Premier pas sur le marché de l’Hydrogène pour EDF !

 

Le 1er juin dernier, Nicolas Hulot, ministre de la transition écologique et solidaire, présentait son « Plan Hydrogène » pour la France. Un plan qui prévoit de débloquer une enveloppe de 100 millions d’euros en 2019 pour « faire de la France un leader mondial de cette technologie ».

Quatre jours seulement après la présentation de ce plan, EDF vient d’annoncer son lancement sur le marché de l’hydrogène en France, via un partenariat avec la société McPhy, spécialisée dans la production et le stockage d’hydrogène.

L’occasion pour nous de vous en dire plus sur les premiers pas du géant de l’électricité sur ce marché, mais aussi de revenir sur ce fameux « Plan Hydrogène » et ses objectifs.

 

 

 

EDF devient le premier actionnaire de McPhy !

 

Dans un communiqué publié mardi soir, EDF a annoncé la signature d’un partenariat avec la société McPhy, dont il va acquérir 21,7% des parts, via sa filiale EDF Nouveaux Business.

Le communiqué est disponible en intégralité ICI.

 

Ce partenariat, industriel et commercial, se traduira par un investissement de 16 millions d’euros (soit 5,10€ / action) via une augmentation du capital réservée de McPhy et aura pour objectif de développer la production, le stockage et la distribution hydrogène décarboné en France et à l’international.

Créée il y a 10 ans dans la Drôme, McPhy compte ainsi « renforcer son développement commercial et remporter de nouveaux clients en France et à l’international », grâce à la« position d’EDF dans ses marchés stratégiques en Europe, aux Etats-Unis et en Chine ».

De son côté, l’électricien pourra ainsi proposer à ses clients «de nouveaux services leur permettant de réduire leur empreinte carbone et d’accroître leur compétitivité ».

Cédric Lewandowski, Directeur Exécutif du Groupe EDF précise dans le communiqué que « Ce partenariat constitue une première étape qui permettra ainsi à EDF d’accélérer son arrivée sur ce nouveau marché en pleine croissance et créateur d’emplois en France et dans le monde ».

 

 

 

Quels enjeux pour l’Hydrogène vert ?

 

Aujourd’hui, le marché de l’hydrogène représente un peu plus de 50 millions de tonnes dans le monde, dont 10 rien que pour la France.

L’hydrogène est principalement utilisé par les raffineries, les usines chimiques ou encore les verreries.

Problème : 95% est encore fabriqué à partir d’hydrocarbures et donc d’énergies fossiles.

Ce qui implique que pour 1 kilo d’hydrogène fabriqué, 13 kilos de CO2 sont relâchés dans l’atmosphère. En France, cela représenterait 3% des émissions de CO2 annuelles.

L’enjeu est donc ici de développer la production d’un hydrogène plus propre, dit « hydrogène vert » ou « hydrogène décarboné »  c’est-à-dire de l’hydrogène créé à partir d’énergies renouvelables, par électrolyse de l’eau.

 

 

L’hydrogène vert, véritable vecteur de la transition énergétique !

 

Avant toute chose, cet hydrogène doit permettre à la France d’accélérer et de réussir sa transition énergétique.

Grâce à ses nombreuses propriétés, il constitue un véritable atout pour l’indépendance énergétique de la France, d’autant plus que notre pays est à la pointe de cette technologie.

 

Atouts et utilisation de l’hydrogène :

 

  • alimenter tout type de véhicules (voitures, bus, poids lourds, bateaux, trains, etc), grâce à l’utilisation d’une pile à combustible, qui transforme l’hydrogène en électricité et en eau, sans dégager ni CO2 ni autres polluants.
  • recycler une partie du CO2
  • rendre les processus industriels plus propre
  • produire de la chaleur
  • décarbonner le gaz naturel
  • permettre de stocker à grande échelle l’électricité, et notamment celle créée par les énergies renouvelables,  c’est-à-dire produite par l’éolien, le solaire ou encore l’hydraulique, pour la réinjecter ensuite lors des pics de consommation

 

Pour rappel, ce dernier point est crucial dans le cadre de la transition énergétique française.

