[Covid-19] Des solutions innovantes pour aider les soignants

Face à la pénurie de matériel médical à laquelle font face de multiples établissements, de nombreuses personnes et entreprises se mobilisent et proposent leurs aides. 

Certaines entreprises ont ainsi reconverti leur production pour fournir aux hôpitaux et aux personnels soignants des produits essentiels en ces temps de crise : masques, gels hydroalcooliques et respirateurs.

D’autres sociétés fournissent aux ingénieurs du matériel leur permettant d’innover et de créer des solutions temporaires.
C’est le cas de Decathlon. L’équipementier sportif a mis à disposition des ingénieurs l’ensemble de ses masques de plongée, afin de leur permettre de les modifier pour les adapter aux besoins du moment.

Quant aux particuliers, certains se retroussent les manches pour fabriquer eux-mêmes des masques. L’objectif reste le même : assurer aux personnes en première ligne une sécurité optimale. Ces particuliers peuvent notamment compter sur des documents Open Source leur permettant d’obtenir des masques grâce à l’impression 3D.

Retour sur cette mobilisation massive et ingénieuse dans notre article de la semaine.

 

 

Les Masques “Easybreath” de Decathlon

Initialement destiné au snorkelling, à l’observation des fonds marins et des espèces vivantes sous-marines, le masque “Easybreath” de Decathlon s’offre un second souffle en cette période de pandémie. En effet, il s’avère être une alternative pour lutter contre la pénurie de masques que subit actuellement la France et ses pays voisins.

Le 31 mars dernier, Decathlon annonçait retirer ses masques de plongée de la vente afin de réserver et distribuer tout le stock disponible au personnel soignant. Ces 30 000 exemplaires ont été expédiés gratuitement aux établissements hospitaliers.

Ces masques ont permis à certains ingénieurs de fabriquer des équipements de protection individuelle ou encore des équipements pour la respiration.

Après plusieurs tests et dispositifs imaginés et ajoutés par des équipes de chercheurs et d’ingénieurs, “Easybreath” a été validé : c’est maintenant une réelle alternative aux masques dits “classiques”. De fait, il comporte deux équipements : un filtre à air pour éviter le transfert de micro-organismes et un adaptateur imprimé en 3D.

Initié par l’Université de Stanford aux Etats-Unis, ce projet a fait l’objet d’un consortium composé du CNRS, CHRU de Brest, CH de Saint-Malo. Sa participation a permis de penser des solutions dans le but de « développer et de produire, en urgence et à grande échelle (…) un adaptateur pour filtres antiviraux qui se fixe aux masques de snorkeling EasyBreath ».

Le dispositif fonctionne avec tous les filtres antiviraux standards disponibles dans les hôpitaux. « Pour faire suite à ces premiers envois de masques, 25 000 adaptateurs seront expédiés dès aujourd’hui », indique le communiqué en date du 14 avril.

Naturellement, ce dispositif est pour le moment réservé exclusivement aux centres hospitaliers. « Cet équipement a été conçu pour être porté uniquement par les professionnels de réanimation à l’hôpital car seul l’hôpital permet d’en respecter les conditions d’utilisation, et en particulier, de désinfection. Il est destiné à être un substitut réutilisable aux équipements de protection individuelle réglementaires (masques et lunettes), lorsqu’il n’existe pas d’autre moyen de protection approprié. », précise le communiqué de l’entreprise.

Le groupe Safran, associé au groupe d’ingénierie Segula Technologies, a également mis au point un adaptateur grâce auquel le masque “Easybreath” devient un véritable équipement de protection contre les risques d’aérosolisation (comme les très petites goutelettes transportées dans l’air et pouvant être inhalées).
Deux filtres ont été placés sur les voies hautes et basses du masque. Ils peuvent filtrer jusqu’à 99,9% du virus présent dans l’air.
Avant d’être validé à la distribution, différents tests ont été réalisés en milieu hospitalier par l’Institut de Recherche Biomédicale des Armées.

Le groupe Safran a aussi précisé que le masque modifié pourrait être attribué aux patients souffrant de troubles respiratoires. « La voie haute filtre l’expiration, ce qui limite la contamination de l’environnement (…), indique Safran, la voie basse étant équipée d’un kit d’assistance respiratoire. ».

En Italie, le masque de Décathlon a aussi été mis au premier plan au niveau des solutions respiratoires.
Le pays étant tout autant touché par le manque de matériel, si ce n’est plus, le Dr Renato Favero et l’entreprise Isinnova ont uni leurs efforts. Objectif : construire un masque respiratoire d’urgence en adaptant le EasyBreath. Ils y ont donc ajouté un nouveau composant pour le montage de l’embout buccal, voué à être connecté à un équipement hospitalier.

