Eastman prévoit d’investir dans la plus grande usine de recyclage moléculaire de plastique en France

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Dans le cadre du sommet Choose France 2022 qui s’est déroulé le 17 janvier dernier, plusieurs projets d’investissements ont été annoncés par des entreprises étrangères. Parmi ces projets, on retrouve notamment des annonces visant à contribuer à la réindustrialisation de la France dans des secteurs tels que la transition écologique, menés entre autres par l’américain Eastman ou encore le canadien Loop Industries. Dans cet objectif, le groupe Eastman Chemical Company prévoit d’implanter en France la plus grande usine au monde de recyclage moléculaire grâce à un investissement d’un milliard de dollars.

Vers une réindustrialisation de la France

Depuis 2018, le Sommet Choose France, instauré par le Président Emmanuel Macron, est devenu un rendez-vous privilégié entre les investisseurs étrangers et l’exécutif français. Cette rencontre dédiée à l’attractivité de la France, permet chaque année de présenter et d’expliquer aux grandes entreprises internationales les différentes réformes mises en place pour favoriser l’activité économique du pays ainsi que l’importance des investissements internationaux.

Pour cette édition 2022, la transition écologique était au centre des préoccupations. Sur ce sujet, l’américain Eastman s’est démarqué avec le projet d’investir un milliard de dollars (environ 875 millions d’euros) pour l’implantation d’une usine de recyclage moléculaire de polyesters issus d’emballages ménagers et de déchets textiles.

Cette unité, dont la mise en service est prévue pour 2025, serait la plus importante usine de recyclage chimique de plastique au monde et bénéficierait de la technologie de renouvellement du polyester d’Eastman. Elle permettrait, ainsi, au site de recycler jusqu’à 160 000 tonnes par an de déchets plastiques, soit 2,5 fois la contenance du Stade de France, tout en créant un matériau disposant d’une empreinte carbone largement inférieure.

« L’investissement majeur d’Eastman en France est une excellente nouvelle et s’inscrit pleinement dans notre volonté de développer des technologies innovantes, qui nous aideront à atteindre nos ambitions écologiques et économiques en révolutionnant les capacités de recyclage des plastiques de notre pays», a déclaré Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique dans un communiqué. Et avec ce projet, « la France se donne les moyens d’atteindre ses objectifs ambitieux de recyclage des plastiques fixés pour 2025 ».

Le site d’implantation n’a pour le moment pas encore été déterminé, mais il devrait être choisi dans les semaines à venir. Ce projet devrait également permettre la création de près de 350 emplois directs et 1500 indirects dans les infrastructures et l’énergie.

LVMH Beauty, The Estée Lauder Companies, Clarins, Procter & Gamble, L’Oréal et Danone, ont déjà signé des accords d’intentions pour des contrats d’approvisionnement pluriannuels de packaging en matériaux recyclés en provenance du futur site français d’Eastman.

Trois unités de recyclage

Jusqu’à présent, le recyclage mécanique permettant de trier, broyer, laver et fabriquer des granulés sans modifier la structure de la matière est majoritairement employé en Europe. Bien que fiable, cette méthode ne permet pas de traiter l’ensemble des déchets plastiques et dégrade leur propriété une fois recyclés.

Ainsi, la technologie d’Eastman incluera ces matériaux difficiles à recycler et généralement incinérés tels que les polyesters, les PET de nombreux emballages ménagers et les textiles. Cette technologie, déployée dans le recyclage chimique, décompose les déchets plastiques pour les rassembler en matériaux vierges sans compromettre leur performance. Par la suite, ces déchets pourront être réintroduit dans les différentes étapes du processus de production du plastique.

Au sein de son usine, Eastman prévoit trois unités distinctes dans le traitement des déchets. La première reposera sur la préparation des déchets plastiques mélangés pour le traitement avec une purification des plastiques par dissolution dans des solvants. La seconde unité sera dédiée à la méthanolyse pour la dépolymérisation (la casse des molécules des polymères) des déchets. Et la dernière, consistera en la repolymérisation des monomères, dans le but de créer des matériaux de haute qualité pour répondre aux exigences des secteurs spécialisés dans l’emballage et les textiles.

Selon l’entreprise Eastman, cette technologie permettrait d’exploiter la valeur presque infinie des matériaux en leur offrant une véritable circularité au cours de différents cycles de vie. Ainsi leur production, couplée avec l’exploitation des énergies renouvelables disponibles en France, émettrait jusqu’à 80% de gaz à effet de serre en moins, par rapport aux méthodes traditionnelles.

Eastman a également annoncé la création d’un centre d’innovation pour le recyclage moléculaire qui permettrait de faire « progresser les méthodes et applications de recyclage alternatives pour limiter l’incinération des déchets plastiques et laisser les matières premières fossiles dans le sol. », selon le communiqué.

Avec cette nouvelle usine, la France veut se positionner comme un leader européen en termes de nouvelles technologies de recyclage et de valorisation des déchets plastiques. L’association du groupe américain avec la France devrait permettre à Eastman d’avancer dans sa stratégie d’accélération de l’économie circulaire à l’échelle mondiale, tout en permettant à la France et à l’Union Européenne d’atteindre leurs objectifs de développement durable à l’horizon 2030.