Le ferroviaire : au coeur de la transition écologique du secteur des transports

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Alors que la lutte contre le changement climatique et la décarbonation des transports est au centre des stratégies des acteurs de la mobilité, le secteur ferroviaire apparaît comme l’une des solutions les plus prometteuses. Entre la réduction d’émissions de CO2, sa faible pollution de l’air ou encore sa capacité à développer l’économie des territoires, le rail coche de nombreuses cases pour devenir un transport durable et en faveur de la transition énergétique. Retour sur les enjeux de ce secteur et les grandes tendances qui se dessinent.

Le ferroviaire : un investissement nécessaire pour l’avenir

Le 21 février dernier, les acteurs du ferroviaire se sont réunis à l’occasion du « sommet ferroviaire européen » qui s’est tenu à Paris. L’occasion pour eux de revenir sur les attentes de ce secteur mais également sur le développement du rail. Cette rencontre a permis entre autres de mettre l’accent sur les ambitions du secteur en matière de durabilité, d’écologie, d’innovation technologique, ou encore de modernisation du réseau sur l’ensemble du territoire européen. Si les défis du secteur sont nombreux, les acteurs du rail ont notamment mis en avant l’importance d’un investissement massif de l’UE pour doubler la part du ferroviaire dans le transport dans les dix ans à venir.

La veille du sommet, vingt-quatre dirigeants d’entreprises ferroviaires européennes ont réalisé une tribune publiée par « Le Journal du dimanche » avec un objectif commun : souder un nouveau pacte ferroviaire européen. Plaidant le fait que le train reste le mode de transport motorisé le plus éco-responsable, les acteurs du rail veulent réussir ensemble à faire augmenter la part du ferroviaire dans le transport et ainsi participer à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Les associations Réseau Action Climat, la Fondation Nicolas Hulot et France Nature Environnement avaient déjà estimé dans un rapport publié à l’automne que trois milliards d’investissements supplémentaires par an jusqu’en 2030 seraient nécessaires pour permettre à la France d’atteindre les objectifs bas carbone.

Ces dernières années, plusieurs plans d’investissement ont déjà été mis en place pour le secteur du ferroviaire ainsi que l’adoption de la loi d’orientation des mobilités du 24 décembre 2019, pour permettre de porter différents projets dans les années à venir, comme celui du Grand Projet Sud-Ouest (GPSO). Celui-ci s’articule autour de plusieurs étapes dont la première repose sur la création de la Ligne Grande Vitesse Toulouse-Bordeaux, déclarée d’utilité publique par décret en Conseil d’État en juin 2016, et la seconde sur la liaison Bordeaux-Dax. 

Longue de 222 km, dont 55 km de tronc commun avec la nouvelle ligne Bordeaux-Espagne, cette future ligne permettra de relier Toulouse, 4ème ville française, à Bordeaux en 1h, et à Paris en 3h10, contre 4h20 actuellement. Le tout grâce à une vitesse commerciale de 320 km/h. Cette ligne permettra de répondre à une forte croissance démographique en Occitanie comme en Nouvelle-Aquitaine mais également de renforcer le transport régional sur les lignes existantes lors de son ouverture prévue entre 2030 et 2032. 

Avec une facture estimée à 14,3 milliards d’euros (10,3 milliards d’euros pour la première étape et 4 milliards pour la seconde), la future LGV sera prise en charge à 40 % par l’Etat, à 40% par les collectivités locales d’Occitanie et de la Nouvelle-Aquitaine et à 20% par l’Union Européenne. Un projet d’ordonnance pour la création d’une société de financement devrait être officialisé en avril 2022 par le gouvernement. Cet établissement public de financement sera chargé du pilotage du projet aux côtés de l’État et de SNCF Réseau.

Des avantages inégalés

Pour réussir à devenir le premier moyen de transport, le ferroviaire doit s’adapter et répondre aux enjeux majeurs de demain : renforcer l’attractivité (amélioration du confort des passagers et de la connectivité, sécurité à bord, aussi bien en termes d’accident que de santé), répondre aux besoins environnementaux en proposant un transport décarboné, proposer une économie circulaire, ou encore placer l’innovation au coeur des stratégies (trains connectés, autonomes, à hydrogène,…).

Beaucoup de contraintes auxquelles le rail fait déjà face grâce à ses nombreux atouts. Actuellement, le ferroviaire représente une solution de transport durable face au défi du réchauffement climatique puisqu’il est le plus faible émetteur de CO2, mais aussi de pollution de l’air (particules fines ou d’oxydes d’azote) dans le monde des transports. Alors que les transports représentent actuellement près de 30% des émissions de CO2, le ferroviaire ne dépasse pas les 1%. Le secteur a également bénéficié de l’arrivée de nouveaux combustibles ayant une empreinte carbone plus avantageuse par rapport aux énergies fossiles, comme le train à hydrogène, que l’on retrouve chez le constructeur Alstom, ou encore des prototypes qui fonctionnent au gaz naturel liquéfié actuellement en essai en Espagne. 

Le ferroviaire dispose également d’une faible exposition au bruit ainsi que d’une consommation d’espace moindre face à la route. Il fait partie des transports les moins accidentés, et se présente comme un transport très compétitif grâce à son système de réseau de gares implantées dans les plus grandes villes favorisant, ainsi, l’économie des territoires. D’un point de vue énergétique, il assure aussi un rendement élevé grâce à une faible résistance au roulement.

Conscients de ces multiples avantages, de nombreux projets se sont développés en vue d’un transport plus vertueux. C’est notamment le cas du projet commun d’Alstom et de la SNCF qui ambitionnent de faire rouler un TER hybride avec batteries en France d’ici 2023. 

Le 16 février dernier, les deux groupes, avec la participation des régions Occitanie, Grand-Est, Nouvelle-Aquitaine et Centre-Val-de-Loire ont présenté le premier train hybride français. De la gamme Régiolis, ce TER initialement bi-mode (électrique-diesel) a été transformé en un train hybride en remplaçant la moitié de ses moteurs thermiques diesel par des batteries lithium-ion. Grâce à ses batteries, l’énergie du freinage peut être récupérée, stockée, et même réutilisée et ainsi optimiser le rendement des moteurs thermiques tout en limitant les pertes d’énergie. 

Ce train qui utilise donc à la fois la caténaire électrique, le moteur thermique et les batteries comme sources d’énergie, a été testé pendant huit mois sur 10 000 km d’essais. Un test réussi, puisque plus de 90% de l’énergie de freinage a pu être récupérée par ce système qui dispose d’une autonomie d’environ 20 km, représentant plus de 20% d’économie de consommation du train. Le lancement commercial du TER est attendu d’ici le second trimestre 2023 dans les quatre régions partenaires.

Même si le ferroviaire en France doit encore faire face à plusieurs enjeux comme l’avenir du fret basé sur l’intermodalité ou l’ouverture à la concurrence, le développement ces dernières années de nombreux projets prometteurs en termes de durabilité laissent présager un avenir prometteur.

En savoir plus sur le GPSO : http://www.gpso.fr
En savoir plus sur le projet de TER hybride SNCF/Alstom : https://www.sncf.com/fr/innovation-developpement/innovation-recherche/ter-hybrides-bientot-dans-vos-gares

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