[Énergie renouvelables] La Chine a battu le record de production hydroélectrique en 2020 !

 

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Le record du monde de production hydroélectrique par barrage, c’est-à-dire la conversion de l’énergie hydraulique en électricité, vient d’être battu par la Chine.

Le barrage chinois des Trois Gorges, le plus grand du monde, a en effet produit près de 111.795 milliards de kWh sur l’année 2020, soit, à lui seul, un tiers de la production annuelle du parc nucléaire français.

Un nouveau record qui permet à la Chine d’avancer sur ses objectifs de diminution d’émissions de CO2 et qui démontre, une nouvelle fois, tout le potentiel de l’hydraulique !
On vous en dit plus dans notre article de la semaine.

 

 

Un nouveau record mondial pour la Chine

Depuis plusieurs années, la Chine s’affaire à construire de très grands barrages pour la production d’énergie hydroélectrique.
Aujourd’hui, l’hydraulique est l’énergie renouvelable la plus répandue au monde, devant l’éolien, le solaire ou encore les biocarburants…
Une énergie qui présente de nombreux avantages, tant économiques qu’environnementaux, et qui le prouve encore une fois avec ce nouveau record du monde.

Sur l’année 2020, le barrage des Trois Gorges, le plus grand barrage du monde situé sur le fleuve Yangzi Jiang en Chine, a produit 111,795 milliards de kilowattheures (kWh).
Un chiffre qui le place loin devant le précédent détenteur du record depuis 2016 : le barrage d’Itaipu au Brésil, avec 103 098 GWh.
À titre de comparaison, cela représente un tiers de la production d’électricité du parc nucléaire français sur 2020.
Notons en revanche que cela n’équivaut qu’à environ 3 % de la consommation électrique de la Chine.

Si cette dernière peut se vanter d’avoir réussi cet exploit, notamment sur une année 2020 marquée par une crise sanitaire sans précédent, notons que cela ne lui a pas demandé d’efforts conséquents. Ce record tient en effet surtout aux pluies diluviennes qui se sont abattues sur le pays, suralimentant ainsi le Yangzi et dopant la production d’électricité.

Ce barrage, exploité par la société China Yangtze Power, est en service depuis 2003 et alimente la plus grande centrale hydroélectrique du monde.
C’est le fournisseur principal d’électricité en Chine, chargé d’approvisionner l’est et le sud du pays.
Long de plus de 2,3 kilomètres et haut de 185 mètres, ce barrage est le plus grand ouvrage hydraulique au monde. Il est doté de 32 turbines d’une puissance de 700 MW chacune, ainsi que de deux plus petites de 50 MW.
Les grandes turbines, qui avoisinent les 6 000 tonnes, sont l’œuvre de constructeurs européens comme l’allemand Voith, l’autrichien Andritz ou encore le français Alstom. Leur capacité de production combinée est de 22,5 millions de kWh.

Le barrage est idéalement situé sur le plus important fleuve de Chine, long de 6 300 km pour un débit moyen de 30 000 m3/s.
Le Yangzi prend sa source directement à plus de 5 400 mètres d’altitude, sur le plateau du Tibet, avant de descendre ensuite vers l’Océan Pacifique, traversant ainsi la Chine d’est en ouest.

 

 

Une économie conséquente de charbon

Dʼaprès lʼexploitant du barrage, la “China Three Gorges Corporation”, cela aurait permis sur 2020 d’éviter la combustion de plus de 31 millions de tonnes de charbon ainsi que le rejet de 86 millions de tonnes de CO2.

Si la Chine sʼest récemment fixé des objectifs de réduction d’émission de CO2, la consommation du pays reste très carbonée.
Pour répondre aux besoins énergétiques grandissants de la population, le pays exploite encore beaucoup le charbon, avec la construction de nouvelles centrales à charbon. Celui-ci compte encore pour 62% dans le mix énergétique.

 

La France en retard sur l’hydraulique…

Du côté de la France, l’hydraulique reste encore trop sous-exploitée, bien qu’elle soit la première source d’énergie renouvelable du pays avec 12,4% de l’électricité consommée en 2018. 

Le développement du parc hydroélectrique reste très faible, malgré ses nombreux avantages, notamment à cause d’un soutien économique plus faible que pour d’autres énergies renouvelables, mais surtout de l’ouverture à la concurrence réclamée par la Commission Européenne.
En effet, les barrages hydroélectriques français sont la propriété de l’Etat à 100% et sont attribués en grande partie à EDF qui détient à peu près 80% des 400 centrales hydrauliques du pays, mais également à Engie.
Face à cette position dominante sur la marché français, la Commission Européenne réclame depuis déjà une dizaine d’années que les contrats de concession arrivés à échéance ainsi que ceux qui le seront bientôt fassent l’objet d’une mise en concurrence.

Malgré de nombreuses oppositions de la part d’investisseurs privés intéressés par ces barrages, le gouvernement justifiait son choix par le fait que, pour le moment, seul EDF proposait des garanties assez sérieuses en matière de gestion des risques sécuritaires, de soutien à l’économie et à l’emploi et de prise en compte effective de la diversité des usages de la ressource en eau.
Ces nombreux débats ont donc malheureusement freiné le développement et la croissance de cette énergie.

Pourtant, celle-ci comporte de nombreux avantages, y compris face à d’autres énergies renouvelables comme l’éolien ou le solaire : il s’agit d’une source d’énergie qui n’est pas aléatoire.
Bien qu’elle soit intermittente et ne soit donc pas capable d’alimenter le réseau en permanence, ces barrages sont à même de produire de l’électricité à la demande en fonction des besoins.
L’énergie produite peut être stockée et libérée lorsque la demande en électricité augmente. Un avantage qui n’est pas encore possible avec des éoliennes ou des panneaux photovoltaïques, bien que de nombreux acteurs travaillent sur le sujet.

En octobre dernier, EDF mettait en service son dernier grand projet hydroélectrique en date : le barrage Romanche-Gavet. Un barrage bien plus performant que ses prédécesseurs, puisqu’il est capable d’assurer la consommation en électricité de 230 000 personnes. Ce chantier de 400 millions d’euros qui a nécessité dix ans de travaux, signerait peut-être le renouveau de l’investissement français dans l’hydroélectrique.

// À (re)lire : [Énergie] Zoom sur la nouvelle centrale hydroélectrique souterraine d’EDF

 

Avec ses nombreux avantages, l’hydraulique tient une place de plus en plus grande au sein de nombreux projets très ambitieux dans des pays comme la Chine, premier producteur mondial d’hydroélectricité, et même des continents comme l’Asie ou encore l’Afrique.
La Chine envisage de déployer davantage cette technologie en construisant un barrage d’une capacité de production de 60 GWh sur le Yarlung Tsangbo, un fleuve qui part du Tibet et qui traverse l’Inde et le Bangladesh.

Le nombre grandissant de projets basés sur l’hydraulique montrent la volonté des gouvernements d’orienter davantage leurs investissements vers des solutions plus vertes et donc plus respectueuses de l’environnement.

  

 

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