Le train du futur est là : Alstom lance le premier train à hydrogène en France

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Auteure : Anaïs Soubeyran

Du 1er au 3 février 2023, sur la ligne Tours-Loches, un train à hydrogène circule pour la première fois sur le réseau ferroviaire français. Baptisé Coradia iLint, ce train construit par Alstom, est expérimenté pendant trois jours par la région Centre-Val de Loire, pour relier Reignac et Loches.
Présenté comme une alternative au diesel, le train à hydrogène incarne une nouvelle opportunité de mobilité écologique. Cette expérimentation s’inscrit ainsi dans l’objectif « zéro émission nette de gaz à effet de serre », fixé à l’horizon 2050 par la SNCF.

Coradia iLint : un train 100 % hydrogène

Conçu par les équipes Alstom de Tarbes en France et de Salzgitter en Allemagne, le Coradia iLint est le premier train de passagers au monde alimenté par une pile à hydrogène. Il entre en service commercial pour la première fois en Allemagne en 2018.

En février 2023, la région Centre-Val-de-Loire finance la première expérimentation française de ce train 100 % hydrogène pour un coût de 300 000 euros. Elle ouvre ainsi la voie à une future certification de ce modèle en France.

Le Coradia iLint est un train à traction électrique, alimenté par une pile à combustible à hydrogène. L’hydrogène n’est donc pas utilisé directement pour la propulsion. La pile à combustible combine l’hydrogène, stocké à l’état gazeux dans des réservoirs pressurisés sur la toiture du train, avec l’oxygène de l’air extérieur, afin de générer une tension électrique. Des batteries stockent le surplus d’énergie produit par la pile ainsi que l’énergie cinétique récupérée lors des freinages, pour permettre une alimentation constante du train en marche.

Ce train, qui peut transporter jusqu’à 120 passagers, ne produit aucune émission de CO2, seulement de l’eau, sous forme gazeuse ou liquide. Il est en outre beaucoup plus silencieux que son homologue diesel.

Le train à hydrogène, pour quelles lignes ferroviaires ?

Les trains à hydrogène n’ont pas vocation à remplacer l’ensemble des rames du réseau ferroviaire français. Les volumes de stockage de l’hydrogène limitent l’autonomie, la puissance et la capacité de transport des trains à hydrogène. C’est pourquoi par exemple, un TGV à hydrogène semble à ce jour pour le moins irréaliste.

Les trains à hydrogène représentent une opportunité pour la desserte fine du territoire et le réseau TER. Ils s’adressent spécifiquement aux lignes non électrifiées qui représentent encore près de 50 % du réseau ferroviaire français. Sur ces lignes ou portions de lignes non équipées de caténaires, les rames TER diesel sont aujourd’hui responsables de 77% des émissions de CO2 du ferroviaire.

Trains bi-mode, électrification partielle et décarbonation des petites lignes

Certaines zones comme les tunnels, les ponts ou encore les régions au relief accidenté, sont particulièrement difficiles à électrifier. Sur les petites lignes partiellement électrifiées, circulent actuellement des trains bi-mode électrique et diesel, un moteur thermique prenant le relais sur les portions de ligne non électrifiées.

Alstom propose des rames Coradia Polyvalent bi-mode capables d’être alimentées à la fois par des caténaires et des piles à combustible à hydrogène. L’électrification partielle ou « frugale » des petites lignes, ajustée au plus près des besoins d’exploitation, devient ainsi compatible avec la décarbonation du ferroviaire.

En juillet 2022, les régions Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté, Grand Est et Occitanie ont ainsi commandé auprès d’Alstom 12 rames bi-mode (traction électrique/caténaire et hydrogène/piles à combustible). La mise en circulation commerciale de ces rames baptisées Régiolis H2, est prévue pour fin 2025.

Ce projet d’ampleur représente un investissement global de 231 millions d’euros : 215 millions investis par les régions, 8 millions par la SNCF et 8 millions par Alstom.

Les trains 100% hydrogène et bi-mode contribueront à faire du ferroviaire un mode de transport encore plus vertueux d’un point de vue écologique, le train n’émettant, aujourd’hui, que 0,4% desgaz à effet de serre liés au secteur des transports.

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