Innovation : ces projets fous de ponts et de tunnels flottants en Norvège

 

 

Repousser les limites de l’ingénierie. Voilà le but que s’est fixé la Norvège, avec plusieurs projets innovants de ponts et de tunnels flottants.

Objectif : diviser par trois le temps de trajet pour relier le nord au sud du pays par l’autoroute E39, qui longe la côte ouest du pays, sur laquelle il faut compter aujourd’hui près de 30 heures de voyages.

La raison de cette longueur ? De nombreux Fjords, ces vallées érodées par les glaciers et désormais envahies par les mers du Nord et de la Norvège, qu’il faut traverser en plusieurs fois en Ferry.

Terre d’innovation pour les designers et les ingénieurs, la Norvège travaille sur plusieurs solutions de ponts et de tunnels flottants.

On fait le point sur ces projets innovants dans notre article.

 

 

Le contexte : des temps de trajet trop long dans ce pays découpé par les Fjords.

 

Si vous souhaitez aujourd’hui traverser la Norvège en voiture par la côte ouest, il vous faudra compter au minimum 26 heures de voyage (quand tout va bien) pour relier la ville deKristiansand (sud du pays) à la ville de Trondheim (plus au nord).
En effet, le trajet se trouve considérablement rallongé puisqu’il faut traverser pas moins de huit fjords en prenant donc huit ferries différents !

En résumé, un trajet très long et onéreux qui, de plus, contribue malheureusement à l’isolement de certaines villes.

 

Pour palier à ces différents problèmes, l’administration des routes publiques de Norvège (NPRA) s’est entourée de nombreux designers, architectes et ingénieurs, proposant des solutions innovantes et viables.

De ces études et réflexions, plusieurs projets fous ont été proposés, notamment celui de ponts flottants, c’est à dire reposants sur des flotteurs immergés et reliés aux fonds marins par des câbles, au lieu des traditionnels piliers sous-marins.

Des tunnels flottants juste au-dessous la surface de la mer ont aussi été imaginés. Les tunnels sous-marins classiques, « posés » au fond de la mer ne sont en effet pas réalisables, du fait de la profondeur de certains fjords, (jusqu’à 1,6 km de profondeur). Les ponts classiques ne sont pas non plus envisageables : la distance à relier est trop importante, des coûts pharaoniques seraient engagés et des contraintes liées au passage des ferries sous ces ponts apparaitraient.

Si ces projets paraissent fous, la Norvège compte bien les réaliser en s’appuyant sur une connaissance solide du sujet, puisque le pays compte déjà pas moins de 1 150 tunnels, dont 35 creusés sous l’eau.

 

 

Des tunnels automobiles flottants à la surface

 

Première piste envisagée par la NPRA et déjà à l’étude : des tunnels submersibles, flottants juste au-dessous de la surface de l’eau, à la manière de pailles géantes.

Objectif : permettre de traverser ces fameux fjords à l’intérieur de tubes en béton immergés, retenus sous la surface par des balises flottantes.

 

Un projet fou, mais qui serait rendu possible grâce aux matériaux actuels et aux techniques de construction les plus modernes, pouvant assurer la résistance et la stabilité nécessaires à la structure.

D’après les premiers calculs, ces immenses tubes seraient immergés à 20m au dessous du niveau de la mer.

Si le projet semble être en bonne voie, les ingénieurs norvégiensdemandent plus de temps pour pouvoir boucler tous les calculs nécessaires avant d’entamer toute construction.

 

 

Autre alternative : le pont suspendu… flottant !

 

Autre solution complémentaire et pouvant être utilisée pour la traversée de certains grands Fjords, la construction de ponts suspendus flottants.

 

Présentée le 12 avril dernier, lors de la conférence TED à Vancouver (qui a pour but de diffuser des « idées qui valent la peine d’être diffusées »), par l’ingénieur britannique Ian Firth, ce pont suspendu flottant devrait notamment permettre de traverser les 4,8 kilomètres du fjord Bjørnafjorden, au sud-ouest du pays.

Concrètement, le pont reposerait sur d’énormes flotteurs immergés et reliés au fond marin à l’aide de câbles, en lieu et place des piliers sous-marins classiques, très onéreux.

Les pylônes de ce pont gigantesque seraient eux aussi reliés en surface pour assurer la stabilité nécessaire à cette construction.

 

L’ingénieur à l’origine de ce projet rappelle que ce type de structure de flottaison a déjà été utilisé auparavant pour des plateformes pétrolières en mer.
En revanche, ce serait une grande première d’utiliser cette technique pour une structure de cette dimension.

Avantage considérable de cette technologie : permettre de construire des ponts dans des endroits inédits, notamment lorsque la profondeur des eaux est importante.

Toujours selon le modèle présenté par Ian Firth, ce type de structure pourrait être adapté jusqu’à 1,5 km de profondeur des fjords.

 

 

 

Découvrez la présentation vidéo de ces deux projets :

 

Si ces projets sont menés à bien, le temps de trajet pour relier les deux villes citées plus haut dans l’article, tomberait à environ 10h, soit quasiment trois fois moins qu’à l’heure actuelle.

Si pour le moment aucun calendrier n’a été dévoilé par l’administration Norvégienne, les calculs étant toujours en cours, ce projet, estimé à près de 25 milliards d’euros, pourrait voir le jour d’ici 2035.

Ces constructions innovantes sont totalement inédites et pourraient bien modifier notre façon de concevoir des ponts et tunnels tout en permettant également de sortir certaines régions et villes de l’isolement.

 

 

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