[Skyscraper Competition 2020] Et si le Covid-19 modelait les gratte-ciels du futur ?
Comme chaque année, le magazine d’architecture et de design américain eVolo récompense les projets de gratte-ciels de demain.
Des idées visionnaires, fortement influencées par les enjeux environnementaux.
Elles sont réalisées grâce à de véritables prouesses techniques, technologiques et architecturales.
En 2019, c’était le “Methanescraper” qui s’était hissé sur la première marche du podium avec son projet novateur de recyclage des déchets pour créer de l’énergie.
Cette année encore les projets innovants étaient nombreux, puisque le jury en a reçu pas moins de 473.
Parmi eux, on retrouve comme lors des années précédentes de nombreuses propositions en rapport avec le réchauffement climatique ou permettant de parer aux catastrophes naturelles.
Cette année, des projets s’inspirent directement de la crise sanitaire mondiale actuelle. Le 20 avril dernier, le jury a donc dévoilé son classement en récompensant 3 lauréats et 22 mentions honorables.
Retour sur le cru 2020 dans notre article de la semaine.
Architectures verticales & respect de l’environnement
Créé en 2006, ce prix annuel récompense les idées visionnaires donnant naissance aux architectures verticales, tout en prenant en compte leur adéquation avec leur environnement naturel.
Pour mener à bien de tels projets et concevoir ces gratte-ciels, les designers font appel à toutes les ressources possibles : nouvelles technologies, matériaux innovants, mais également esthétiques surprenantes ou même le savoir-faire des organisations spatiales.
Ces différents points sont évalués par le jury, qui a donc sélectionné cette année trois lauréats et a attribué 22 mentions honorables.
Premier Lauréat : « Epidemic Babel »
À la première place du podium, on retrouve l’ « Epidemic Babel ».
Ce projet Chinois mené par D.Lee, Gavin Shen, Weiyuan Xu et Xinhao Yuan, est, comme son nom l’indique, en lien direct avec l’actualité et la pandémie mondiale du Covid-19 que subit actuellement le monde entier.
Ce gratte-ciel à déploiement rapide se présente comme un centre de soins de santé adapté en cas de pandémie.
Ce projet prend en compte la rapidité d’expansion des pandémies, et le temps réduit pour les gouvernements et politiques pour y réagir en fonction.
La construction du bâtiment se veut simple pour une réponse rapide. L’ensemble du bâtiment se compose donc d’une charpente en acier avec différentes zones fonctionnelles, le tout avec un très faible encombrement.
Une fois le cadre en acier érigé, ce sont les équipes soignantes qui s’occuperont de choisir les zones fonctionnelles appropriées pour prendre en charge les patients. Toutes les salles modulables sont préfabriquées en usine à l’avance et ne rajouteront donc pas de temps supplémentaire à la construction. “Le modèle de construction est suffisamment simple pour que n’importe quelle équipe de construction qualifiée puisse le préparer en cinq jours”, explique eVolo.
Grâce à la légèreté du cadre et des caisses, le transport de l’immeuble pourra s’effectuer facilement, même vers des endroits éloignés. Cet hôpital en kit sera à la fois plus rapide et moins cher à construire que les autres hôpitaux présents actuellement en Chine.
Seconde place – « Egalitarian Nature »
La seconde place a été attribuée à « Egalitarian Nature ».
Ce projet américain vise à réunir l’homme et la nature. Le gratte-ciel promet ainsi d’offrir une nouvelle façon de découvrir la nature dans un environnement urbain.
La tour a été pensée pour les terrains accessibles mais pas assez grands pour y construire un parc ou des jardins. Le gratte-ciel offrira donc la possibilité d’accès à de grands espaces verts dans un faible encombrement.
Pensé pour les villes à forte densité, ce parc sera conçu comme une montagne verticale et prévoit des activités récréatives pour les habitants.
