Londres devrait bientôt se chauffer grâce à son Métro

Entre les installations, les moteurs, les rames et la chaleur humaine, le Métro est une véritable source de chaleur. Et ce ne sont pas les usagers qui diront le contraire.

Mais alors pourquoi ne pas justement se servir de cette chaleur pour la transformer en énergie ?

C’est le projet ambitieux de la ville de Londres pour son arrondissement d’Islington, au nord de la ville, qui souhaite chauffer des logements grâce à la chaleur générée par le Métro.

On fait le point pour vous sur cette idée novatrice dans notre article de la semaine.

 

Chauffer tout un quartier de Londres grâce au Métro !

 

C’est dans les tunnels de la station City Road, appartenant à la Northern Line, l’une des plus anciennes lignes de métro du monde, que la pompe à chaleur sera installée.

Loin d’alimenter un seul immeuble par ce procédé, cette invention bénéficiera à tout le quartier d’Islington.

Ce projet, nommé Bunhill Heat and Power Network et débuté en 2012, prévoit d’alimenter à terme plus de 1 350 foyers, des écoles, des bureaux, ainsi qu’un centre de loisirs. Parmi les habitations qui bénéficieront de ce système, de nombreux logements sociaux seront concernés.

 

Comment ça fonctionne ?

 

Pour que le projet alimente correctement les logements du quartier d’Islington, des travaux de raccordements entre les logements et le réseau de chaleur ont été effectués au préalable avec des installations permettant la cogénération du gaz (technique qui consiste à produire deux formes d’énergies en simultanée).

Concrètement le système fonctionnera sur la création d’un nouveau puit d’aération ainsi que sur la mise en place d’une pompe à chaleur de 1 MW.

La chaleur présente dans le Métro sera alors récupérée par la pompe à chaleur avant d’être transformée en chauffage et redistribuéedans les logements du quartier voisin.

Ce processus permettra aux habitants du quartier de se chauffer avec une méthode bas-carbone, mais il permettra aussi à certaines entreprises d’en bénéficier pour chauffer leurs locaux.

Bien évidemment, le chauffage pour les habitants ne sera pas gratuit, mais ils bénéficieront d’un tarif beaucoup plus bas que les autres Londoniens. Un gain non négligeable !

L’air chaud rejeté dans l’atmosphère par le métro varie entre 18°C et 28°C. La pompe à chaleur sera en charge d’amener cette chaleur aux environs de 70°C avant que celle-ci soit acheminée dans le réseau de chaleur.

À terme, deux micro-cogénérations devraient être ajoutées pour fournir la chaleur de manière constante lorsqu’elle sera nécessaire, comme au cœur de l’hiver.

 

Chauffer les logements l’hiver et refroidir les couloirs du Métro l’été

 

Autre point positif de l’opération, la température ambiante dans le Métro sera diminuée.

Lors de fortes chaleurs, les différents relevés souterrains de Londres mettaient en évidence des chaleurs avoisinant les 40°C…

Avec ce projet, la chaleur excessive sera également capturée par la pompe à chaleur et permettra donc de réguler la température du métro, permettant du même coup aux usagers de profiter d’une station moins étouffante lors de grosses chaleurs.

Le système de ventilation pourra être donc être activé en mode « climatisation » offrant aux usagers du métro de lair frais.

Réutiliser l’énergie gaspillée pour chauffer les villes : un projet d’avenir ?

 

« Le Greater London Authority (GLA – administration chargée de la gestion du grand Londres) estime qu’il y a assez de chaleur gaspillée à Londres pour assurer 38% de la demande en chaleur de la ville. Avec l’expansion des réseaux de chaleur, ce chiffre pourrait passer à 63% d’ici 2050 », précise la société Ramboll, chargée de la conception du projet, dans un communiqué de presse.

Pour pallier aux pertes de chaleur prépondérantes dans la ville, Londres prévoit également de produire du chauffage grâce à des centrales électriques, des rivières ainsi que des mines abandonnées.

En effet, aujourd’hui de plus en plus de logements sont chauffés grâce à la chaleur produite par des datas centers ou des serveurs informatiques situés sous terre, ce qui permet de limiter un maximum le gaspillage de chaleur en milieu urbain.

A l’heure actuelle, presque la moitié de l’énergie britannique est consommée par la production de chaleur, et le chauffage représente quant à lui un tiers des émissions de CO2 rejetées par le pays.

La recherche de solutions alternatives est donc plus que jamais importante dans le pays pour améliorer son empreinte carbone.

 

Des projets similaires déjà en place à Paris !

 

En France, un système similaire avait déjà été mis en place en 2017 par la RATP et le bailleur social Paris Habitat. Les deux entreprises ont installé une pompe à chaleur directement dans les sous-sols d’un immeuble placé dans le 4ème arrondissement de Paris.

Elle permet de filtrer puis d’envoyer l’air chaud présent dans le tunnel du métro de la ligne 11 aux habitations situées plus haut. Grâce à cette installation, l’énergie produite permet d’assurer 35% des besoins en chauffage des habitants des 20 logements de l’immeuble en saison hivernale.

Stéphane Dauphin, Directeur général de Paris Habitat, se réjouit des résultats plutôt positifs de ce projet : « Ce partenariat avec la RATP confirme nos engagements pour améliorer la performance énergétique du patrimoine et agir plus efficacement sur la maîtrise des charges des locataires. ».

Toujours dans un esprit de récupération d’énergie, à Paris, la Piscine de la Buttes-aux-Cailles chauffe son eau à une température moyenne de 27°C grâce à un data-center placé dans les sous-sols de la piscine. Des solutions ingénieuses qui évitent les déperditions de chaleur.

 

 

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