La première hydrolienne biomimétique se met à l’eau dans le Rhône
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Début juillet, le Rhône inaugurait une hydrolienne d’un tout nouveau genre. Après dix ans de travail, la start-up française EEL Energy a mis à l’eau, au port de Lyon, la toute première hydrolienne biomimétique. Conçue pour imiter le mouvement des poissons, cette hydrolienne vise à produire de l’électricité verte grâce aux courants fluviaux. Retour sur cette première mondiale dans l’énergie décarbonée.
Une ferme pilote d’hydroliennes biomimétiques
Les courants des marées, mais aussi les courants océaniques et fluviaux, représentent à eux seuls une véritable ressource de production d’électricité. Un potentiel que la start-up EEL Energy a bien compris, et compte mettre à profit à travers sa technologie. Pour ce faire, elle a mis au point une hydrolienne en fibre de carbone, constituée d’une membrane qui ondule sous la pression du fluide en mouvement. Chaque déformation périodique de la structure de la membrane est ensuite transformée en électricité via un système électromécanique. Autrement dit, en imitant le mouvement des poissons et des cétacés, la membrane EEL Energy permet de capter plus d’énergie qu’une hélice classique et de produire de l’électricité verte lorsqu’elle subit les différents courants.
Il y a quelques mois, EEL Energy avait annoncé de premiers résultats encourageants de sa technologie sur un prototype testé dans la rade de Brest. Cette fois-ci, la première hydrolienne biomimétique a été installée en juillet sur le site de la Feyssine, au niveau de la commune de Caluire-et-Cuire, au nord de Lyon. Un endroit adapté à la production d’électricité, puisqu’il dispose d’une vitesse de courant importante tout en restant interdit à la navigation.
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Cette initiative réalisée en partenariat avec les Voies Navigables de France, acteur de la transition énergétique, a déjà commencé à générer ses premiers kilowattheures. Cette hydrolienne dotée d’une membrane ondulante en fibre de carbone de 5X7m sous une barge de 16m de long et 8m de large dispose de 30 KW de puissance et d’une capacité de production estimée à 100 MWh par an.
D’ici la fin de l’année 2023, la start-up prévoit de terminer le déploiement de sa ferme expérimentale, qui sera constituée d’ici là de quatre unités d’hydroliennes biomimétiques. Ensemble, elles produiront 400 mégawattheures d’électricité propre par an, l’équivalent de l’alimentation en électricité d’une centaine de foyers.
Une technologie exportable à l’étranger
Pour pouvoir être installée et produire efficacement de l’électricité dans le domaine fluvial, cette hydrolienne nécessite plusieurs conditions. Elle requiert des sites dont les vitesses de courant sont assez élevées, où il n’y a pas de barrage qui freinerait l’énergie cinétique nécessaire au bon fonctionnement de l’hydrolienne, et où il n’y a pas de conflit d’usage avec la navigation. Des conditions auxquelles le site de Lyon répond mais qui ne sont pas très courantes en France.
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C’est pourquoi l’entreprise ambitionne d’exporter son projet à l’étranger, notamment pour le déployer dans des zones reculées du monde. EEL Energy envisage de développer ses hydroliennes en Amazonie, au Chili ou encore en République démocratique du Congo où seul un faible pourcentage de la population dispose d’un accès à l’électricité. Grâce à des financements, de nombreuses rivières ou fleuves de ces pays pourraient accueillir aisément les hydroliennes dans des conditions optimales pour produire de l’électricité sans intermittence.
À terme, la start-up espère également pouvoir profiter de l’énergie des marées en installant sa technologie directement en mer. Ainsi, la solution pourrait disposer d’un fort rendement, notamment dans des endroits proches des côtes où les marées sont courantes, comme en Normandie ou en Bretagne.
Avec une première mise à l’eau en France et un potentiel développement à l’échelle mondiale, ces hydroliennes pourraient bientôt révolutionner nos modes de production d’énergie renouvelable.
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