Smart City : Angers entame sa transition avec Engie Solutions

 

Angers Loire Métropole prend de l’avance dans la course aux Smart Cities. Petit à petit, ses initiatives rapprochent la ville d’un avenir plus écologique

La transition écologique de la ville de près de 300 000 habitants a retenu quatre candidats en lice pour sa réalisation. Un vote du conseil communautaire a été organisé le 12 novembre 2019.

Résultat : c’est le consortium mené par Engie Solutions qui a remporté le projet. Suez, La Poste et le Groupe VYV en feront également partie. Ce consortium s’élève à 178 millions d’euros HT, dont une tranche ferme de 121 millions d’euros HT sur 12 ans.

Objectif : Accélérer la transition énergétique et écologique de la métropole tout en améliorant les services proposés aux habitants.

On fait le point pour vous dans notre article de la semaine.

 

 

« Un territoire intelligent à la française »

Christophe Béchu, maire d’Angers et président d’Angers Loire Métropole, ne cache pas son patriotisme à travers ce projet : « Notre ambition est de réaliser un territoire intelligent, qui soit la vitrine de ce que peut être un territoire intelligent à la française, avec des partenaires français », explique-t-il.

Cette fierté se traduit par la nécessité du consortium d’apporter des réponses à des questions importantes dans le cadre de l’ouvrage. Bien qu’ils soient intrinsèquement liés, les objectifs de la ville d’Angers sont ambitieux : « économiser les ressources pour accélérer la transition écologique du territoire ; améliorer et proposer de nouveaux services aux habitants par une action publique plus efficace et plus proche des attentes ; optimiser la gestion du service public et ses coûts de fonctionnement, par la modernisation des moyens d’action et des process qui permettront d’importantes économies d’énergie ».

La transformation de la métropole de 290 000 habitants débutera au premier trimestre de 2020.

 

 

Un consortium pour couvrir l’ensemble des plans du projet

  

Dans ce projet, Engie Solutions sera l’interlocuteur exclusif d’Angers. L’entreprise assurera l’avancement du projet et des solutions prévues. Engie est également en charge de l’éclairage public, de la vidéosurveillance et de la plateforme d’hypervision.

Mais Engie n’est pas le seul sur l’échiquier du projet. On compte également Suez, qui déploiera différents capteurs et compteurs d’eau communicants. Leur fonction est d’optimiser la performance des services d’eau, d’assainissement, de déchets et de propreté des espaces verts angevins.

De son côté, La Poste se chargera du stockage et de la gestion des données collectées via sa filiale Docaposte, qualifiée comme « le tiers de confiance » par le PDG d’Engie Ineo, Yann Rolland.

Enfin, c’est le groupe mutualiste VYV qui mettra à disposition des citoyens une plateforme de gestion des données de prévention santé (pollution de l’air, îlots de chaleur entre autres).

 

 

Une plateforme pour tout superviser

 

Engie profitera de ce projet pour réinvestir « livin’ », plateforme depuis laquelle il sera possible de gérer l’ensemble des attributions de la Smart City. Déjà active dans plusieurs villes à travers le monde (France, Brésil et Italie), livin’ a été créé par Engie en 2018.

Concrètement, cette solution permet de monitorer, visualiser et contrôler les données venant d’infrastructures connectées. Techniquement, livin’ est directement branchée aux infrastructures et logiciels existants comme le réseau d’eau, le système de protection par vidéo, ou encore l’éclairage public.
livin’ permet ainsi une vision d’ensemble de l’efficacité des services implantés sur le territoire concerné.

Yann Rolland, le directeur d’Engie Solutions, a tenu à rassurer les élus angevins par rapport aux données collectées et au respect de la vie privée des habitants d’Angers. Il explique en effet que « Ce ne sera pas Big Brother, les données sont la propriété de la collectivité, rien ne nous appartient et tout sera anonymisé. On ne saura rien sur personne, mais on saura tout sur l’ensemble ».

 

 

« livin’ » sur tous les fronts

Neufs champs d’application prioritaires de la plateforme livin’ ont été listés :

  • l’éclairage
  • l’eau
  • les déchets
  • l’arrosage
  • le stationnement
  • la mobilité
  • la santé
  • la consommation énergétique des bâtiments publics
  • la vidéosurveillance

 

livin’ joue également un rôle dans la gestion et l’optimisation des enjeux citadins tels que la circulation, la qualité de l’air, le stationnement ou encore l’efficacité énergétique.

Enfin, grâce à cette plateforme, Angers pourra générer des « jumeaux numériques ». Ils permettront de leur côté de tester en amont différents process pour résoudre un problème spécifique.
Objectif : comparer et choisir la solution la plus appropriée.

