Les détails du « contrat du siècle », qui va lier Naval Group à la marine australienne pour 50 ans !
L’année 2019 démarre décidément bien pour Naval Group !
Après l’annonce, fin janvier, de l’obtention de l’appel d’offres lancé par la Marine Nationale française pour l’entretien des dix CMT français, l’industriel français a signé, lundi 11 février, un partenariat stratégique sur 50 ans avec la marine australienne !
Annoncé comme le « contrat du siècle », ce dernier, d’un montant de 50 milliards de dollars australiens (soit plus de 30 milliards d’euros), portera notamment sur la construction et la livraison de 12 sous-marins de la future classe « Attack », des dérivés à propulsion diesel des sous-marins nucléaires d’attaque « Barracuda » de la Marine nationale française.
On fait le point pour vous dans notre article du jour !
Près de trois ans de négociation pour trouver un accord !
Trois ans ! C’est quasiment le temps qu’il aura fallu pour que Naval Group et la marine australienne parviennent à un accord, après la sélection de l’industriel français en avril 2016, au détriment de ses concurrents allemands et japonais.
Il faut dire que les enjeux stratégiques sont énormes pour l’Australie, qui signe ainsi le contrat le plus important de son histoire, tous domaines confondus, avec une double volonté très claire :
- acquérir la supériorité militaire dans sa zone océanique (notamment le Pacifique),
- développer sa souveraineté sous-marine et son indépendance, grâce aux transferts technologiques.
En effet, pour l’Australie, pas question de passer une « simple commande » de sous-marins nouvelle génération.
Le pays des kangourous entend bien être également en mesure d’entretenir et de construire elle-même sa flotte !
Un véritable casse-tête pour les négociateurs de Naval Group, qui ont dû prendre en compte cette exigence de transfert de connaissances, sans pour autant révéler les secrets de fabrication résultants de dizaines d’années d’investissements de la France dans le cadre de sa politique de dissuasion nucléaire sous-marine.
Design des sous-marins, transfert de technologies, construction du futur chantier naval d’Adelaïde (Australie) identification des sous-traitants australiens, anticipation de l’alternance politique australienne pour les années à venir…
Autant de points cruciaux sur lesquels Naval Group et la marine australienne semblent être tombés d’accord. En résulte lundi dernier (le 11 février 2019) la signature par le PDG de Naval Group et le ministre australien de la défense, du SPA (Strategic Partnering Agreement ).
Ce document vise à définir, dans les grandes lignes, les droits et obligations de chacun des partis (transfert de propriété intellectuelle, calendrier, etc) sur les 50 prochaines années !
Un contrat à plus de 30 milliards d’euros, dont environ 8 milliards pour les entreprises françaises
Si le contrat global s’élève à plus de 30 milliards d’euros, ce n’est pas l’intégralité du montant que percevront les entreprises françaises qui vont travailler sur ce projet titanesque, dont bien entendu Naval Group.
La part française de ce contrat juteux devrait s’élever à environ 8 milliards de dollars, comprenant notamment :
- un contrat de 1,5 milliards d’euros sur 4 ans (jusqu’en 2023) pour la partie design des nouveaux sous-marins,
- l’assistance à la maîtrise d’ouvrage pour la construction du futur chantier naval d’Adelaïde au sud de l’Australie, où seront construits l’ensemble des 12 sous-marins,
- l’identification et la cartographie de la supply chain australienne, afin de sélectionner le plus de sous-traitants locaux, etc.
Pour le reste du contrat, la plus grosse partie devrait revenir, selon Le Monde, à l’américain Lockheed Martin, qui va fournir le système de combat des sous-marins.
Cependant, pas question pour Naval Group et la France de livrer complètement ses secrets, comme le précise Jean-Michel Billig, directeur du programme chez Naval Group « Nous ne sommes pas en train de brader les connaissances de la dissuasion française ».
Lockheed Martin n’aura donc pas accès aux données de Naval Group. « Nous ne voyons pas ce qu’ils font, ils ne voient pas ce que nous faisons » souligne l’industriel français.
Le partenariat stratégique pose donc également les bases d’une étanchéité mise en place entre les deux acteurs industriels majeurs du programme, qui devront néanmoins travailler ensemble pour s’assurer que leurs systèmes respectifs fonctionnent de concert.
Un contrat record donc, le plus gros jamais signé par l’Australie mais également le plus gros contrat jamais enregistré en Europe en matière de défense.
12 mastodontes de 100m de long pour 5 000 tonnes !
Si la somme du contrat est colossale, les dimensions de ces sous-marins nouvelle génération le seront tout autant !
Les sous-marins « classiques » pèsent habituellement 2 500 tonnes maximum. Ici, les « Shortfin Barracuda » commandés par la marine australienne devraient atteindre une centaine de mètres de long et peser près de 5 000 tonnes.
Les dimensions exactes n’ont néanmoins pas encore été communiquées, la phase de design n’étant pas terminée.
On sait en revanche que la propulsion nucléaire des Barracudas français cédera sa place à un générateur Diesel, fournit par une société allemande.
Une propulsion qui obligera en revanche les « Shortfin Barracuda » a remonté plus régulièrement à la surface. Bien entendu, le rythme des ces remontées demeure confidentiel.
Toujours sur le plan technique, Naval Group précise que cette nouvelle génération de sous-marins se démarquera par une « capacité de discrétion acoustique exceptionnelle », en masquant la signature acoustique des bâtiments avec le bruit de la mer. « L’idée est d’être moins bruyant que la mer elle-même », précise l’industriel.
Début de la construction en 2023 et première livraison en 2030 !
Qui dit contrat record, dit chantier pharaonique ! Le contrat de design des bâtiments (Naval Group) court jusqu’à mi-2023.
La construction du premier exemplaire suivra donc la même année, avec une livraison fixée pour 2030. Rappelons que le chantier naval d’Adelaïde reste encore entièrement à bâtir.
Les 11 exemplaires restants seront ensuite livrés, à tour de rôle, tous les deux ans.
Au total, selon les estimations, ce contrat devrait également générer près de 8000 emplois, que ce soit en Australie, en France, en Allemagne ou aux USA.
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*Photo de couverture : photo d’illustration