[Covid-19] Ces entreprises qui reconvertissent leur production

 

Face à la situation de pandémie que nous vivons actuellement, la France peut compter sur le soutien d’un grand nombre d’entreprises prêtes à participer à l’effort collectif contre cette “guerre sanitaire”. 

La pénurie de masques, de gel hydroalcoolique, ou de respirateurs expose davantage le personnel au Covid-19. C’est aussi valable pour tous les salariés qui se rendent encore sur leurs lieux de travail.

Heureusement, pour y pallier et pouvoir fournir ces produits de première nécessité à tous ceux qui en ont besoin, nombreuses sont les entreprises qui n’hésitent pas à se mobiliser.
Elles ont en conséquence adapté leurs usines et certaines lignes de production afin de fournir aux hôpitaux et au personnel soignant ce dont ils ont cruellement besoin. Des efforts plus que louables ! 

On fait le point pour vous.

 

 

Des reconversions strictement encadrées…

 

Pour être en mesure de répondre correctement aux besoins actuels sans devenir de nouveaux foyers propices à la diffusion du virus, les entreprises volontaires pour aider doivent tout de même répondre à certaines normes et être bien informées.

Les demi-masques filtrants contre les particules et les masques à usage médical unique doivent en effet respecter des caractéristiques bien précises. Celles-ci sont détaillées via deux normes européennes, la NF EN 149+A1 et NF EN 14683+1C. 

Ces normes précisent les exigences de fabrication, de conception ainsi que de performance des masques. Elles correspondent aussi aux essais auxquels il doivent être soumis par la suite. 

Le 27 mars 2020, l’Afnor (l’Association française de normalisation) a annoncé la mise à disposition d’un mode d’emploi de fabrication de “masques barrières”. Ces masques sont destinés à la population et aux salariés et ils pourront être fabriqués et utilisés par les salariés des entreprises reconverties durant cette période.
Bien que ces masques barrières ne soient pas voués à remplacer les masques FFP2 et chirurgicaux, l’Afnor précise que “le masque barrière vise à équiper tout un chacun lors des déplacements et au travail. Il contribuera à la continuité du fonctionnement de notre pays et à la reprise d’activités de toutes les entreprises et organismes au sens large. Dès à présent, tout organisme peut l’utiliser pour passer commande à des fabricants.”

Du côté des gels hydrolacoliques, également en rupture d’approvisionnement, un arrêté ministériel du 13 mars permet à certains établissements d’en fabriquer. C’est le cas : 

  • des établissements pharmaceutiques de fabrication de médicaments à usage humain
  • des établissements de fabrication de produits cosmétiques
  • de quelques établissements de fabrication de produits biocides
  • des installations classées pour la protection de l’environnement, soumises à autorisation ou enregistrement au titre du code de l’environnement

Voici quelques exemples d’entreprises ayant modifié leur ligne de production (liste non-exhaustive).

 

 

La production de masques

 

Le 29 mars, 5,5 millions de masques commandés par le gouvernement français (3 millions) et par le groupe LVMH (2,5 millions) sont arrivés à Roissy.
A à ce jour, la France a commandé  plus d’un milliard  de masques de protection au total, notamment à la Chine.

L’industrie textile se mobilise 

 

Les entreprises de textile françaises s’organisent et se mobilisent massivement pour fabriquer des masques en fibres de coton et des masques en coton non-tissé.

Outre le groupe LVMH, de plus petites structures s’impliquent, à l’image de la PME drômoise 1083. Habituellement, celle-ci fabrique des jeans et des baskets.
On a étudié comment réorganiser notre atelier de confection de jeans pour fabriquer à la place des masques. Mardi matin, on sortait les premiers prototypes et on recevait les premières commandes. Dès mardi après-midi, on les livrait aux professionnels de santé qui nous avaient contacté.” explique Thomas Huriez, son président.

Mais 1083 est loin d’être la seule à apporter sa contribution.

L’entreprise textile Tuffery, basée à Florac (Lozère), s’est également reconvertie dès le 16 mars dans la fabrication de masques en tissus.
Nous avons conçu un patron, et les masques sont fabriqués avec du polycoton, toile du fond des poches de jean, et des biais pour les attaches. Ce sont des protections barrières simples, mais cest mieux que rien…” explique son dirigeant, Julien Tuffery.

Le Pôle textile d’Alsace, basé à Mulhouse, s’est également mobilisé en sollicitant l’aide du Pôle BioValley France.
En réponse à la demande de lindustrie textile, nous avons mobilisé le réseau des adhérents de BioValley France ainsi que nos carnets dadresses” indique Karine Goupy-Ollivier, Chargée d’Innovation au sein du Pôle.
Nous avons reçu de très nombreuses réponses techniques et médicales, de façon à garantir la production de masques efficaces et répondant aux spécificités techniques pour lobtention des labels règlementaires. Ces éléments sont transmis au pôle textile qui gère les contacts avec les industriels du secteur”.

Quelques points sont encore à régler avant le lancement de la production. Par exemple, la stérilisation des masques : elle demandera en l’occurrence la compétence de l’Université de Reims.

 

L’impression 3D en renfort

 

Par ailleurs, l’impression 3D est également de plus en plus envisagée dans ce contexte de crise sanitaire. 
Ainsi, les regards se tournent vers laméricain “Copper 3D”, spécialisée dans l’impression 3D anti-microbienne. L’entreprise a mis en ligne les plans d’un masque N95 à imprimer en 3D.
Cependant, ce masque N95 doit encore être testé afin d’être utilisé en conditions réelles.

