L’Alfred Merlin, le nouveau navire dédié à la recherche archéologique

 

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Le Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (DRASSM), rattaché au Ministère de la Culture, et iXblue viennent de dévoiler le 2 juillet dernier le nouveau navire dédié à la recherche archéologique sous-marine. 

Baptisé Alfred Merlin, en hommage à l’archéologue français, l’un des pionniers de l’exploration archéologique sous-marine, ce navire qui pourrait bien révolutionner l’archéologie sous-marine, est désormais officiellement en service opérationnel. 

On vous en dit plus dans notre article de la semaine.

 

 

Un navire conçu pour l’archéologie marine

C’est lors d’une grande cérémonie de Baptême en présence de Roselyne Bachelot, Ministre de la Culture, de Annick Girardin, Ministre de la Mer, de Benoît Payan, Maire de Marseille, de Denis Robin, Secrétaire général de la Mer, de Yves Le Trionnaire, directeur régional de l’ADEME et de Jean-François Hébert, directeur général des patrimoines et de l’architecture, que le navire Alfred Merlin a été accueilli.

Conçu pour développer le rayon d’action du DRASSM et soutenir les activités maritimes croissantes, ce nouveau navire est prêt à prendre la mer. Il aura pour but d’étudier l’archéologie des grandes profondeurs, au-delà des plateaux continentaux, pour percer des mystères encore inexplorés.

Fondé en 1966 par André Malraux, le DRASSM est un service du Ministère de la Culture en charge d’inventorier, d’étudier, de protéger, de conserver et valoriser le patrimoine archéologique subaquatique et sous-marin tels que les épaves, les ruines, les cités préhistoriques, etc.
Il a un champ d’études de plus de 11 millions de km2 d’espace maritime, qui correspond à l’ensemble des eaux sous juridiction française, allant de l’Atlantique au Pacifique et de l’Océan Indien à la Méditerranée.

L’Alfred Merlin, dont le port d’attache se trouve à Saint-Malo, rejoint donc les deux premiers navires de la flotte de la DRASSM, composée de l’André Malraux (2012) et du Triton (2016).
En construction depuis septembre 2019 par le chantier naval iXblue, situé à la Ciotat, c’est le cabinet Mauric qui s’est chargé de la conception du bateau.

D’une longueur de 46 mètres pour 10,80 mètres de large et un tirant d’eau de 3.2 mètres, il peut accueillir à son bord 28 personnes, soit deux fois plus que l’André Malraux.
Il bénéficie d’une autonomie de 3 500 miles (5 632 kilomètres), contre 2 000 pour l’André Malraux. Il pourra atteindre une vitesse maximale de 15 nœuds.

Autre point important de sa construction, il a été pensé pour être capable de rester stable à l’arrêt ou à faible vitesse. Un point primordial pour effectuer des recherches archéologiques en haute mer.
Il sera principalement déployé en Méditerranée et entamera sa première mission de recherche archéologique dès cet été, en Corse.

 

 

Une coque en composite

Mais sa principale spécificité repose dans la construction de sa coque, réalisée entièrement en matériaux composites issus de fibres recyclées.
Il s’agit là de la plus grande coque composite existante, faisant ainsi de l’Alfred Merlin le plus grand navire en composite au monde.
Le navire affiche une jauge de 498 UMS et un tonnage de 420 tonnes à pleine charge (380 à mi-charge).

Sa structure en composite est 60% plus légère qu’une structure en acier.
Son avantage, non négligeable, est notamment son faible impact environnemental. Ce matériau, non corrosif, permettra d’éviter des traitements très polluants de peintures anti-corrosion.
Grâce à sa structure, il promet d’ores et déjà une baisse des émissions de gaz à effet de serre, une diminution de la consommation de fuel, une atténuation de la signature acoustique sous-marine ainsi qu’une limitation de la propagation des vibrations et des bruits sous-marins.

Grâce à son coût économique limité et à son adaptabilité environnementale, il est le précurseur d’une nouvelle génération de navires plus écologiques, économes et surtout efficients.
Par ailleurs, il a été équipé de la fibre optique pour faciliter les mesures malgré les contraintes liées à la coque.

 

 

Des robots d’exploration

À son bord, le navire est équipé de la dernière technologie de pointe en matière d’exploration et de recherche en très grande profondeur.
Deux robots, “Arthur” (en lien direct avec le nom du bateau) et “Ocean One”, ont été spécifiquement construits par le DRASSM et le Laboratoire d’informatique de Robotique et de Micro-électronique de Montpellier (LIRMM) pour la recherche à très grande profondeur.
Cette famille de robots développée pour l’Alfred Merlin permettra d’épauler l’équipage et les scientifiques dans leurs missions quotidiennes.

“Arthur” est capable d’intervenir au-delà des plateaux continentaux, puisqu’il est en mesure de descendre jusqu’à 2 500 mètres de profondeur.
Il rassemble des technologies de cartographie et d’observation grâce à des capacités d’éclairage hors normes. Il pourra filmer les sites en ultra-haute définition (UHD) mais également les modéliser en 3D ensuite.
Il dispose aussi de capacités de prélèvements et de dégagements des sédiments et pourra ramener des objets jusqu’à 25 kg.

“Ocean One” s’apparente plus quant à lui à un robot humanoïde sous-marin.
Il sera équipé de mains haptiques développées par l’Université de Poitiers dans le cadre du projet SeaHand.
Ces capteurs d’effort au bout des bras du robot permettront au pilote du robot situé en surface de sentir à travers les manettes la force nécessaire appliquée par le robot directement sur les objets saisis !

https://twitter.com/KucsinschiL/status/1373910231651123201

Encore à ses prémices, un premier essai de ce robot avait déjà été effectué sur une épave. En juillet, un second test sera réalisé au large de la Corse à une profondeur de 1 000 mètres.

Le navire est également équipé de systèmes de détection électroniques très performants, ainsi que d’équipements scientifiques de mesures et d’exploration. Dans la carène, la partie immergée de la coque du navire, des capteurs ont été insérés permettant d’informer en continu le chantier naval sur l’état du bateau mais également sur son comportement en haute mer.

 

Ce bijou technologique met en avant l’avancée de la recherche française dans un domaine en perpétuelle évolution. Avec ce navire, le DRASSM espère pouvoir découvrir de nouveaux sites inexplorés.

Bénéficiant d’une construction rapide et de belles promesses, d’autres navires ne devraient pas tarder à suivre. La construction d’un nouveau navire de recherche est déjà à l’étude au vu de l’augmentation des missions de l’institution.

 

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Image de couverture : photo d’illustration.