Alessandro Romaioli, Ingénieur des Matériaux à Isonnova, précise : « Nous avons analysé la proposition avec le médecin et conclu que le masque Decathlon Easybreath était celui qui convenait le mieux à nos besoins, car il est très courant: chez Decathlon, on nous a dit qu’ils en avaient des dizaines de milliers en stock, et ils nous ont fourni le dessin CAO du produit ».

Là encore, Décathlon, qui a eu connaissance de ce projet, a décidé de donner 10 000 masques de plongée réservés aux soins intensifs. « Dans une situation d’urgence et en période d’extrême pénurie d’aides respiratoires ordinaires, en attendant les tests et essais en cours au Politecnico di Milano et sur la base des résultats du brevet Isinnova Company, nous avons décidé de faire don de 10000 unités de nos masques de plongée Easybreath dans les régions italiennes, responsables de la santé publique. La clé de répartition utilisée sera la redevance d’accès généralement adoptée pour la distribution des fonds publics. », a précisé Decathlon Italia.

 

// À (re)lire : [Covid-19] Ces entreprises qui reconvertissent leur production

 

 

Les masques visières via impression 3D

 

Toujours pour soulager au mieux le personnel soignant, des initiatives pullulent : fabrication artisanales de protections via imprimantes 3D, confection de masques en tissu…

Entreprises comme particuliers s’activent pour produire des visières de protection par impression 3D.
Un effort collectif rendu possible par les plans numériques validés de ce type de protection. Ces plans digitaux ont été mis en ligne par de nombreuses entreprises.

Dans de nombreuses régions comme la Savoie, l’Occitanie, la Manche ou encore le Grand-Est, les entreprises s’associent pour fabriquer quotidiennement des milliers de visières. Les entreprises qui disposent du matériel nécessaire à la fabrication sont sollicitées.

Dans la Marne et dans les Ardennes, la société 3D Morphoz et le bureau d’études Reccal ont produit un prototype de visière de protection. En réunissant plus d’une quinzaine de personnes et d’entreprises, la société produit plus de 150 visières par jour vers les hôpitaux voisins.

La start-up Athletics 3D, spécialisée dans la conception de matériel de biathlon pour les sportifs, a également décidé de répondre à l’appel de la Commission Européenne. Elle fabrique donc des visières grâce à ses 10 machines d’impression 3D.
« L’idée m’est venue en voyant les italiens confectionner des masques par impression 3D pour lutter contre la pénurie, explique Clément Jacquelin, fondateur et président de la start-up. Plutôt que de laisser nos 10 machines d’impression 3D dormir pendant le confinement, j’ai voulu faire quelque chose d’utile et contribuer à sauver des vies. ».

Pour pouvoir fabriquer ces équipements, il faut posséder la matière première indispensable à la réalisation de ces masques : un plastique chargé en nanoparticules de cuivre aux propriétés antivirales et antibactériennes. Pour l’acheter, des internautes ont alors décidé de créer une cagnotte en ligne pour aider la start-up.
En 4 jours, Athletics 3D a ainsi pu collecter 10 000 euros, lui permettant de lancer rapidement la production.

Dans l’Aude, la start-up carcassonnaise Zoltan 3D a elle aussi dédié ses 10 imprimantes 3D à la réalisation de visières. Le 3 avril dernier, 500 visières avaient déjà été distribuées.

Le Futuroscope, dans la Vienne, s’est aussi attelé à la fabrication de visières pour livrer en masse le CHU de Poitiers.

Afin d’apporter une aide aux particuliers mobilisés de leur propre chef à fabriquer ces visières 3D, de nombreux sites web ont été créés en support. Certains mettent à disposition de nombreux tutoriels pour apprendre à réaliser ces masques à domicile.
D’autres supports web permettent de mettre en relation ces fabricants particuliers avec des soignants qui réalisent des commandes. C’est le cas d’une plateforme créée par la Youtubeuse Heliox, qui réunit les volontaires et les soignants dans le besoin. Elle compte déjà 4 000 fabricants inscrits pour un total de 1 800 visières distribuées. (Heliox @Heliox_Lab).

Les réseaux sociaux ont également vu la naissance de différents groupes ou posts ayant pour but de connecter les « makers » et le personnel soignant. De plus, un appel a été lancé aux entreprises d’imprimante 3D, car les filaments imprimés parces machines sont nécessaires à la réalisation de ces visières. Les entreprises ont été invitées à faire des dons aux fabricants volontaires.

 

 

Toutes ces initiatives s’observent de plus en plus et un peu partout. La générosité de chacun, y compris des particuliers, permet de venir en aide à ceux qui sont en première ligne. En France comme dans le reste du monde, on assiste à une véritable mobilisation générale pour venir en aide aux personnels soignants et aux personnes souffrantes.


Un effort collectif qui s’appuie sur l’effort de nos sociétés, le talent de nos ingénieurs et la générosité du plus grand nombre.
Ensemble, ils développent des solutions ingénieuses et innovantes, qui permettront à coup sûr de sauver de nombreuses vies.

 

 

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