La Chine dévoile un prototype de Maglev capable de rouler à 620 km/h
Temps de lecture : 5 min
Une équipe de scientifiques chinois vient de dévoiler mi-janvier un prototype de train à lévitation magnétique, capable de rouler à une vitesse de 620 km/h.
Conçu par des scientifiques de l’université de Chengdu, dans la province du Sichuan, ce train à sustentation magnétique (ou “Maglev”) devrait permettre à la Chine de concurrencer davantage le Japon sur ce terrain, notamment grâce à des technologies moins coûteuses.
Retour sur cette course au meilleur “Maglev” dans notre article de la semaine.
La technologie supraconductrice à haute température
Ce train à lévitation magnétique ne circule pas comme tous les autres trains.
En effet, il ne possède pas de roues, mais un coussin d’air à commande magnétique, qui lui permet de rouler rapidement.
Les frottements sur les rails réalisés par les roues, source de perte d’énergie et de vitesse sont ainsi éliminés grâce à cette technologie utilisant la force magnétique.
Plus précisément, cette technologie s’appuie sur une supraconductivité grâce à l’utilisation d’aimants supraconducteurs sur les trains d’un côté et d’électroaimants sur les voies de l’autre.
L’état de supraconductivité induit une annulation de la résistance électrique.
Ainsi, lorsque le train est en marche, le courant provoqué entre les voies, ainsi que la force qui en résulte, permettent aux rames de léviter à environ 10 cm.
Grâce à cette technologie, ces trains à sustentation magnétique, baptisés Maglev peuvent dépasser la vitesse du TGV, en roulant à plus de 400 ou 500 km/h.
En revanche, pour fonctionner, ce type de technologie requiert d’être utilisé dans des régions climatiques plutôt froides.
Pour faire fonctionner ce Maglev, ses concepteurs ont prévu d’utiliser de l’azote liquide au lieu de l’hélium liquide, couramment utilisé.
Une solution qui devrait nettement faire baisser le coût de fabrication des précédents prototypes, mais surtout un atout de taille face à son concurrent japonais le “Chuo Shinkansen”.
“Nous atteignons la superconductivité à une température légèrement plus haute. […] Mais le coût est cinquante fois moindre”, indique Deng Zigang, l’un des concepteurs. Avec cette technologie combinée à l’azote liquide, le train pourrait également léviter à l’arrêt, sans avoir à accélérer au préalable.
// À (re)lire : La Chine déploie son train autonome le plus rapide du monde
Une vitesse exceptionnelle pour un train plus léger
Ici, le prototype dévoilé par la Chine devrait rouler à une vitesse de croisière de 620km/h !
Les ingénieurs ont même indiqué que le train pourrait, à terme, atteindre une vitesse de 800 km/h.
Si le prototype est censé pouvoir atteindre la vitesse de pointe de 620 km/h, il ne pourra toutefois pas garder cette vitesse sur toute la distance de son trajet.
D’après les chiffres et estimations dévoilés, ce Maglev pourrait être capable de relier Pékin à Shanghai en un peu plus de deux heures, les deux villes étant séparées par 1 300 km.
Le train sera également bien plus léger que son concurrent japonais grâce à l’utilisation de la fibre de carbone pour les rames, pesant ainsi moitié moins qu’une locomotive de train à grande vitesse classique.
Un avantage qui permettra ainsi de réduire le coût des infrastructures, comme celui des ponts pour le passage du train par exemple et ainsi compenser le coût kilométrique du système Maglev HTS, qui dépasse celui d’un TGV classique de 6 à 12 millions d’euros environ.
Le même jour, les concepteurs ont également dévoilé un rail d’essai de 165 mètres destiné aux tests.
S’il s’agit pour le moment d’un prototype, ses concepteurs ambitionnent une mise en service commerciale d’ici 2027, soit la même année que la mise en service du Chuo Shinkansen.
// À (re)lire : Virgin veut son Hyperloop sur les rails pour 2025 !
Une forte concurrence entre la Chine et le Japon
Depuis de nombreuses années, la Chine et le Japon se livrent une véritable bataille dans le domaine des trains à grande vitesse.
Alors que le Japon est pour le moment en avance, en étant le fournisseur principal de nombreux projets mondiaux dans ce domaine, la Chine entend bien combler son retard sur le terrain des trains à sustentation magnétique, les Maglev.
En 2004, la Chine déploie le Shanghai Transrapid, le premier Maglev à usage commercial du monde. Cette ligne permet notamment de relier le centre-ville de Shanghai et son aéroport à une vitesse de 430 km/h.
L’année suivante, le Japon ouvre à son tour une ligne à sustentation magnétique de 9 kilomètres, mais avec un train pouvant aller au maximum à 100km/h. Il faudra attendre 2015, pour que le Japon l’emporte sur son concurrent avec un train magnétique pouvant rouler à 603 km/h, un record du monde.
Depuis, la Chine a annoncé le déploiement de son propre prototype, également capable d’atteindre la vitesse de 600 km/h, via China Railway Rolling Stock Corporation (CRRC), dont le déploiement a finalement pris plus de temps que prévu et dont la production devrait débuter en 2021.
Aujourd’hui, les deux pays rivalisent pour déployer ces trains à grande vitesse dans le reste du monde afin de favoriser les échanges entre les territoires grâce à une mobilité plus rapide entre les villes. Du côté du Japon, la Japan Railways a débuté un gigantesque chantier pour une ligne Chuo Shinkansen qui reliera Tokyo et Nagoya d’ici 2027, pour un total de 45 milliards d’euros. Sur cette ligne, les trains Maglev devraient atteindre une vitesse maximale de 505 km/h et relier les deux villes en 40 minutes contre 90 aujourd’hui. Un deuxième tronçon viendra compléter cette ligne jusqu’à Osaka d’ici 2037.
De son côté, la Chine a développé un train reliant Shanghai à la ville côtière de Ningbo qui devrait être opérationnel vers 2035, pour un investissement total de 15 milliards d’euros.
Les deux pays sont désormais au coude à coude pour le développement de ce type de train révolutionnaire.
Dans une Asie en pleine mutation, le train à grande vitesse s’est imposé peu à peu comme une solution moderne pour relier les territoires entre eux plus rapidement.
La force du Japon dans ce domaine a contraint la Chine à réaliser des avancées rapides pour développer ses propres Maglev, pour la population bien sûr, mais aussi et surtout pour des raisons économiques et géopolitiques, pour les futurs marchés intérieurs et mondiaux.
Pour savoir qui l’emportera dans cette course effrénée, il faudra encore patienter quelques années, et notamment 2027, date supposée de la mise en service de ce prototype. Si les deux projets venaient à se concrétiser, les trains à sustentation magnétique pourraient peut-être arriver jusqu’en Europe et pourquoi pas en France.
Reste à savoir s‘ils deviendront le train de demain face à L’Hyperloop, qui prévoit de son côté d’atteindre les 1000 km/h.