BathyBot, le robot dédié à l’exploration des fonds marins
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Si à l’heure actuelle de nombreux rovers sont envoyés dans l’espace pour découvrir davantage la Lune ou Mars, ces robots peuvent s’avérer tout aussi efficaces pour explorer un monde encore trop méconnu : l’océan profond. C’est notamment la mission du robot BathyBot qui prévoit de plonger à près de 2 500 mètres sous la surface de la mer. Son rôle ? Etudier le phénomène de bioluminescence mais aussi mesurer l’impact du changement climatique en milieux profonds.
Des recherches à 2 400 mètres de profondeur
Le robot sous-marin BathyBot, développé par l’Institut Méditerranéen d’Océanologie en partenariat avec de nombreux scientifiques du CNRS, l’INRAE, l’IRD, l’Ifremer, Aix-Marseille Université, a pour but d’explorer les fonds marins. Équipé de chenilles pour se déplacer dans le fond sédimentaire et bardé de caméras, le robot, de 300 kg sur Terre et seulement 50 kg dans l’eau, peut descendre jusqu’à 2 400 m de profondeur.
Pour rappel, à partir de 200 mètres en dessous de la surface de la Terre, commencent les profondeurs de l’Océan, au-delà de 1000m, ce sont les profondeurs abyssales.
Ce laboratoire sous-marin est équipé de sondes et de caméras pour ses recherches ainsi que d’une boîte de jonction scientifique (BJS). Celle-ci lui permet de connecter de nouveaux instruments à l’observatoire, d’assurer leur transmission d’énergie et l’envoi des données récoltées vers la terre.
Le BathyBot, piloté par des chercheurs du CNRS, est relié par un câble sous-marin de 50 m à la nacelle BathyDock,
D’une durée de vie de 5 ans, le robot réalisera des remontées tous les deux ans afin d’intégrer de nouveaux outils adaptés à ses recherches.
Une première mission au large de Toulon
Le 3 février dernier, BathyBot a commencé sa première mission au large de Toulon. Elle a pour but d’étudier les communautés biologiques vivant au fond de la mer Méditerranée ainsi que les différents paramètres physico-chimiques océanographiques tels que sa température, sa salinité et son oxygénation.
Pour partir à la découverte des profondeurs, BathyBot est accompagné d’autres robots immergés par le Nautile, le sous-marin de l’Ifremer. Lors de ce premier déploiement, il était équipé d’un radiomètre permettant de mesurer la radioactivité du milieu, un sismomètre afin de détecter les séismes et une bio-caméra très haute sensibilité pour distinguer les organismes bioluminescents dans l’obscurité.
Le robot est également accompagné de BathyReef, un récif artificiel présenté comme une rampe ajourée de béton de 4 mètres de long pour 2,5 m de large. Ce récif permet à BathyBot de monter dessus pour agrandir son champ de vision, et permettra également d’accueillir des organismes vivants sous sa rampe, dans un paysage de grotte caverneuse.
Les différentes avancées du robot pourront être suivies sur son propre compte Twitter (@bathybot), où il rendra compte 24h sur 24h et sept jours sur sept de ses découvertes.
Étudier la bioluminescence
Les recherches de BathyBot porteront principalement sur la bioluminescence, c’est-à-dire la capacité des organismes, microscopiques ou bien plus gros, à produire de la lumière dans un environnement qui en est dépourvu.
Cette bioluminescence peut être produite par les organismes eux-mêmes, ou indirectement par des bactéries qu’ils cultivent sur eux. Elle leur permet aussi bien de se défendre en détournant l’attention d’un prédateur que d’attirer des proies, ou de communiquer entre les mêmes espèces. Un phénomène encore très méconnu dont disposent plus de la moitié des organismes dans les océans selon certaines études.
Les chercheurs s’intéressent également au phénomène de « pompe biologique de carbone » présent dans les océans. En effet, les échanges avec l’air s’effectuent en continu, grâce à des zones de « sources de carbone » qui rejettent du CO2 de l’océan de manière naturelle, et des zones de « puits à carbone » chargées de l’absorber. À la surface de l’océan, c’est le phytoplancton le principal acteur de la pompe biologique. Pour se développer, il utilise la photosynthèse, grande consommatrice de C02, dont le carbone permet de nourrir les animaux marins. Les particules (pelotes fécales, cellules mortes, …) chutent ensuite vers les grandes profondeurs où une partie du carbone finie en sédiments et matière organique. À partir des images de la neige marine des sédiments réalisées par BathyBot, les chercheurs étudierons ce processus, primordial dans la régulation du climat.
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À travers ces différentes expéditions sous-marines, les chercheurs espèrent approfondir leurs connaissances sur les grands fonds restant à l’heure actuelle encore remplis de mystères, et pourquoi pas découvrir de nouvelles espèces.
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