L’expérience IssyGrid se termine avec succès à Issy-les-Moulineaux !
Le 28 Mars dernier, la ville d’Issy-les-Moulineaux et le consortium d’entreprises à l’origine du projet « IssyGrid » ont eu la joie de communiquer à la presse le bilan de leur expérience sur les réseaux «intelligents», appelés aussi «Smart Grids», dans le 92.
Après 6 ans d’expérimentation de ce premier réseau urbain intelligent de distribution et production d’électricité, les acteurs du projet ont déclaré qu’«IssyGrid est désormais opérationnel à échelle réelle. » .
Un grand pas en avant vers une ville du futur capable de s’auto-alimenter en énergie.
Retour sur ce projet dans notre article du jour !
« C’est l’histoire d’un petit projet devenu très grand »
Durant les six ans du projet, lancé en 2012, opérationnel depuis 2016 et achevé fin 2018, deux zones de la commune d’Issy-les-Moulineaux ont joué le jeu. Il s’agit de l’espace résidentiel du Fort d’Issy et Val-de-Seine, le quartier d’affaires de l’agglomération parisienne dont une partie se trouve à Issy-les-Moulineaux.
Ce sont donc 2000 logements (soit près de 5000 habitants) du Fort d’Issy, ainsi que 160 000 m2 de bureaux (soit près de 10 000 employés) du quartier d’affaires Seine Ouest, qui ont pris part à ce projet.
Pour mener à bien cette expérience, une dizaine d’entreprises se sont réunies.
Parmi les principales on retrouve Bouygues Energies & Services, EDF, Enedis, Microsoft, Total, Sopra Steria ou encore Schneider Electric, aidées de nombreuses Start-up et bien évidemment de la ville. Cette expérience unique s’est imposée dans un but précis : comprendre les enjeux énergétiques des écoquartiers et tester leur efficacité économique et environnementale.
« C’est l’histoire d’un petit projet devenu très grand », clame le consortium d’IssyGird.
Bâtir la ville du futur, capable de s’auto-alimenter en énergie !
Ce projet a permis d’établir une méthode de gestion collaborative efficace regroupant des savoir-faire issus de différents domaines comme le bâtiment, l’électricité, l’informatique et les télécoms pour optimiser l’énergie d’un quartier en favorisant la production, la consommation et le partage de l’énergie au niveau local, en essayant de s’appuyer au minimum sur le réseau électrique national. « IssyGrid nous a permis de prendre conscience qu’il est possible de travailler en bonne intelligence. À l’avenir, nous aborderons ce genre de projets ensemble et non plus seuls », confirment les industriels.
Ce projet a en effet permis à de nombreux acteurs industriels français, qui n’avaient jamais participé auparavant à un programmecomme celui-ci, de travailler main dans la main pour obtenir de véritables résultats et avancer vers une ville du futur qui pourrait s’auto-alimenter en énergie.
IssyGrid : un projet expérimental devenu la référence en matière de Smart Grid
« IssyGrid était au départ un concept expérimental. Celui-ci est aujourd’hui devenu la référence absolue en matière de SmartGrid urbain et préfigure la gestion de l’énergie dans la ville de demain », affirme André Santini, maire UDI d’Issy-les-Moulineaux.
La voie est désormais ouverte à d’autres Smart Grids qui permettront d’améliorer la gestion de la ville du futur. Bien évidemment, pour que ces projets voient le jour et que d’autres quartiers puissent vivre la même expérience, le soutien des élus sera primordial. « Avant de véritablement connaître la smart city, nous aurons besoin de smart politiciens. », a précisé avec raison Carlo Ratti, un professeur du MIT.
Pour pouvoir atteindre ces résultats, l’expérience IssyGrid a dû surmonter plusieurs problématiques intrinsèques au projet mais impliquant également les habitants et employés de la ville.
Qu’il s’agisse d’une dimension technique, humaine ou informative, de nombreux défis ont dû être relevés.
Dimension technique
Dans un premier temps, des installations techniques ont été mises en place pour permettre une production d’énergie continue.
Des panneaux photovoltaïques ont donc fleuri dans la ville afin de capter l’énergie solaire, une énergie indispensable à ce genre d’expérimentation.
Mais un problème est très vite apparu : l’irrégularité de la production d’énergie.
En effet, les panneaux absorbent parfois trop d’énergie relativement aux besoins de la ville. Ce surplus, ne pouvant être conservé, est donc perdu. La situation contraire a également été rencontrée : une trop faible production d’énergie au moment nécessaire. Il a donc fallu mettre en place un système de stockage de l’énergie unique en France utilisant des batteries d’occasion.
Des batteries neuves auraient en effet eu un coût trop élevé et auraient donc rendu ce stockage non-rentable. « Nous avons donc passé un accord avec Renault, qui nous a fourni les batteries de ses véhicules électriques devenues moins performantes. »explique Christian Grellier, directeur R&D et Open Innovation chez Bouygues Immobilier.
Même si quelques pertes d’énergie ont été observées, ce système s’avère rentable, et devrait même le devenir davantage avec la démocratisation des véhicules électriques.
Dans ce quartier, un système de gradation de l’éclairage public régulé a également été mis en place par Bouygues Energies & Services, afin d’économiser au maximum l’énergie en fonction des heures de nuit. L’éclairage a été réduit de 30% la nuit grâce à des détecteurs de présence connectés et également à une programmation non-continue tout au long de la nuit.
Au total, ce sont quatorze systèmes d’information et de stockage interconnectés qui permettent de superviser le flux énergétique du quartier.
