“Breakthrough Energy Catalyst” : un programme à un milliard pour financer les énergies propres

Temps de lecture : 5 min

Aujourd’hui, les innovations en matière d’énergie propre se multiplient.
Mais pour qu’elles se développent rapidement et s’imposent au sein des différents marchés, elles ont besoin de financements importants.

C’est dans ce but que Bill Gates a créé “Breakthrough Energy Catalyst”, une entité destinée à financer les solutions énergétiques de demain et qui a déjà récolté un milliard de dollars.

 

 

Répondre aux enjeux climatiques et énergétiques de demain !

Lancé début 2021, “Breakthrough Energy Catalyst” est un programme qui vise à financer, produire et acheter les nouvelles solutions qui soutiendront une économie sans carbone.
Il fait partie de l’organisme à but non lucratif “Breakthrough Energy”, fondé en 2015 par Bill Gates et une coalition d’investisseurs privés, tous préoccupés par les impacts du réchauffement climatique.

Début septembre, Bill Gates a annoncé avoir levé au travers de ce “Breakthrough Energy” près d’un milliard de dollars pour le développement des énergies vertes, auprès de plusieurs grandes entreprises américaines, dont Arcelor Mittal, BlackRock, American Airlines, Microsoft ou encore General Motors.
Ces fonds seront intégralement dédiés au programme “Catalyst”, sous forme de subventions, d’actions et d’engagements sur l’acquisition des technologies développées au cours des cinq prochaines années.
De quoi accélérer le développement et le perfectionnement de ces nouvelles solutions, mais aussi de quoi les rendre plus compétitives face aux technologies polluantes actuelles.

« Éviter une catastrophe climatique nécessitera une nouvelle révolution industrielle. La moitié de la technologie nécessaire pour atteindre l’objectif zéro émission n’existe pas encore, ou est trop chère pour une grande partie du monde”.
Catalyst est conçue pour changer cela et fournir un moyen efficace d’investissement dans notre avenir en matière de technologies propres”, explique Bill Gates dans un communiqué.

Pour parvenir à enrayer le dérèglement climatique, le fondateur de Microsoft espère à terme aboutir à un modèle de partenariat public-privé et a déjà commencé ses démarches en annonçant dès le lancement de Catalyst son partenariat avec la Commission Européenne, la banque européenne d’investissement ainsi que le département Américain de l’Energie.
Ces partenariats publics permettront de mobiliser un maximum de fonds dans le but de construire des projets de démonstrations commerciales à grande échelle pour les technologies propres, conformes à l’Accord de Paris.

 

 

Un programme axé sur 4 points

“Breakthrough Energy Catalyst” se concentrera dans un premier temps sur quatre domaines : 

  • l’extraction du dioxyde de carbone présent dans l’air ambiant,
  • l’hydrogène vert,
  • le stockage d’énergie à longue durée de vie,
  • et le carburant d’aviation durable.

 

La capture directe d’air (DAC)

L’objectif de cette technologie est simple : capturer le CO2 directement dans l’air grâce à de grands ventilateurs équipés de filtres spéciaux, placés directement sur les sites industriels les plus polluants comme les cimenteries, les centrales à charbon ou encore les raffineries. 

Une fois capturé, le CO2 pourra être stocké ou réutilisé.
En 2021, la plus grande usine de capture directe de CO2 dans l’air, lancée par la start-up suisse Climeworks, a d’ailleurs ouvert en Islande.

 

L’hydrogène vert

L’hydrogène vert est produit principalement via un procédé d’électrolyse permettant de dissocier l’hydrogène et l’oxygène de la molécule d’eau.
Lorsque l’électricité nécessaire à l’électrolyse est issue de sources décarbonées comme l’éolien ou le solaire, l’hydrogène est alors qualifié de “vert”.

Il représente l’un des leviers incontournables du mix énergétique, puisqu’il permet de stocker l’énergie et de la restituer en complément des énergies renouvelables, de développer une mobilité plus durable mais également de décarboner les usages industriels où l’hydrogène est très présent comme la chimie, la raffinerie, la métallurgie ou encore la pétrochimie.

 

Le stockage d’énergie de longue durée (LDS)

Le stockage d’énergie est l’un des points primordiaux de la transition énergétique.
Aujourd’hui encore, les énergies renouvelables restent souvent des solutions intermittentes, à l’image par exemple des panneaux solaires qui manquent de soleil ou des éoliennes qui manquent de vent.
Il est donc primordial de pouvoir stocker cette énergie pour la redistribuer ensuite en temps voulu. 

 

Le carburant d’aviation durable (SAF)

Les solutions plus durables développées dans ce secteur sont encore loin d’être suffisantes. L’un des problèmes majeurs : celui du carburant.
Pour le remplacer, les batteries ont été envisagées mais leur densité énergétique est encore beaucoup trop faible pour qu’elles constituent une réelle alternative, notamment pour les avions de ligne.

Des biocarburants ont été développés dans un premier temps à partir de ressources alimentaires (maïs, colza,…), induisant alors une régulation des prix de ces produits. La seconde génération de biocarburants est quant à elle développée à partir de déchets (huile de cuisson usagées, déchets de culture,…) et pourrait être une solution encourageante.

 

 

Les grands noms de la Tech s’engagent contre le changement climatique

Alors que Bill Gates s’investit dans son programme en récoltant de nombreux fonds, d’autres milliardaires du secteur de la technologie s’activent eux aussi pour tenter de faire bouger les choses.

En janvier 2021, Elon Musk (SpaceX, Tesla) annonçait sur Twitter lancer un concours de 100 millions de dollars visant à récompenser l’équipe qui trouverait la meilleure solution pour le stockage de carbone.
C’est-à-dire une technologie viable permettant l’élimination du CO2 dans l’atmosphère en le stockant durablement.
L’objectif affiché de ce concours, baptisé XPRIZE Carbon Removal, est simple : lutter contre le changement climatique et rééquilibrer le cycle du carbone de la Terre.

Toutes les techniques sont acceptées pour cette offre d’Elon Musk, qu’il s’agisse de captation au point de combustion, donc directement avant que le CO2 ne soit émis par les usines et les centrales électriques, ou directement dans l’air.
L’entrepreneur laisse ainsi la place à l’innovation et à la créativité en permettant que toutes les solutions proposées à impact carbone négatif soient éligibles, qu’elles soient basées sur la captation dans l’air, sur la nature, l’utilisation des océans, la minéralisation ou tout autre élément permettant d’avancer vers une voie durable. En savoir plus.

Jeff Bezos, fondateur d’Amazon, a quant à lui décidé de créer en février 2020 le “Bezos Earth Fund”, un fond doté de 10 milliards de dollars et dédié au financement de scientifiques, activistes, faisant partie d’ONG ou du secteur privé, impliqués dans la lutte contre le changement climatique et plus globalement dans la préservation et la protection du monde naturel.
Les premiers bénéficiaires de ce programme sont notamment des associations axées sur la reforestation comme Eden Reforestation Projects, The Nature Conservancy et The Natural Resources Defense Council.

 

En accélérant les projets innovants avec un rythme sans précédent, Bill Gates et les autres espèrent atteindre les objectifs climatiques et ainsi atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.

S’il reste encore beaucoup à faire pour arriver à ce résultat, l’approche du fondateur de Microsoft, basée sur des financements mixtes public-privé pourrait néanmoins être un point de départ pour des actions à plus grande échelle.

 

Prêt.e à rejoindre la Ruche ?
Cliquez-ici

 

Image de couverture :  photo d’illustration.