bras articulés y seraient raccordés et auraient pour mission de ramasser tous les déchets plastiques flottants aux alentours. Une fois ramassés par les bras articulés, les déchets seront acheminés vers de gros sacs conçus à partir d’une structure plissée de sangles entrelacées et fabriquée à partir de treillis de fibres de béton ensemencés biodégradables. Le tout dans le but de former une structure en maille.

Au-delà de la construction de l’île, le projet prévoit également de faire pousser tout autour de la structure centrale en plastique un dispositif de protection.
Il sera réalisé à partir d’une mangrove, un ensemble de végétations (souvent des palétuviers) qui se développe dans la zone de balancement des marées des régions littorales intertropicales.
Celle-ci permettrait de stabiliser et de cimenter le tout en poussant autour des sacs en maille contenant les déchets plastiques.
Les “tentacules” des mangroves, qui gonflent au contact de l’eau, entraineront les sacs de maille qui se libéreront de la céramique en cas de montée des eaux.
Elles se gonfleront et se dilateront, créant ainsi une barrière artificielle.

Elles agiront comme des dispositifs de flottaison et absorberont ainsi les sédiments en empêchant par la même occasion l’eau d’inonder l’île ou bien de la faire chavirer.

Lorsque la montée des eaux est stabilisée, les “tentacules” se videront et à l’aide de pompes alimentées par des panneaux solaires, l’eau sera redirigée hors de l’île et directement rejetée dans l’océan Indien.

Le sable et le limon seront placés sur les dispositifs de flottaison en plastiques récupérés pour les recouvrir et représenteront une base structurelle pour accueillir les mangroves.

“Le concept de l’hôtel lui-même est d’évoluer en tant que structure continue et auto-réparatrice qui s’est développée à partir des plastiques jetés négligemment capturés à travers ses filtres et étendant les bras gonflés qui rassemblent et déposent les plastiques afin qu’ils soient placés dans des faisceaux de mailles, qui agissent comme des dispositifs de flottaison”, indique le communiqué du cabinet d’architectes.

 

 

Accueillir des touristes

L’île grandira ainsi au fur et à mesure de l’accumulation de déchets, dans la limite de sa capacité à évoluer.
Elle pourra ainsi accueillir ses habitants qui rejoindront l’île par bateau.

Celle-ci disposera dans un premier temps d’un camping, puis par la suite d’un hôtel qui proposera une série compartimentée de chambres, entourées de terrains pour le camping.
Les douches utiliseront de l’eau de mer filtrée et pompée à l’aide de de l’installation de panneaux solaires.
L’hôtel fonctionnera comme une structure capable de s’auto-réparer et devrait accueillir ses premiers touristes dès 2025.

 

Si ce projet comporte de belles ambitions sur le papier, rien n’est encore joué en ce qui concerne sa validation.
S’il parvient à être réalisé et tient ses promesses, cet hôtel pourrait devenir un modèle de construction pour les futurs projets d’architecture.

 

Prêt.e à rejoindre la Ruche ?
Cliquez-ici

 

Image de couverture : photo d’illustration.