« C’est avant tout un marché global de performance » précise Constance Nebbula, conseillère déléguée à l’innovation d’Angers Loire Métropole.

 

 

Un cahier des charges bien rempli

 

Pas moins de 30 000 lampadaires passeront en LED grâce des diodes électroluminescentes.

De plus, des capteurs de mouvement installés à proximité de ces lampadaires les déclencheront uniquement lors du passage d’un piéton ou d’une voiture.

Des capteurs d’eau seront disposés dans les espaces verts, ainsi que des capteurs de gaz dans la ville.

La gestion des déchets sera optimisée, couplée à un système de vidéosurveillance des déchèteries.

Les douze ans prévus pour assurer cette transformation prévoient l’installation de près de 50 000 capteurs dans la Métropole. L’ensemble de ces solutions sera relié à un hyperviseur, une plateforme de contrôle d’Engie.

Par ailleurs, Engie a prévu la mise en place de 600 capteurs qui identifieront les places de stationnement disponibles. Ce dispositif tient les habitants informés pour in fine faciliter la communication des pouvoirs publics avec la population.

130 carrefours seront également dotés d’un système de gestion dynamique de la signalisation en fonctions des événements, des accidents, des conditions météo, etc.

 

 

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Des économies d’énergie sur la durée

 

Le consortium vise haut. Il assure pouvoir atteindre :

  • 66% d’économies d’énergie sur l’éclairage public dès 2025
  • 20% de réduction de la consommation énergétique des bâtiments
  • 30% de réduction de la consommation d’eau dédiée à l’arrosage public.

A titre de comparaison, le budget de fonctionnement de la collectivité en 2019 est de 227 millions d’euros. Le consortium s’est engagé à tenir ces objectifs économiques, sous peine de pénalités financières.

À l’inverse, des bonus seront versés si les objectifs sont dépassés.

L’ensemble de ces optimisations s’inscrit dans la « tranche ferme » du marché de 121,1 millions sur douze ans. Il s’agit des éléments définis lors de l’appel d’offres. Le marché pourrait atteindre 178 millions d’euros en comptant des « tranches optionnelles », celles dont l’exécution est encore incertaine pour des motifs d’ordre techniques, économiques ou financiers.

Engie Ineo s’engage sur 101,2 millions d’euros d’économies obtenues grâce aux technologies de la smart city sur 25 ans de leur exploitation.
Les économies générées ont été calculées sur la base de 25 ans et non des douze ans de la durée du marché. De fait, Constance Nebbula explique que la mise en place de certaines prestations, comme l’éclairage intelligent, est coûteuse et donc plus longue à rentabiliser.

 

 

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Un contrôle assuré à terme par Angers

 

La plupart du temps, le lancement de tels projet implique de mettre l’accent sur la gestion du contrôle, question souvent délicate.

Le risque zéro n’existe pas. A l’instar de Dijon, qui ne parvient plus à gérer les services publics après plusieurs années de délégation. Le changement de prestataire peut également s’avérer difficile si la ville ne possède pas, a minima, un contrôle efficace sur toutes les infrastructures.

En l’occurrence, la ville d’Angers assure avoir limité le rôle des entreprises. Elles sont principalement vouées à construire l’infrastructure, assurer leurs opérations de maintenance et de mise à jour, et apprendre à la ville l’utilisation des outils de pilotage.

« Sur l’eau et l’assainissement, les entreprises disposent de quatre ans avant que l’exploitation nous revienne »,assure Constance Nebbula. « Pour ce qui est de l’hyperviseur, nous nous donnons un maximum de deux ans pour en avoir le plein contrôle ».

Seuls certains domaines resteront entièrement gérés par les entreprises privées. C’est le cas de la signalisation et de l’éclairage intelligent.

 

Le directeur d’Engie souligne « un intérêt croissant » des collectivités pour les solutions de territoires intelligents. Pour preuve, le maire Christophe Béchu, la majorité des élus et de l’opposition avaient voté en faveur du projet de smart city. A son sujet, l’élue PS Silvia Camara-Tombini assure que « C’est un risque à prendre. Même si la ville intelligente n’est pas suffisante pour tendre vers le zéro carbone. »

Pour finaliser les derniers détails contractuels avec le groupe Engie, ainsi que le planning de lancement du projet, la ville s’est octroyée quelques mois de plus avant le grand démarrage. Le lancement de la transformation est prévu pour le premier trimestre 2020, avec en priorité l’éclairage public et la pose des 4 000 lampadaires LED sur la première année.

 

Après Dijon, Angers est la seconde ville française à lancer un projet massif de ville connectée en 2019.
Dans l’Hexagone, cette tendance se développe de plus en plus avec un double-objectif commun : répondre aux besoins actuels et futurs des habitants et préserver les ressources de notre avenir.

 

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