[Navale] Quatre SNLE de 3ème génération en service d’ici 2035 !


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Lors d’une visite au centre d’essais de la Direction générale de l’armement situé à Val-de-Reuil, dans l’Eure, le 19 février dernier, la Ministre des Armées, Florence Parly, a annoncé le lancement du programme de la conception des successeurs des Sous-marins Nucléaires Lanceurs d’Engins (SNLE) actuels de la classe “Le Triomphant”.

Au nombre de quatre, ces futurs SNLE de 3ème génération permettront à la France d’améliorer sa force de dissuasion au sein de la FOST (Force Océanique Stratégique Française) et devraient entrer en service à partir de 2035.

 

 

Un remplacement de la flotte actuelle pour 2035

En 1971, la France s’apprêtait à mettre en service son premier SNLE de la classe “Le Redoutable”, suivi par cinq autres bâtiments et auxquels succédèrent ceux de la classe “Le Triomphant” mis en service respectivement entre 1997 et 2010.
Cette deuxième génération de SNLE français, dont le port d’attache est basé à l’île Longue, en rade de Brest, fait partie de la FOST, en complément de six sous-marins nucléaires d’attaques (SNA).
Pour rappel, la durée de vie d’un sous-marin étant estimée à une quarantaine d’années, ces quatre sous-marins devront être remplacés à partir de 2035.

C’était donc l’objet de l’annonce de Florence Parly, indiquant que la conception des SNLE de 3ème génération était désormais officiellement lancée.

J’ai le plaisir de vous annoncer aujourd’hui le lancement en réalisation du programme (…), quatre sous- marins dont les performances remarquables permettront de garantir, dans la durée, la crédibilité opérationnelle de la composante océanique de notre dissuasion” indiquait la Ministre des Armées.

La dissuasion “interdit à l’adversaire de miser sur le succès de l’escalade, de l’intimidation ou du chantage et en cela, elle a une vocation profondément pacifique”, a-t-elle rappelé.

Au minimum, la France maintient en permanence un SNLE à la mer, et un deuxième bâtiment peut y être également ou être susceptible d’y être mis rapidement. Un troisième est prévu pour éventuellement participer en plus à la posture mais avec un délai plus long. C’est pour assurer cette permanence en mer que le format de quatre SNLE a été choisi.

Le projet, qui devrait coûter plusieurs milliards d’euros, est piloté par la Direction générale de l’armement (DGA), en tant que maître d’ouvrage et le Commissariat à l’énergie atomique.
Les premières études de ces futurs SNLE ont déjà débuté il y a quelques années, permettant aujourd’hui à la phase de conception de prendre le relais avec à sa tête Naval Group et Technic Atom.
Celle-ci devrait durer environ cinq ans, pour une première mise en service qui devrait intervenir en 2035.

Ces submersibles sont prévus pour des élongations longues, et ont donc vocation à naviguer jusqu’en 2080, 2090.

 

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Des SNLE améliorés à tout point de vue

Plus longs que leurs prédécesseurs, avec 138 mètres contre 128, mais également plus lourds avec presque 15 000 tonnes en plongée, ils seront composés d’un équipage mixte de 110 personnes qui embarquera à bord du sous-marin pour une durée de trois mois sous les océans en autonomie complète.

Côté technique, l’accent est mis sur la furtivité et la discrétion acoustique. Le nouveau SNLE “entendra mieux et se défendra mieux, tout en étant plus silencieux : il ne sera pas plus bruyant qu’un banc de crevettes”, selon Florence Parly. 

Le pari est de taille, puisqu’il faudra anticiper les ruptures dans les technologies de détection sur le long terme. Pour leur permettre d’être plus furtif et plus performants, les futurs SNLE seront dotés des dernières technologies en matière de communication et de détection des sonars ennemis.

Pour atteindre ces promesses de discrétion acoustique et magnétique améliorée, de nombreux tests auront lieu au cours de la période de conception au sein du centre d’essais de Val-de-Reuil, où la DGA détient de nombreuses installations permettant de tester les maquettes, comme des bassins de tractions, des grands tunnels hydrodynamiques, ou encore des simulateurs numériques.

Chaque SNLE de 3ème Génération sera armé de 16 missiles stratégiques M-51, composés de dix têtes nucléaires, et sera équipé de moteurs à propulsion nucléaire afin d’être réactif en cas d’attaque.

Naval Group s’occupera de construire un SNLE tous les cinq ans. Un chantier complexe, qui représentera des millions d’heures de travail pour le groupe et les 200 partenaires du projet.

 

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Une nécessité face à la concurrence internationale

Cette annonce s’inscrit dans la stratégie nucléaire de la France, qui considère la dissuasion nucléaire comme son assurance-vie face aux menaces contre ses intérêts.

Si le pays ne lésine pas sur les moyens, c’est parce que toutes les puissances nucléaires détiennent également leurs propres sous-marins, ou comptent bien les développer ou renouveler dans les années à venir.
Pour rappel, seuls six pays disposent aujourd’hui de sous-marins nucléaires : les Etats-Unis, la Russie, le Royaume-Uni, la France, la Chine, et plus récemment l’Inde.

Pour la plupart, la tendance n’est pas à la multiplication des sous-marins, mais plutôt à la réduction des SNLE au profit de la modernisation du parc existant. C’est le cas ici de la France, des Etats-Unis, du Royaume-Uni mais aussi de la Chine, qui se sont lancés entre 2015 et 2030 le pari de moderniser leurs flottes de SNLE pour les adapter aux nouveaux besoins géostratégiques tout en pérennisant leurs capacités de dissuasion.

Par exemple, les Etats-Unis souhaitent remplacer 14 de leurs sous-marins de classe “Ohio”, par 12 sous-marins de classe “Columbia” d’ici 2030.
Les Britanniques doivent quant à eux renouveler leurs SNLE “Vanguard” à partir de 2028.

La Russie dispose de plusieurs nouveaux bâtiments prêts à l’emploi. En 2018, la Russie disposait de 11 SNLE, dont dix étaient déjà opérationnels.
La Chine, qui a mis du temps à rejoindre la course, dispose actuellement de six SNA et de quatre SNLE “Xia” depuis 2019.
L’Inde dispose depuis 2018 de son premier SNLE “Arihant I” et d’un second depuis 2020. 

La Corée du Nord, qui possède des sous-marins d’attaque, a également annoncé qu’elle menait à bien un plan visant à se doter rapidement d’un sous-marin nucléaire et que le pays entrait dans la phase finale de ce projet.

 

La France poursuit le renouvellement de ses moyens maritimes pour assurer sa force de dissuasion. Au-delà de cette nouvelle génération de SNLE, la Marine Nationale a déjà reçu la première unité de son nouveau sous-marin nucléaire d’attaque, le Suffren, qui aura pour principale mission l’escorte des SNLE et du porte-avions Charles-de-Gaulle, qui sera lui-même remplacé par un PANG (porte-avions nouvelle génération) d’ici 2038.

 

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