Des TER hybrides expérimentaux sur les rails dès 2021 !
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Alors que la SNCF entend bannir complètement le diesel de son parc d’ici 2035, notamment en misant sur l’hydrogène, la société fait un pas de plus dans cette transition.
Avec Alstom, elle va en effet lancer dès cette année un projet d’expérimentation visant à mettre en service des TER modifiés, qui fonctionneront grâce à une propulsion hybride couplant les moteurs thermiques diesel à l’électrique et avec des batteries lithium-ion.
Quatre régions françaises sont impliquées dans cette expérience, qui commencera courant 2021, afin, à terme, de mettre en service des TER plus économes, moins polluants et moins bruyants.
On vous explique tout dans notre article de la semaine.
Premier projet français d’hybridation d’un train Régiolis
Lancé en 2018 par Alstom, en association avec la SNCF et quatre régions françaises (Centre-Val-de-Loire, Grand Est, Nouvelle Aquitaine et Occitanie), ce TER hybride, qui s’inscrit dans le programme PLANETER, est le premier projet d’hybridation d’un train Régiolis (issu de la gamme de trains régionaux Coradia Polyvalent d’Alstom) en France.
Pour rappel, le programme PLANETER de la SNCF vise à lancer plus de TER en régions tout en réduisant à la fois les émissions de CO2 générées, grâce à plusieurs solutions, dont l’hybridation des rames.
Après une phase d’ingénierie, des essais étaient en cours sur le site Alstom de Tarbes (65), depuis fin 2019, afin de valider le système de stockage via des simulations d’exploitation du train.
Cette phase de tests visait notamment à simuler des trajets “zéro émission” en ne recourant qu’aux batteries électriques, ainsi que des trajets en mode “hybridation”, avec l’utilisation des moteurs thermiques et des batteries.
Achevés avec succès en septembre 2020, ils ont ainsi permis de finaliser le développement du “coffre de traction”, c’est-à-dire le système de stockage d’énergie intégrant les batteries lithium-ion ainsi qu’un convertisseur de puissance, et d’en lancer la production en pré-série.
“Les essais et la validation du système de stockage d’énergie menés dans notre centre d’excellence traction à Tarbes démontrent déjà que l’hybridation de trains thermiques est une solution réaliste tant techniquement qu’économiquement pour réduire les émissions et les coûts. Alstom est particulièrement fier de contribuer avec SNCF et les Régions Occitanie, Grand Est, Nouvelle-Aquitaine et Centre-Val-de-Loire à une mobilité plus propre et plus durable.” a déclaré Jean-Baptiste Eyméoud, Président Alstom France.
// À (re)lire : Alstom se lance dans les trains électriques à batterie
Comment fonctionnera ce TER Hybride ?
En fonction des situations, ce TER hybride modifié pourra utiliser plusieurs sources d’énergie pour avancer :
- l’alimentation électrique, issue des caténaires
- ses moteurs thermiques (diesel)
- ou l’énergie stockée dans des batteries lithium-ion de grande capacité.
Chaque rame de ce projet verra ainsi la moitié de ses moteurs diesel être remplacée par des batteries lithium-ion de grande capacité.
Ces dernières visent à récupérer et stocker l’énergie de freinage afin de pouvoir la réutiliser ensuite à des fins de propulsion.
Elles permettront notamment de faire avancer le train aux abords et dans les différentes gares, contribuant à réduire à la fois la pollution ainsi que le bruit généré par la propulsion thermique.
Elles pourront également aider au maintien des performances de traction du TER en cas de sous-tension des caténaires (< 1,5 kV).
L’énergie consommée lors des phases de freinage représente près d’un tiers de l’énergie totale consommée par un train.
Un système de stockage qui n’a donc rien d’anecdotique, et qui devrait permettre d’atteindre les objectifs visés par la SNCF, soit une réduction de 20 % de l’énergie consommée ainsi qu’une réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES).
Il devrait aussi permettre une diminution des coûts d’exploitation et de maintenance, notamment sur les lignes non-électrifiées de bout en bout, ou sur les plus petites lignes où les installations électriques sont souvent vieillissantes.
Le premier TER modifié sur les rails en 2021 pour une mise en service dès 2023 !
Cette année 2021 va donc marquer une nouvelle étape dans le “verdissement” du parc ferroviaire TER.
La première rame Regiolis du projet, prélevée au sein du parc de la région Occitanie, sera hybridée dès le début de l’année 2021 sur le site Alstom de Reichshoffen, en Alsace.
Les essais sur rails démarreront donc dans le courant de l’année et se poursuivront ensuite, en service commercial, à partir de 2022, afin de valider en conditions réelles les fonctionnalités et les performances de cette solution.
Si tous les tests sont concluants, le déploiement en série des TER hybrides sur l’ensemble du parc TER devrait débuter dès 2023.
D’après le communiqué de la SNCF, 16,6 millions d’euros ont été investis dans cette expérimentation.
// À (re)lire : La SNCF sur les rails de l’hydrogène avec Alstom !
Le train, moyen de transport de plus en plus propre…
“L’objectif d’un transport ‘zéro émission’ est un moteur d’innovation puissant. Le ferroviaire est déjà un mode qui émet peu de CO2, il sera bientôt encore meilleur grâce au TER Hybride. C’est une attente forte des voyageurs autant que des Régions. Aujourd’hui l’hybridation entre en phase de production : elle mérite le plus grand volontarisme car c’est une solution prometteuse pour réaliser rapidement d’importants progrès.” explique Carole Desnost, Directrice de l’innovation et de la recherche SNCF, dans un communiqué publié le 3 décembre dernier.
Toujours d’après les chiffres avancés par l’entreprise, un voyageur utilisant le TER émettrait, en moyenne, 8 fois moins de CO2 qu’en voiture, en émettant 24,8 grammes de CO2 par km parcouru.
Au total, cela représenterait une réduction de près de 10 millions de tonnes de carbone émis par an.
Avec l’hybridation de ces TER, et en attendant une sortie complète du diesel à l’horizon 2035, l’objectif du groupe SNCF est de réduire de 20 % sa consommation d’énergie ainsi qu’une réduction de 25 % de ses émissions carbones.
“Hybridation, train à hydrogène ou à batteries rechargeables, tous les développements doivent être soutenus pour engager notre réseau ferroviaire dans une démarche encore plus vertueuse. Certes le train est le transport le plus propre, mais nous devons maintenir une exigence absolue pour garder notre position de leader. Et outre l’acquisition de matériel moins polluant, nous devons également collectivement nous battre pour le développement du réseau. Que le train soit accessible sur tous les territoires, que le TGV permettent aux habitants de Toulouse et Perpignan de rejoindre Paris, que les trains de nuit retrouve ses lettres de noblesse.”, indique pour sa part Carole Delga, Présidente de la Région Occitanie.
Depuis plusieurs années, la révolution de la mobilité est en marche. Partout à travers le monde, de nombreux projets visent à atteindre une mobilité moins énergivore et plus respectueuse de l’environnement.
La SNCF multiplie pour sa part les projets en ce sens, que ce soit en misant sur l’hydrogène pour l’avenir, sur la sortie du diesel d’ici 2035, ou encore via ce projet d’hybridation des TER.
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*Photo de couverture : Pixabay / Furstjo