[Plan Hydrogène] Le gouvernement dévoile son plan à 7 milliards sur 10 ans !
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La semaine dernière, le 8 septembre, le gouvernement a dévoilé son plan national pour l’hydrogène !
Un plan à sept milliards d’euros sur dix ans, pour soutenir financièrement la décarbonation de l’industrie, le développement de la mobilité hydrogène mais aussi la recherche et l’innovation dans ce domaine.
Objectif : faire de la France l’un des acteurs mondiaux de l’hydrogène à l’horizon 2030.
Dans le cadre du plan de relance présenté en début d’année par le gouvernement suite à la crise du Covid-19, deux milliards d’euros étaient déjà destinés à ce sujet d’ici 2021-2022. Ces deux milliards s’étendront désormais jusqu’en 2030 et les cinq milliards restants seront quant à eux répartis sur plusieurs domaines dans un second temps.
Décarboner l’Industrie française !
Le premier volet du plan du gouvernement consiste à décarboner les usages industriels.
Cet objectif immédiat, devra réguler les usages industriels à une époque où encore trop de secteurs comme l’électronique, l’agroalimentaire ou encore le raffinage utilisent un hydrogène d’origine fossile, et donc issu de procédés émetteurs de gaz à effet de serre.
« Nous passons à la vitesse supérieure pour construire une filière française de l’hydrogène décarbonée » a indiqué Barbara Pompili, Ministre de la Transition écologique.
Pour ce faire, le gouvernement prévoit de décarboner l’hydrogène et de le faire devenir plus “propre”, grâce au procédé d’électrolyse de l’eau.
Concrètement, au lieu de passer par l’utilisation d’une molécule issue d’hydrocarbures, comme c’est le cas actuellement, la solution consiste à produire l’hydrogène via de l’électricité décarbonée issue de sources renouvelables, ou du moins faiblement carbonées.
Néanmoins, cette technologie reste pour le moment très coûteuse et énergivore.
Un problème auquel le gouvernement compte remédier grâce à l’amélioration et à l’augmentation du nombre d’électrolyseurs.
Ainsi, 1,5 milliards d’euros seront consacrés à la fabrication d’électrolyseurs, capables de séparer les molécules d’eau en dihydrogène et oxygène, le tout pour une capacité globale de 6,5 gigawatts d’ici à 2030.
Une solution qui devrait permettre d’économiser 6 millions de tonnes de CO2 d’ici 2030, soit les émissions de CO2 annuelles de Paris.
Ces équipements seront fabriqués en France, et non pas avec des équipements Chinois comme ce fut le cas lors du développement de l’énergie photovoltaïque. « Nous avons fait le choix d’une stratégie plus lente, moins visible, consistant à créer une filière industrielle nouvelle, la filière de l’électrolyse, avec nos propres outils et nos propres fabrications » souligne Bruno Le Maire, Ministre de l’Économie.
Développer la mobilité à hydrogène, moins polluante
La deuxième partie du plan consistera à développer une offre de mobilité moins polluante.
Objectif : diminuer la proportion des transports “lourds” comme les camions, des trains non-électrifiés ou encore des avions, qui émettent trop de CO2.
27% du budget global sera ainsi consacré au développement de la mobilité hydrogène, soit environ 900 millions d’euros.
« Il faut qu’en 2035 nous ayons réussi à avoir un avion (…) neutre en carbone, et l’hydrogène est probablement l’option la plus prometteuse », a indiqué Bruno Le Maire.
Si la technologie plus “verte” existe déjà, elle n’est pas encore viable économiquement pour le moment et nécessite encore du travail avant d’être généralisée.
Pour le moment c’est le travail sur la pile à combustible qui est mis en avant pour transformer l’hydrogène en électricité et ainsi réduire le coût de son utilisation.
En effet, avec le mélange de l’hydrogène embarqué à bord d’un train cumulé à l’oxygène présent dans l’air ambiant, la pile à combustible préalablement installée dans la toiture du train permettrait de produire de l’électricité et donc de le faire avancer. Ces batteries récupèrent l’énergie utilisée lors de phases de freinage pour les redistribuer par la suite lors des phases d’accélération.
En Allemagne, Alstom fait circuler des trains à l’hydrogène depuis deux ans en essai et a enregistré des commandes d’une quarantaine de trains pour un lancement commercial dans les régions de Hambourg et Francfort d’ici 2022.
// À (re)lire : La SNCF sur les rails de l’hydrogène avec Alstom !
Avec le succès de ces essais Outre-Rhin, le train à hydrogène pourrait arriver prochainement en France.
Un prototype devait circuler avant la fin du mandat présidentiel d’Emmanuel Macron en 2022, mais le projet a pris du retard ; l’objectif a donc été repoussé à 2023 pour les prototypes et à 2025 pour les rames de série.
En ce qui concerne la voiture à hydrogène, la France a décidé d’attendre que l’ensemble des équipements (piles à combustible, réservoir, station de recharge…) puissent provenir d’usines françaises.
Un soutien à la recherche et à l’innovation
Pour financer la recherche en amont, un programme prioritaire de recherche (PPR) nommé “Applications de l’hydrogène” sera déployé avec une enveloppe de 650 millions d’euros.
Celui-ci permettra de développer la future technologie de l’hydrogène comme les piles, les réservoirs, les électrolyseurs, …
Pour trouver les projets industriels à financer en priorité, deux appels à projets à l’ADEME (l’agence de transition écologique) seront lancés.
Le premier sera consacré aux briques technologiques et démonstrateurs pour un budget de 350 millions d’euros jusqu’en 2023 et visera à améliorer les composants et les systèmes liés à la production d’hydrogène.
Le second concernera les projets de hubs territoriaux d’hydrogène pour un budget de 275 millions d’euros sur 3 ans et visera à “soutenir les déploiements des collectivités d’écosystèmes territoriaux de grande envergure” a précisé Barbara Pompili.
Ce volet succède au plan lancé en 2018 par Nicolas Hulot, d’un montant de 100 millions d’euros et qui était essentiellement basé sur le financement de petites expérimentations à l’échelle locales.
Avec un financement plus large, le gouvernement souhaite aider les entreprises à investir dans la recherche, le développement et les démonstrateurs, mais surtout à passer de cette étape au stade industriel.
Le ministre de l’économie a insisté sur le fait qu’il avait une pleine confiance dans les entreprises françaises qui possèdent de grande capacités pour relever ces défis, en citant notamment Safran, Alstom et la SNCF (pour les transports), Faurecia, Symbio, Air Liquide, Schlumberger ou encore McPhy.
Le gouvernement prévoit également des mécanismes de financement de « compléments de prix » qui seront destinés à compenser les différentiels de prix présents entre le processus de production d’hydrogène “vert” souhaité aujourd’hui en comparaison à celui utilisé actuellement.
Cette stratégie pourrait coûter 325 millions d’euros par an avec une possibilité de financement à 40% par des fonds européens.
Ce plan hydrogène est « un choix qui engage les industriels » a insisté Bruno Le Maire.
“L’hydrogène est une opportunité stratégique pour massifier et accélérer la décarbonation des secteurs et des activités les plus difficiles à décarboner, en particulier dans l’industrie et le transport”, précisait de son côté Barbara Pompili,
Avec ce plan, le gouvernement espère créer entre 50 000 et 150 000 emplois directs et indirects en France, à une période où la population se heurte à un marché du travail surchargé.
Une transition progressive vers une énergie plus verte et rentable, une démocratisation de ses usages et une ambition globale pour le pays mais également pour l’Europe, et notamment l’Allemagne ; ces aspirations font partie à long terme du plan proposé.