Suez construit la première usine de méthanisation à énergie positive à Pau

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La Communauté d’Agglomération Pau Béarn Pyrénées poursuit sa politique environnementale en investissant dans la construction d’une unité de méthanisation ayant un objectif de zéro émission de CO2. Ce projet, mené par le « nouveau Suez », devrait permettre de transformer le site industriel de dépollution des eaux usées Cap Ecologia, situé à Lescar, près de Pau. À la clé, c’est une réduction de 550 tonnes d’émissions de CO2 de l’agglomération qui est attendue.

Un projet à énergie positive

En début d’année, l’Agglomération de Pau et le groupement d’entreprises mené par Suez posaient la première pierre des futures unités de méthanisation et de méthanation de l’usine de dépollution des eaux usées de Lescar. Une usine qui se veut à énergie positive, et qui verra le jour dès 2023 grâce à un investissement de 33 millions de la part de la collectivité.

Construites puis exploitées par Suez dans le cadre d’un contrat global de 48,5 millions d’euros sur 15 ans, ces unités fonctionneront en symbiose avec les autres installations du site, à savoir l’unité de valorisation énergétique (UVE) des ordures ménagères de Valor Béarn, le réseau de chaleur urbain ainsi que la centrale photovoltaïque. Grâce à cet ensemble, la « biofactory » produira du biométhane en s’appuyant sur deux innovations majeures à cette échelle et premières mondiales : la méthanation catalytique du CO2 émis et l’ultra-déshydratation par carbonisation hydrothermale des boues d’épuration.

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Produire du méthane de synthèse

L’innovation de cette usine réside dans son procédé de méthanisation des boues (autrefois incinérées), un processus biologique de dégradation des matières organiques qui permettra de produire du biogaz sans rejet de CO2. En plus d’éliminer et de traiter les boues en provenance des égouts de la ville de Pau, l’usine aura recours à la méthanation catalytique, un procédé qui repose sur la captation de CO2 normalement émis par les unités de méthanisation, et son mélange à l’hydrogène pour produire davantage de biogaz.

Concrètement, le CO2 ne sera pas relâché dans l’atmosphère mais purifié avant d’être combiné à de l’hydrogène par des catalyseurs. L’ensemble est ensuite exposé à des températures allant jusqu’à 400 °C pour former du méthane de synthèse. L’hydrogène nécessaire à cette méthanation sera produit sur place par les équipements d’électrolyse de l’usine et grâce à une énergie fournie par le parc photovoltaïque du site.

Seule, la méthanisation réinjectée dans le réseau de gaz local est capable de fournir du biogaz pour environ 800 foyers. Ici, combinée avec la méthanation, l’usine pourra produire à terme 13 000 MWh/an, soit l’énergie équivalente au chauffage de 1 200 foyers, tout en réduisant les émissions de CO2 dues au processus.

L’ultra-déshydratation des boues d’épuration

L’usine utilisera également un procédé de carbonisation hydrothermale pour valoriser les digestats des méthaniseurs. Ce procédé développé par Suez sera chargé de chauffer les boues afin de les pressurer et ainsi de les déshydrater jusqu’à transformer le digestat en « biochar », une sorte de charbon végétal. Ce traitement d’ultra-déshydratation à haute pression utilisera la vapeur d’eau récupérée sur l’unité de valorisation des ordures ménagères du site pour obtenir un biochar de qualité. 

Cette technologie permet de diviser le volume de boues d’épuration par quatre et de consommer moins d’énergie qu’un sécheur thermique conventionnel, tout en évitant les nuisances liées au séchage (odeurs, sécurité, consommation énergétique, …). Ce biochar pourra ensuite être valorisé en tant que combustible dans les réseaux de chaleur de l’agglomération, ou servir pour un usage agricole par exemple.

 

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Grâce à cette association de technologies innovantes, l’usine de méthanisation ne rejettera aucun gaz à effet de serre dans l’environnement, et évitera ainsi le rejet de 2 300 tonnes de CO2 par an. Elle est attendue d’ici le printemps 2023 et devrait être entièrement opérationnelle quelques mois plus tard.

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