Au sein de l’usine Renault de Flins (Yvelines), une vingtaine de prototypes de visières protectrices imprimées en 3D ont été fabriqués. Après certification, ils pourront, être utilisés par les centres hospitaliers.


// À(re)lire : [Covid-19] Ces industries clés qui ne cessent de tourner malgré le confinement

 

 

La production de gel hydroalcoolique

Laboratoires pharmaceutiques et groupes de spiritueux

Les laboratoires Lehning, spécialistes en homéopathie et phytothérapie, ont décidé de dédier entièrement l’une de leurs lignes à la fabrication de solutions hydroalcooliques.

De ce fait, le siège de l’entreprise situé en Moselle a produit plus de 6 000 litres de produits antiseptique.
La production a pu démarrer rapidement grâce aux stocks d’éthanol industriel employés par l’entreprise pour la conservation des plantes.
Ces flacons de gel hydoalcoolique sont destinés à l’Établissement français du sang, ainsi qu’aux hôpitaux de Metz et de Nancy.

Les Laboratoires Boiron, Sanofi ou encore Pierre Fabre ont également lancé des productions similaires sur certains de leurs sites, ou contribué à la fabrication de certains des composants.

Sur un autre secteur, le sucrier français Tereos va également produire du gel hydroalcoolique dans cinq de ses distilleries. Ce gel sera offert au laboratoire Cooper, distributeur des pharmacies françaises.

Du côté des spiritueux, le groupe Pernod-Ricard a également annoncé qu’une partie de sa production serait réorientée vers le gel hydroalcoolique ainsi que l’alcool entrant dans la composition du gel.

 

Cosmétiques

Dans le secteur des cosmétiques, la Febea (fedération professionnelle du secteur cosmétiques) assure que “de nombreux adhérents se sont montrés volontaires pour lancer une production de gels hydroalcooliques”. 

« Cela signifie, pour beaucoup, la création complète d’une nouvelle ligne de production et le transfert de leur production habituelle vers la production de gel », indique-t-elle.

L’Oréal, numéro un mondial des cosmétiques, s’est aussi lancé dans la production de gel hydroalcoolique. Le géant précise s’apprêter à intensifier sa “production en quantités importantes dans les prochaines semaines” avec ses marques La Roche-Posay et Garnier. Ceux-ci sont principalement à destination des hôpitaux et EHPAD. Ils seront également attribués aux salariés et clients européens de la distribution alimentaire.

Le groupe français de luxe LVMH, déjà mobilisé pour les masques, s’est aussi adapté. « C’est assez basique de faire du gel hydroalcoolique, il faut des matières premières que nous utilisons déjà”, explique un porte-parole du groupe. Et notamment “de l’alcool similaire à celui que nous utilisons pour nos parfums”, ajoute-t-il.

Après avoir réalisé plusieurs tests, une formule a été validée avec la pharmacie centrale de l’AP-HP (Assistance publique – Hôpitaux de Paris). Cette nouvelle production a démarré sur trois sites de parfumerie : Guerlain à Orphin (Yvelines), Christian Dior à Saint-Jean-de-Braye (Loiret) et Givenchy à Beauvais (Oise).
Ces gels hydroalcooliques iront vers les hôpitaux, les maisons de retraite, mais aussi vers les commerces encore ouverts.

 

 

Les aides respiratoires

 

Concernant les aides respiratoires, où les besoins sont très importants pour la forme la plus grave du Covid-19, plusieurs projets sont en cours de déploiement.
Les craintes de manquer de lits de réanimation, et donc de respirateurs, grandissent de jour en jour face à la pandémie.

En réponse, les acteurs du secteur automobile sont fortement mobilisés.

Renaut Espagne propose ainsi d’améliorer un prototype de valve de respirateur artificiel à imprimeer en 3D. Cette proposition est actuellement en attente de validation par le ministère espagnol de la Santé. Suite à quoi une potentielle production en série pourrait alors démarrer.

Un vaste projet de fabrication de respirateurs pour les hôpitaux se prépare. Les entreprises mettent à disposition leur savoir-faire. “Michelin les a aidés sur les joints, ST Microelectronics les a aidés avec des cartes électroniques. Nous, on les aide pour l’industrialisation, les approvisionnements des pièces avec les acheteurs, avec nos logisticiens” et “les personnes de Renault Formule 1 ayant des compétences qui ont l’air intéressantes, vont aider dans le cadre de ce projet”, a déclaré à France Info Éric Marchiol, Chargé de l’Usine du Futur chez Renault.

PSA travaille avec Air Liquide, seul producteur français de réanimateurs. Objectif : ici encore, accélérer la création de ventilateurs.
Avec le ministère de la Santé, ce dernier a mis en place une ligne d’assemblage supplémentaire. La production devrait être multipliée par trois en avril et par quatre en mai.

Pour le moment, aucun de ces projets n’a encore abouti puisque leur réalisation demande plus de temps que celle des masques ou des solutions hydroalcooliques.

 

 

Malgré cette crise sanitaire, le personnel medical (en première ligne) ainsi que les OIV (Opérateurs d’Intérêt Vital), ne peuvent cesser leur activité. Ces derniers maintiennent le bon approvisionnement du pays. A l’instar de ces héros modernes, les entreprises citées en exemple font face à l’urgence.

Françaises comme étrangères, ces sociétés démontrent toutes leurs compétences et leur capacité d’adaptation à travers un formidable effort collectif. Elles sont un exemple pour beaucoup d’autres entreprises.

 

 

Prêt.e à rejoindre la Ruche ?
Cliquez-ici