Piriou rejoint TOWT dans la construction de son premier voilier-cargo

Temps de lecture : 5 min

La compagnie maritime bretonne Transoceanic Wind Transport (TOWT) vient de faire un nouveau pas vers la conception de son premier voilier-cargo en annonçant sa collaboration avec le groupe naval breton, Piriou. Le voilier-cargo, qui se présente comme une alternative aux porte-conteneurs conventionnels, devrait permettre de transformer le secteur maritime grâce à cette démarche éco-responsable et zéro-carbone. On vous présente cette solution logistique qui promet de nombreux avantages.

Décarboner le transport maritime

Aujourd’hui, le transport maritime est l’un des secteurs commerciaux les plus importants, puisqu’il représente à lui seul près de 90% des marchandises du commerce mondial. Un total qui devrait être multiplié par trois d’ici 2050. Cette forte demande le positionne parmi les secteurs les plus polluants avec l’aérien. A lui seul, le transport maritime représente 4% des émissions de CO2 mondiales ainsi que 10% des émissions de soufre mondiales. Pour répondre à la demande croissante des chargeurs multinationaux ainsi qu’aux préoccupations RSE de nombreuses entreprises, la décarbonisation de ce secteur devient primordial.  

Depuis sa création en 2011, TOWT travaille à décarboner ce secteur en se spécialisant dans le transport des marchandises à la voile basé sur une unique ressource, illimitée, gratuite et écologique : le vent. Au large, le vent s’avère suffisamment fiable et assez prévisible pour être utilisé comme carburant. Consciente du potentiel de ce marché, l’entreprise s’appuie sur le savoir-faire de la marine à voile en réutilisant d’anciens voiliers de travail.

A ce jour, TWOT a déjà transporté près d’un million de marchandises, soit près de 2000 tonnes, grâce à ses 19 vieux gréements presqu’aussi rapides que les transporteurs conventionnels et répartis sur les cinq routes maritimes transatlantiques et européennes. Mais la compagnie bretonne a décidé de passer à la vitesse supérieure en intégrant une dimension industrielle. 

En effet, l’entreprise vient d’officialiser en début d’année la construction d’un voilier-cargo capable de limiter son impact environnemental et d’acheminer jusqu’à 20 000 tonnes de marchandises par an. Sa construction, d’une durée de 18 mois, sera assurée par le chantier naval Piriou, basé à Concarneau (Finistère). Sa livraison est attendue d’ici la fin d’année 2023.

Une conception optimisée

D’une longueur de 69 mètres (81 mètres hors-tout) pour une largeur de 11,90 mètres, le futur voilier disposera d’un tirant d’eau de 6 mètres avec des creux de 8,65 mètres sur le pont principal. La coque, quant à elle, sera en acier et les superstructures en aluminium. 

Doté d’une capacité de chargement de 1 000 palettes, il pourra transporter jusqu’à 1 100 tonnes de marchandises par voyage. Si cela reste encore très peu par rapport aux porte-conteneurs actuels, cela représente une réelle avancée pour la TOWT, qui en seulement deux voyages acheminera autant de marchandises qu’elle a transporté depuis 2011. 

La vitesse du voilier avoisinera celle des porte-conteneurs avec 10,5 noeuds (environ 20km/h), et jusqu’à 16 noeuds dans des conditions optimales. Il utilisera 95% du temps le vent comme énergie principale, grâce à un gréement de 2 500 m² de surface de voiles réparti sur deux mâts. En complément, le voilier sera équipé de deux moteurs diesel suralimentés de 422 kWm à 1790 tr/min.

De nombreuses innovations sont prévues dans le voilier telles que des technologies déjà testées et issues de la course au large, de plaisance ou encore de la pêche professionnelle. De plus, la maîtrise de la qualité de l’air des cales optimisera les conditions de transport des marchandises, en grande partie alimentaires. 

À bord, un équipage de 7 à 12 personnes prendra place pour faire fonctionner le navire, aidé d’un système de gréement semi-automatisé pour la navigation. L’ergonomie de la passerelle est optimisée pour permettre à l’officier chargé du quart d’assurer les opérations de conduite et de régler la voiture en autonomie. 

La goélette disposera également d’un système d’hydrogénération. L’hélice du bateau alimentera les batteries lorsque les voiles le propulseront, lui permettant, ainsi, d’utiliser l’énergie du sillage pour produire de l’énergie propre réexploitable à bord.

Un navire écologique en tout point

Le navire a été conçu pour une durée d’exploitation de 25 ans et pour passer 320 jours par an en mer. La TOWT, qui opère ses traversées en grande partie depuis Le Havre sur ses lignes transatlantiques, prévoit des liaisons vers l’Amérique de Sud, l’Amérique du Nord, l’Afrique et la Chine. Grâce à sa propulsion, il sera en mesure de rejoindre New-York en seulement 36 heures. 

Au cours de ses voyages, ce voilier-cargo réduira de plus de 90% les émissions de CO2 liées au transport maritime en comparaison des traversées classiques réalisées avec des porte-conteneurs. Soit une économie de 20g de CO2 par tonne transportée et par kilomètre, précise le communiqué.

Outre les économies d’émission carbone réalisées, la propulsion silencieuse réalisée par le vent réduira à la fois la pollution de l’air causée par l’utilisation de carburants plus légers, ainsi que son impact sur la biodiversité marine avec un antifouling exempt de biocide.

Trois autres voiliers sont également prévus d’ici 2026 pour fonctionner en flotte et pour permettre de couvrir une zone plus large. 

Ce projet et sa réalisation en partenariat avec plusieurs entreprises françaises, permettront de mettre en valeur un savoir-faire près d’un siècle après la mise à l’eau du « Commandant Louis Richard », dernier voilier de transport construit en France. Pour mener à bien ce projet, la TOWT a bénéficié d’aides locales (accompagnement du programme Le Havre Smart Port City, de l’agence Le Havre Seine Développement, et de HAROPA Port), régionales (Fonds d’accélération des investissements industriels dans les territoires, par France Relance), nationales (subvention ADEME EETE, le programme Propulse, les CEE) et européennes (participation aux accélérateurs MCA et DigiCirc Blue Economy).

La construction de ce voilier-cargo pourrait révolutionner le transport maritime à l’avenir. TOWT n’est d’ailleurs pas la seule entreprise dans cette dynamique. Grain de sail, installée à Morlaix et connue pour ses chocolats et cafés, a effectué une première traversée transatlantique en 2020 avec son premier voilier-cargo. L’entreprise travaille actuellement sur la conception d’un second voilier-cargo pour un transport maritime décarboné.

Prêt.e à rejoindre la Ruche ?
Cliquez-ici

 

Image de couverture :  ©PIRIOU_ voilier-cargo TOWT .