Alstom se lance dans les trains électriques à batterie

 

Après avoir reçu ses premières commandes de trains à hydrogène, (une quizaine pour la SNCF), Alstom se lance dans les trains électriques à batterie.

Le 5 février dernier, Alstom a signé un contrat Outre-Rhin avec VMS (Verkehrsverbund Mittelsachsen) et ZVNL (Zweckverband für den Nahverkehrsraum Leipzig), les deux autorités responsables de la ligne allemande. Le contrat prévoit de leur livrer onze « Coradia Continental », nom des modèles de trains électriques à batterie d’Alstom.

Avoisinant les 100 millions d’euros, ce contrat prévoit une livraison des trains d’ici à 2023 et une mise en service en décembre de la même année. Ces trains couvriront une zone de 80 kilomètres non électrifiée reliant les villes de Chemnitz et Leipzig.

Une première qui permet au constructeur français d’exploiter tous les systèmes de traction existants.

 

Se diversifier grâce au marché émergent des trains électriques

 

Après avoir investi le marché européen des trains à hydrogène, Alstom se tourne vers une branche en plein essor : les trains électriques à batterie.

« Nous sommes dans la continuité de notre stratégie », argumente Brahim Soua, Vice-Président de la plateforme régionale d’Alstom. « Alstom est fournisseur de solutions et pas de technologies. Nous avons plutôt privilégié l’hydrogène dans un premier temps, car il demandait plus de recherches. Aujourd’hui, les deux trains en pré-série qui roulent en Allemagne ont déjà effectué 200 000 kilomètres. En parallèle, on travaille sur la batterie, car les deux technologies sont nécessaires pour verdir les parcs de trains. », déclare l’entreprise.

Ce premier contrat de trains électriques permet à Alstom de poursuivre sa lancée. En élargissant son champ d’activités et d’expertise, le groupe peut proposer à ses clients une offre complète.
« Avec cette commande, Alstom est désormais en mesure de proposer tous les systèmes de traction disponibles sur le marché ainsi qu’une gamme complète de traction sans émissions, allant des moteurs électriques efficaces aux piles à combustible à hydrogène et à la traction à batterie. », précise la société dans son communiqué.

 

À (re)lire : La SNCF sur les rails de l’hydrogène avec Alstom !

 

Le rail allemand renouvelle sa confiance à Alstom

 

Les trains seront construits dans l’usine allemande d’Alstom (Salzgitter, Basse-Saxe). Quant aux sous-systèmes de traction à batterie, ils ont été confiés au centre Français d’Alstom, spécialisé dans les mécanismes de traction (Tarbes, Hautes-Pyrénées).

VMS, l’autorité en charge du réseau, n’a pas choisi Alstom par hasard. En effet, en 2014, Alstom avait déjà remporté un contrat avec VMS (Verkehrsverbund Mittelsachsen) incluant la livraison de 29 trains régionaux électriques.

Des modèles qui appartenaient déjà à la famille du « Coradia Continental », mais qui étaient reliés au réseau électrique. Ils n’étaient donc pas autonomes. Ce nouveau contrat permet à VMS de privilégier un modèle de train électrique à batterie afin de couvrir sa ligne Leipzig-Chemnitz qui n’est pas électrifiée.

Cependant, les futurs trains provenant de la même gamme d’Alstom, la maintenance en sera facilitée. Alstom l’assurera jusqu’en 2032.

 

 

Le « Coradia Continental » : un train électrique autonome

Les nouveaux modèles de trains Coradia Continental ressembleront à ceux mis en service sur les lignes de Dresde, Riesa et Zwickau. Sur le toit des voitures seront intégrés des coffres de batteries lithium-ion haute performance, pour un poids total de sept tonnes.

Leur autonomie a été calculée pour assurer un fonctionnement sans caténaire sur cette ligne, sans pour autant sacrifier la performance ni le confort. Ils disposeront donc de 120 kilomètres d’autonomie sans caténaire, avec une vitesse maximale pouvant aller jusqu’à 160 km/h en mode batterie.

Chaque rame sera composée de trois voitures de 56 mètres de long pour 150 places assises.

Le principal atout de ces nouveaux modèles est leur adaptabilité. Ils pourront en effet aussi bien rouler en électrique, que reliés à un caténaire.
Concrètement, en plus des batteries et des piles à hydrogène, ces trains seront munis d’un pantographe. Celui-ci les alimentera via les caténaires lorsqu’ils rencontreront des lignes électrifiées.

Cette technologie est adaptée à des lignes partiellement électrifiées. Les batteries peuvent alors être rechargées : lorsque le train passe par une partie équipée de caténaires, ou dans les stations de recharge en gare. Cet avantage permet aux trains de rouler sur différentes portions sans altérer leur performance.

La gamme Coradia développée par Alstom a aussi été pensée pour s’adapter à tous les besoins des clients. Ainsi, elle fonctionne avec tous les systèmes d’énergie de traction à zéro émission (systèmes électriques, systèmes hybrides électriques/batterie, piles à hydrogène).

Pour les lignes non électrifiées de plus de 150 kilomètres de distance, c’est la technologie de la pile à combustible qui est la plus adaptée. Or, produire un hydrogène totalement vert est encore très onéreux. « En fait, il faut regarder le prix de l’hydrogène et de l’électricité dans le pays concerné, le niveau d’électrification de la ligne… », explique Brahim Soua, Vice-President Regional Rolling Stock Platform chez Alstom.

 

 

Alstom : une mobilité durable

 

« Nous sommes extrêmement fiers de fournir aux autorités une solution durable et parfaitement adaptée. Aujourd’hui, Alstom se démarque par sa capacité à proposer une solution éprouvée intégrant n’importe quelle forme de traction sans émission actuellement disponible sur le marché. En tant que société responsable, Alstom se concentre tout particulièrement sur la mobilité durable, en proposant les solutions les plus adaptées qui la rendent non seulement possible mais aussi rentable et attractive » indique Gian Luca Erbacci, Senior Vice-Président d’Alstom Europe.

À (re)lire : Alstom présente son bus électrique Aptis capable de rouler « en crabe »

 

Alstom a déjà fait ses preuves en matière de mobilité durable.
En témoigne le franc succès de son train à hydrogène Coradia iLint, alimenté par une pile à combustible. Ce modèle fut le premier de sa catégorie à transporter des passagers dans le monde.

Après avoir vendu les deux premiers modèles à la Basse-Saxe en Allemagne, avec une mise en service en septembre 2018, c’est au tour de la région de la Hesse. En mai dernier, elle a passé une commande de 27 trains, livrables en 2022.

Du côté de l’Hexagone, le groupe travaille déjà sur cette nouvelle génération de trains à hydrogène.
Les trains à hydrogène attendus sur le réseau ferré français seront d’un tout nouveau genre bi-mode. Jusqu’ici, les trains à hydrogène proposés en Allemagne étaient monotones. Actuellement, le constructeur développe le Coradia polyvalent pour les Regiolis. Son nouveau modèle polyvalent bi-mode comblera de nombreuses lignes de TER du territoire qui ne sont que partiellement électrifiées.

Cette technologie est la même utilisée pour les nouveaux Coradia Continental en Allemagne, permettant de varier les types de tractions au cours d’un même trajet. Moduler la traction est une priorité pour Alstom, qui inclut cette technologie dans sa stratégie « tous types de tractions ».

 

 

 

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*Photo de couverture : photo d’illustration.