On retrouve ainsi par exemple un chemin de randonnée, ou encore un chemin d’escalades en zigzag développé avec des espaces abstraits, encourageant un engagement de l’homme dans la nature.
En revanche, la tour ne sera pas accessible à tous. La visite ne sera pas décidée en fonction du statut financier des participantscomme cela a souvent été le cas pour les gratte-ciels symbolisant le plus souvent la richesse. Cette fois, elle se fera en fonction de… la force physique individuelle.
Dans cette tour, aucun ascenseur n’est prévu ; aussi, une bonne condition physique sera nécessaire à l’intérieur.
Les espaces à l’intérieur de la tour ont été pensés pour être flexibles d’une pièce à l’autre. Ils dépendent de la distance entre les humains et de leur relation avec les volumes spatiaux.
Troisième place “Coastal Breakwater Community”
La troisième place revient au projet “Coastal Breakwater Community” de Taiwan.
Le projet propose une tour dédiée aux pêcheurs de Saint-Louis, au Sénégal, qui subissent la montée des eaux.
En effet, la région est très affectée par les élévations du niveau de la mer. Cela a contraint les habitants à se déplacer peu à peu vers l’intérieur des terres. Les pêcheurs, très touchés par ce problème, sont les principaux bénéficiaires de ce projet.
Concrètement, la tour proposée se basera sur des structures traditionnelles de piliers, utilisés pour prévenir de l’érosion. Le projet s’inspire directement des méthodes d’architecture traditionnelles en bois du Sénégal, qui utilisent un système d’arc complexe mêlé à des structures tendues.
Cette structure sera utilisée pour créer des nouveaux logements verticaux, permettant petit à petit de récréer une nouvelle communauté au bord de la mer, tout en faisant face à la montée des eaux. Le système utilisé permettra un haut degré d’adaptabilité et d’extensibilité pour mener à bien ce projet.
// À (re)lire : Skyscraper Competition 2019 : les gratte-ciel du futur !
Parmi les projets honorables, le français : « Pandemic Emergency Skyscraper »
Un projet français a également obtenu la mention honorable.
Baptisé “Pandemic Emergency Skyscraper”, ce projet est mené par Ngo Thanh Ha Tien et Dao Duy Tung. Il vise à proposer une infrastructure médicale adaptée en cas de pandémie.
Depuis le XVIIIe siècle, l’humanité a souvent été confrontée à des pandémies mortelles. C’est face à celle qui sévit actuellement, et au manque de préparation observé dans de nombreux pays, que le projet est né.
La tour a été pensée comme un système de station d’approvisionnement d’urgence en cas de pandémie. Elle servira principalement de service de soins d’urgence permettant ainsi de combler les manques de ressources hospitalières, notamment grâce à des salles de diagnostic, de thérapie intensive, de traitement, de lit avec des équipements médicaux adaptés…
La tour devrait proposer une capacité de 16 000 lits et de 35 étages. Un design vertical donc, plus adapté en métropole où les cas de pandémie sont plus nombreux. Pour répondre aux besoins d’urgence, cette structure doit utiliser une technologie et une architecture modulaire afin d’être assemblée rapidement. La tour devrait également être capable de s’adapter à de nombreux terrains et à des zones mal préparées comme en Afrique, en Asie ou en Amérique du Sud.
Comme chaque année, les candidats de cette compétition font preuve de toujours plus d’imagination pour parvenir au projet idéal. Toujours en rapport avec les enjeux et préoccupations actuels, on retrouve en 2020 de nombreux projets conçus en rapport avec la crise sanitaire du Coronavirus.
Ces propositions pourraient parer rapidement à de futurs pics, ou à l’apparition d’une nouvelle pandémie. Objectif : sauver de nombreuses vies.
Une preuve de plus de l’investissement du secteur ingénieur pour participer à la lutte contre la pandémie de Covid-19.
Pour retrouver l’ensemble des mentions honorables distribuées par eVolo rendez-vous ICI.
// À(relire) : Top 10 des plus hautes tours du monde !