Les deux projets de Gigafactory de batteries électrique en France
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Un marché d’avenir ! C’est sans aucun doute l’un des termes qui désigne le mieux celui de la production de batteries électriques.
Que ce soit pour l’industrie automobile, et plus généralement pour le secteur des transports et de la mobilité, la demande de batteries tend à exploser à l’échelle mondiale.
La France ne fait bien sûr par exception, et les grands groupes français l’ont bien compris. Pour faire face à la demande actuelle grandissante, et pour prévoir les futurs besoins énormes, deux projets de Gigafactory sont sur les rails dans l’Hexagone.
Le premier, porté par PSA et Total, a été rejoint par un deuxième porté cette fois-ci par Verkor, une start-up française notamment soutenue par Schneider Electric.
Des projets favorisés par le plan de relance dévoilé par le gouvernement pour le secteur automobile, avec une enveloppe de 8 milliards d’euros pour accélérer sur la R&D et relocaliser la production sur le territoire.
On fait le point sur ces deux grands projets dans notre article de la semaine.
Une Gigafactory dans les Hauts-de-France pour PSA et Total
En janvier 2020, le projet d’« Airbus de la batterie » piloté par le groupe PSA et Saft, filiale de Total, lançait l’implantation d’une usine pilote dans le sud-ouest de la France.
Début septembre, les deux partenaires annonçaient la création de leur co-entreprise baptisée Automotive Cells Company, avec le projet d’implanter une Gigafactory dans les Hauts-de-France.
La construction de cette (très) grande usine française a pour but de relocaliser la production des batteries électriques de Chine vers la France.
La co-entreprise, portée à 50/50 par PSA/Opel et Total/Saft, sera dirigée par Yann Vincent, futur ex-directeur industriel de PSA et ancien directeur de l’usine Renault de Douai dans les années 2000.
Elle gérera la production en série sur les futures usines de batteries prévues à Douvrin (Hauts-de-France) et Kaiserslautern en Allemagne.
Pour le moment, un centre de R&D, situé à Bordeaux, et un site pilote à Nersac (Charente) travaillent sur la mise au point de la technologie des cellules lithium-ion de haute performance.
PSA a indiqué qu’à la suite de cette phase de R&D, “la production en série est prévue d’être lancée dans deux Gigafactories à Douvrin en France puis à Kaiserslautern en Allemagne.”
Le choix de la région Hauts-de-France n’est pas un hasard, avec la présence de 3 constructeurs mondiaux (Toyota, PSA et Renault) sur le territoire, mais également d’un éco-système de plus de 550 fournisseurs, sous-traitants et prestataires.
La production devrait démarrer en 2023, les premières batteries devraient sortir d’usine dès 2024 et la Gigafactory devrait atteindre sa pleine puissance à l’horizon 2030 avec 24 GWh.
Au total, 1 million de batteries pourraient à terme être produites chaque année, soit plus de 10% du marché européen, et la Gigafactory pourrait créer environ 2000 emplois dans la région.
Montant global : 5 milliards d’euros, dont 1,3 milliards d’euros de soutien financier public français et allemand.
Une second projet de Gigafactory porté par la start-up Verkor
Verkor est une jeune start-up grenobloise fondée en 2020 et soutenue notamment par EIT InnoEnergy et Schneider Electric.
Spécialisée dans la microélectronique et en électrochimie appliquée à la production de cellules de batteries électriques, elle ambitionne de créer une Gigafactory qui sera consacrée à la production de batteries pour les voitures électriques d’ici 2023.
« Le marché des voitures électriques est à un tournant, estime Benoit Lemaignan, le directeur de Verkor, dans le communiqué.
“On arrive à un moment où la courbe s’accélère et l’utilisation de la mobilité électrique se matérialise. On s’est dit : le sourcing local est dans une position critique, le Covid a accéléré la prise de conscience de notre dépendance vis-à-vis de l’Asie, et pour l’instant, comme notre appareil de production est loin d’avoir le potentiel nécessaire, c’est le moment de lancer une initiative européenne. »
La production de cette Gigafactory débuterait en 2023 avec une capacité initiale de batteries de 16 GWh allant jusqu’à 50 GWh selon la dynamique du marché.
“Nous pensons que le marché va accélérer beaucoup plus vite que prévu [..] Selon nos estimations, d’ici 2025, les besoins européens seront de l’ordre de 300 à 400 GWh ».
« Nous couvrirons 3 à 5 % des besoins dans un premier temps, avant de monter en puissance. D’ici 2030, la demande sera de 1000 GWh en Europe, soit 20 usines de 50 GWh ».
Pour pouvoir sortir son usine de terre, la start-up doit désormais trouver des financements, dont un investissement initial à hauteur de 1,6 milliard d’euros.
“Nous en sommes au stade du tour de table. On va étudier des stratégies de financements réunissant un mix privé/public, plus de la dette privée” indique Benoît Lemaignan.
Pour mettre sur pied son projet, la start-up compte recruter 10 nouveaux salariés, qui s’ajouteront aux dix actuellement présents afin de rassembler une vingtaine de spécialistes d’ici fin 2020, pour travailler simultanément sur les choix technologiques, les paramètres industriels, la recherche de fournisseurs et de financements.
Pour son projet, Verkor s’appuie et s’inspire du modèle de la start-up Northvolt.
En effet, cette start-up suédoise fondée en 2016 s’est lancée sur le marché des batteries et profite aujourd’hui de l’appui de Volkswagen pour son projet, qui a pris 20% du capital et s’est engagé sur des milliards d’euros de commandes.
Grâce à ce soutien la firme a pu construire deux usines, une en Suède et une en Allemagne.
Le soutien de grands groupes automobiles s’avère primordial pour la réalisation de tels projets, et c’est le but de Verkor d’en chercher. “Nous souhaitons bâtir un “Southvolt””, explique Philippe Chain.
Pour le moment, l’emplacement de la Gigafactory n’a pas encore été trouvé, Verkor prospectant pour un terrain de 200 hectares.
“Nous aimerions que l’usine soit implantée en France, mais notre approche est européenne, nous étudions d’autres possibilités”, précise Benoit Lemaignan,
« Nous souhaitons que notre usine soit colocalisée avec les fournisseurs et nous cherchons un endroit favorable à une desserte agile de nos clients.”.
Le groupe a également précisé que le Ministère français de l’Industrie avait exprimé un soutien appuyé au projet.
Avec cette Gigafactory, la start-up vise le marché de l’Europe du Sud, où les besoins en voitures électriques devraient exploser dans les années à venir.
Malgré un marché global en chute libre pour cause du coronavirus, les ventes de voitures électriques ont nettement progressé en Europe.
Et si plusieurs Gigafactories ont déjà été lancées en Allemagne ou en Suède, seuls ces deux projets visent pour le moment l’Europe du Sud.
Si le projet de Gigafactory, porté par PSA et Total et largement soutenu par l’Etat, a beaucoup fait parler ces derniers mois, le projet de la start-up Verkor, aux objectifs industriels complémentaires, fait son chemin plus discrètement.
Avec ces deux nouveaux projets, l’Europe du Sud pourrait profiter de solutions adaptées dans un marché des véhicules électriques en pleine expansion.