La peinture la plus blanche du monde pour lutter contre le réchauffement climatique

 

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Des scientifiques de l’Université de Purdue, aux États-Unis, viennent de mettre au point la peinture la plus blanche du monde, capable de rafraîchir les surfaces sur laquelle elle est déposée.

Après de nombreuses tentatives, les chercheurs ont repoussé les limites de la peinture blanche traditionnelle, grâce à une composition concentrée en sulfate de baryum.

Une solution plus efficace qu’un climatiseur et qui pourrait, si elle est commercialisée à grande échelle, s’avérer être une nouvelle clé dans la lutte contre le réchauffement climatique.

 

 

La peinture la plus blanche du monde

Et si l’une des solutions au réchauffement climatique se trouvait sur les murs de nos bâtiments ?
C’est l’objet des travaux des chercheurs de l’Université de Purdue, en Indiana aux États-Unis, pour tenter de créer une peinture adaptée aussi bien aux murs qu’à l’environnement, en luttant contre le réchauffement climatique.

Pour arriver à ce résultat, il a fallu six ans de recherches, basées sur des essais débutés dans les années 1970, et de nombreux examens des produits commerciaux, notamment de couleur blanche, pour savoir quel matériau et quel composé chimique seraient plus adaptés.
Plusieurs tests avaient alors été réalisés, aboutissant à une première peinture ultra-blanche formulée à base de carbonate de calcium, un composé que l’on retrouve abondamment sur Terre, notamment dans les roches et les coquillages.

Mais en approfondissant ces études, un autre composé chimique est ressorti : le sulfate de baryum (BaSO4), souvent utilisé pour rendre le papier photo et les cosmétiques blancs.

“Nous avons constaté qu’en utilisant du sulfate de baryum, vous pouvez théoriquement rendre les choses vraiment, vraiment réfléchissantes, ce qui signifie qu’elles sont vraiment, vraiment blanches.”, indique Xiangyu Li, chercheur postdoctoral au MIT qui a travaillé sur ce projet.
Le second avantage du sulfate de baryum est que ses particules sont toutes de tailles différentes dans la peinture. La quantité de lumière diffusée par chaque particule est en lien direct avec sa taille et augmente donc avec une gamme plus large de tailles de particules.

 

 

Un pouvoir réfléchissant…

 

Grâce à sa forte concentration en sulfate de baryum, cette peinture dispose d’une capacité réfléchissante extraordinaire !
En effet, elle devrait renvoyer les rayons du Soleil, permettant ainsi d’éviter aux structures de retenir la chaleur.

Aujourd’hui, les bâtiments et les routes absorbent énormément de chaleur, créant ainsi dans les grandes métropoles le phénomène « d’îlot de chaleur ».
S’ils disposaient de cette peinture, la chaleur ne serait alors pas absorbée, mais détournée dans l’espace, grâce au renvoi des rayons calorifiques du Soleil vers l’espace.
De cette manière, la chaleur n’est plus stockée et évite donc de contribuer au réchauffement climatique.
“Nous ne déplaçons pas la chaleur depuis la surface de la planète vers l’atmosphère. Nous la rejetons tout bonnement dans l’espace, qui est un puits de chaleur sans fond”, précise Xiangyu Li dans un communiqué.

Actuellement, il existe des peintures anti-chaleur, qui sont déjà commercialisées, et qui s’avèrent plus respectueuses de l’environnement que les peintures classiques.
Mais leur pouvoir réfléchissant est de l’ordre de 80 à 90%.
La peinture développée par les chercheurs de Purdue réfléchirait jusqu’à 98,1 % de la lumière du soleil !

Les chercheurs estiment que cette peinture blanche est l’équivalent du “Vantablack”, une version de la couleur noire inventée il y a plusieurs années, et ayant la particularité d’absorber pas moins de 99,965% de la lumière.
Mais si le « Vantablack » et la découverte des chercheurs du MIT s’avère particulièrement efficace dans des applications artistiques, sur des télescopes spatiaux ou encore sur les voitures, il ne s’agit pas d’une solution envisageable à grande échelle dans le bâtiment, du fait de sa couleur très foncée et de son effet d’optique qui fait “disparaître” les objets qu’il recouvre.

 

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… Et refroidissant !

 

Au-delà de son impact positif sur l’environnement grâce à son pouvoir réfléchissant, cette peinture peut également réduire nos besoins énergétiques !

Elle possède en effet une capacité de refroidissement, qui permet de contrôler la température des surfaces sur laquelle elle est déposée.
Couplée à un thermocouple, un équipement de lecture de température de haute précision, les chercheurs ont prouvé que lorsque la peinture est placée sur une surface extérieure, cette surface est maintenue à environ 7° C de moins que son environnement pendant la nuit.
En journée, elle est capable d’atteindre une puissance de refroidissement moyenne de 117 W/m2, soit une température globale de 4,5°C en dessous de la température ambiante.

Cette capacité de refroidissement pourrait donc se présenter comme une alternative aux climatiseurs traditionnels.
En effet, si la peinture garde les surfaces plus fraiches, le besoin en climatisation réduit du même coup, ce qui permettrait de réelles économies d’énergie.

La climatisation est un véritable problème environnemental, conséquence directe du réchauffement climatique, et qui représentait déjà en 2018 10% de la consommation électrique mondiale !
Un chiffre qui devrait atteindre les 40% d’ici 2050, d’après un rapport de l’Agence Internationale de l’Energie.

Les chercheurs de cette étude estiment ainsi que si une surface de toit d’environ 90 m2 était recouverte de cette peinture, cela permettrait d’obtenir un refroidissement de 10 kW, soit plus que les performances de nombreux climatiseurs.

Le tout en disposant d’infrastructures plus écoresponsables !

 

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Une commercialisation prochaine pour différents secteurs

Les chercheurs ont montré que cette peinture s’adapte aux conditions extérieures et qu’elle est également compatible avec le processus de fabrication de peinture commerciale.
Grâce à sa couleur et sa facilité d’utilisation, cette peinture pourrait trouver sa place dans de nombreux domaines comme le BTP ou l’automobile.
Elle peut être appliquée aussi bien sur des murs et des toits, que sur des routes ou encore sur une voiture.

Le Bureau de la recherche scientifique de l’armée de l’air a également soutenu cette recherche, sûrement en vue d’une utilisation dans son secteur.

Les chercheurs ont soumis leurs demandes de brevet pour cette formulation de peinture auprès du bureau de commercialisation de la technologie de la Purdue Research Foundation. Si ces demandes sont validées, la commercialisation du produit ne devrait donc pas tarder.

Son coût devrait être proche des peintures blanches actuellement disponibles sur le marché, afin de rester le plus accessible possible.

 

Une solution prometteuse, qui pourrait facilement trouver sa place dans différents domaines, et même au cœur des grandes villes pour limiter le réchauffement climatique. 

Reste encore à connaître l’impact qu’aura cette peinture sur son environnement et notamment en termes de pollution visuelle, ainsi que sur la faune et la flore mais aussi les hommes. On se souvient notamment des panneaux solaires qui avaient causé quelques problèmes à des pilotes en Californie à cause de leur éblouissement. 

 

 

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