Rappelons aussi que la France a pour objectif d’atteindre les 40% d’énergies renouvelables dans son mix énergétique d’ici 2030, ce qui nécessite une évolution rapide des réseaux de transport et de distribution pour permettre le stockage et l’intégration de la production d’électricité verte dans le système électrique globale.

 Voir notre article « Où en sont les énergies renouvelables en France en 2018 ».

 

Que prévoit le « Plan Hydrogène » du gouvernement ?

 

Le « plan hydrogène », établi par la DGEC (Direction Générale de l’Énergie et du Climat) et le CEA (Commissariat aux Énergies Atomique et Alternatives) et présenté par Nicolas Hulot vendredi dernier, liste 14 mesures, dont voici les principales :

 

Développer la production et le stockage :

Ce plan vise tout d’abord à lancer très rapidement des expérimentations pour la production de l’hydrogène vert, ainsi que son stockage, notamment dans les territoires isolés.

Il prévoit également plusieurs études pour identifier et mesurer l’efficacité de l’hydrogène au sein du réseau de stockage et de distribution global.

 

Préparer l’arrivée du procédé « power-to-gas »

 

Le procédé « power-to-gas » va permettre de convertir l’électricité verte (donc issue des énergies renouvelables).

Concrètement, il s’agit de pouvoir stocker la surproduction des énergies renouvelables, grâce à leur transformation en hydrogène ou en méthane de synthèse.

Ce projet, qui vise à valoriser l’électricité «verte», permettra d’apporter une certaine flexibilité au système énergétique, à travers la production d’hydrogène, et de maximiser la part d’énergies renouvelables intégrées dans la consommation d’énergie française. Le «Power-to- Gas» apporte ainsi une solution à l’intermittence des énergies renouvelables.

Le plan hydrogène va offrir la possibilité aux différents acteurs (transporteurs et distributeurs de gaz) de déterminer les conditions techniques et économiques acceptables d’injection de l’hydrogène dans le réseau de gaz.

Un rapport intermédiaire à ce sujet est d’ailleurs attendu d’ici la fin de l’année.

 

Accompagner le développement de l’hydrogène sur les réseaux routiers, maritimes, ferroviaires et aériens

Le plan vise à déployer tout un écosystème autour de l’hydrogène, ce qui amènera une modification en profondeur du secteur des transports.

Il prévoit ainsi d’impulser la mise en circulation de flottes de véhicules professionnels avec :

  • 5 000 véhicules utilitaires légers et 200 véhicules lourds (bus, camions, TER, bateaux) ainsi que la construction et la mise en place de 100 stations alimentées en hydrogène (contre 20 aujourd’hui) d’ici à 2023
  • 20 000 à 50 000 véhicules utilitaires légers, 800 à 2000 véhicules lourds et de 400 à 1000 stations à l’horizon 2028.


D’autre part, ce plan prévoit le lancement d’une mission parlementaire 
pour estimer rapidement la place de l’hydrogène sur le secteur du rail, mais aussi pour le secteur maritime et celui de l’aéronautique, afin d’identifier les éventuels obstacles au développement et y apporter des solutions.

 

Fixer des objectifs pour la filière industrielle :

 

En terme de proportion d’hydrogène vert dans l’hydrogène industriel, le plan du gouvernement fixe deux objectifs :

  • atteindre 10% d’hydrogène décarbonéd’ici 2023
  • atteindre 20 à 40% à l’horizon 2028

 

 

 

 

Avec cette feuille de route, la France entend mobiliser différents acteurs, notamment ceux des secteurs de l’énergie et des transports, pour conserver un rôle clé et une position centrale sur le marché de l’hydrogène à l’international.

 

 

 

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