Dimension humaine et confidentialité
Pour pouvoir évaluer les besoins en électricité de la ville et mieux y répondre, il était important de réaliser un suivi précis de la consommation de chaque foyer et de chaque bureau.
Les particuliers, ainsi que les entreprises, ont bénéficié d’un accès à un tableau de bord répertoriant leur consommation en détails, heure par heure, notamment grâce aux informations collectées par les compteurs communicants Linky.
Pour utiliser ces informations dans le cadre des statistiques du projet, il a également fallu poser un cadre réglementaire, obtenu après un an de discussion avec la CNIL (Commission Nationale de l’Informatique et Libertés).
De cette manière les Isséens et les entreprises domiciliées dans la ville ont pu s’assurer de la préservation de leurs données personnelles. Les informations de consommation ont été récupérées par groupe de dix logements anonymes mais aux caractéristiques similaires, permettant ainsi de réaliser des graphiques concrets de consommation sans pour autant empiéter sur les informations personnelles des foyers.
La collecte de ces données était primordiale pour pouvoir analyser la consommation énergétique des foyers, mais également pour pouvoir repérer des consommations anormales souvent liées à un problème d’équipement ou à une potentielle source d’économie.
Une fois ces données collectées, le consortium et la ville se sont aperçus par exemple d’un comportement de consommation étrange dans toute la ville à deux heures du matin.
« Lorsque nous avons connecté les logements du Fort d’Issy au Smart Grid, nous ne comprenions pas pourquoi il y avait des pics de consommation tous les jours à deux heures du matin », a précisé Eric Legale, directeur d’Issy Media.
« Nous nous sommes en fait aperçu qu’il s’agissait des chaudières qui se remplissaient toutes en même temps à l’heure où les prix diminuent, alors que ces tarifs bas durent toute la nuit ».
Cela a donc permis de lisser la consommation sur toute la nuit et non pas sur une heure, permettant du même coup d’éviter de trop solliciter le réseau à un certain moment.
Dimension Informative
Pour qu’un projet comme celui-ci fonctionne il est primordial que toutes les personnes concernées se sentent intéressées et comprennent les enjeux et le fonctionnement de l’expérience.
En effet, les Smarts Grids ne sont encore que peu connus, et leur fonctionnement concret l’est encore moins.
Pour que tous les acteurs de ce projet travaillent en harmonie il était donc essentiel faciliter la compréhension. La ville a donc mené de nombreuses actions de communication pour informer et expliquer cette expérience.
Elle a également mis en place un show-room visant à documenter et sensibiliser les habitants grâce à des informations de consommation et de production d’énergie retransmises en temps réel et permettant aux habitants, étudiants, usagers, entreprises et équipementiers publics du quartier de se tourner vers des comportements plus vertueux.
« Nous avons aussi sensibilisé les habitants à un certain nombre d’écogestes »,précise Guillaume Parisot, chef du service innovation de Bouygues Immobilier. Un bon moyen pour la communauté de comprendre les objectifs de ce projet et les avancées qu’il promet.
L’objectif des dix acteurs industriels français d’IssyGrid est désormais d’emmagasiner et de mettre à profit tout le savoir-faire et l’expérience obtenus en l’appliquant à tous les prochains projets de Smart Grid qui seront développés.
« Nous souhaitons capitaliser et ré-utiliser le savoir-faire acquis à Issy-les-Moulineaux pour la conception des futurs quartiers à énergie positive, notamment à « Issy Cœur de Ville qui sera le 3e éco-quartier de la commune après celui du Fort et des Bords-de-Seine, mais aussi à Nanterre où est lancé un éco-quartier de 70 000 m2 avec un Smart Grid axé autour de la chaleur », a conclu André Santini.
Smart Grids : une alternative à notre consommation actuelle
Dans un monde où l’énergie est un enjeu primordial, les Smart Grids représentent une alternative à notre consommation actuelle.
Ils proposent de nouveaux modes de production et de consommation d’énergie qui tendent à pallier aux besoins énergétiques qui ne cessent d’augmenter, ainsi qu’à la diminution des ressources énergétiques fossiles.
Ils permettent de sensibiliser les habitants aux énergies renouvelables et seront en accord avec les nouvelles réglementations énergétiques qui seront mises en place d’ici 2020.
Grâce à ces réseaux intelligents, Issy-les-Moulineaux devrait réduire fortement son empreinte carbone en se servant de technologies de l’information novatrices pour optimiser les besoins et la production en énergie de ses quartiers.
La nécessité de faire évoluer la législation
Malgré cette réussite globale, les bâtiments du projet ne sont fournis en électricité de la production renouvelable locale qu’à 50%. Le reste provient du réseau habituel d’Enedis.
Ce pourcentage s’explique par des questions de législation.
« La réglementation ne permet pas d’organiser des transferts d’énergie entre bâtiments dans l’espace public. Nous espérions qu’elle évolue avant la fin de notre expérimentation, mais ça n’a pas été le cas », regrette Eric Legale.
En effet, un des principes sur lequel repose la Smart Grid est le fait de pouvoir organiser le transfert d’électricité entre les différents membres du projet, à savoir les logements, les bureaux et les commerces.
De ce fait lorsque qu’un bureau n’a pas besoin d’électricité, comme le week-end par exemple, son énergie devrait pouvoir être reportée sur les logements qui, eux, sont en grande demande le week-end.
Mais ce transfert entre les bâtiments n’étant pas autorisé, des pertes d’énergie se créent, et réduisent donc les effets positifs de l’expérience.
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