Le futur porte-avions nucléaire français promet d’être impressionnant
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On en sait plus sur le prochain porte-avions français !
Le 8 décembre dernier, à l’usine Framatome du Creusot (Saône-et-Loire), Naval Group, en charge de la construction, dévoilait une maquette ainsi que plusieurs images du successeur du Charles-de-Gaulle.
Présent pour l’occasion, le Président de la République Emmanuel Macron annonçait que celui-ci serait équipé d’une motorisation nucléaire.
Attendu d’ici 2038, ce porte-avions de nouvelle génération (PANG), qui promet d’être spectaculaire, devrait avoir une espérance de vie d’une quarantaine d’années.
On fait le point pour vous dans notre article de la semaine.
Le choix du nucléaire pour la propulsion
Si différentes options de propulsion avaient été envisagées, c’est finalement le nucléaire qui a été choisi, comme pour son prédécesseur, le Charles-de-Gaulle.
Un choix qui n’a rien d’anodin : “Notre avenir stratégique, notre statut de grande puissance, passe par la filière nucléaire. La dissuasion, les sous-marins, notre porte-avions, tout ce qui fait que la France est une puissance indépendante, écoutée, respectée, repose sur vous, vos savoir-faire, ce que vous concevez et produisez dans une usine comme celle du Creusot”, insistait Emmanuel Macron.
Cette méthode de propulsion comporte plusieurs avantages :
Performance et autonomie :
Grâce à la propulsion nucléaire, le porte-avions bénéficie d’une puissance et d’une autonomie unique.
Le combustible nucléaire, une fois chargé dans le porte-avions, confère en effet une autonomie pouvant aller jusqu’à dix ans alors qu’avec une chaufferie conventionnelle, le plein doit être réalisé régulièrement, et peut prendre jusqu’à huit heures contre deux heures ici, ce qui laisse le bâtiment exposé pendant ce laps de temps, et difficilement manoeuvrable en cas d’attaque.
Avec une vitesse de 27 nœuds, soit 50 km/h, le porte-avions présente également une vitesse idéale pour la catapulte des avions de chasse.
Pas de turbulences liées au gaz d’échappement :
L’énergie nucléaire n’émet pas de gaz d’échappement, qui peuvent provoquer des débits importants et ainsi générer des turbulences aérauliques entravant les décollages et atterrissages des pilotes.
Plus de discrétion :
Autre avantage important, l’énergie nucléaire permet une discrétion acoustique inégalable.
Au-delà de ces avantages opérationnels, la propulsion nucléaire permet surtout de soutenir les savoir-faire industriels essentiels à la dissuasion nucléaire, centre de la politique de défense française.
Les chaufferies nucléaires utilisées ici sont et seront les mêmes sur l’ensemble des véhicules embarqués, et permettront donc la pérennité de ce savoir-faire tout en promouvant une synergie parfaite entre les équipements.
« Le nucléaire restera la pierre angulaire de notre autonomie stratégique. C’est bien sûr la dissuasion dans toutes ses composantes. C’est la propulsion de nos sous-marins nucléaires lanceurs d’engins, comme d’attaque. C’est aussi la propulsion nucléaire de nos porte-avions”, a expliqué le chef de l’Etat.
Le Président de la République vient de l’annoncer : le porte-avions nouvelle génération sera à propulsion nucléaire ⤵️#NotreDéfense pic.twitter.com/AlvGbH2CDg
— Florence Parly (@florence_parly) December 8, 2020
Un porte-avions aux allures de géant
Naval Group, en charge de la construction du porte-avions, a dévoilé quelques informations sur sa conception et son design.
Le PANG, qui ne possède pas encore de nom, disposera d’un déplacement de 75 000 tonnes, contre 42 000 tonnes pour son prédécesseur, pour environ 305 mètres de long contre 261 mètres, et 40 mètres de large à la ligne de flottaison contre 31,5 mètres.
Il pourra embarquer à son bord un équipage de 2 000 marins.
L’équipage bénéficiera de plus de place dans les chambrées, avec jusqu’à huit marins par chambres, quand actuellement jusqu’à 40 membres d’équipage partagent un dortoir.
Un choix judicieux, notamment au regard des contraintes dues à l’épidémie mondiale actuelle, mais également un bon moyen pour attirer davantage de candidats vers ces métiers à forte pénibilité.
Le porte-avions a été pensé pour accueillir le Scaf (le système de combat aérien du futur), un projet porté par la France, l’Allemagne et également l’Espagne.
Il comprend le chasseur bombardier successeur du Rafale, les drones et petits appareils déportés qui voleront autour. Il pourra emporter avec lui 30 avions de combat Scaf, dont 25 en même temps sur le pont.
Un chiffre suffisant mais qui peut paraître léger face à son prédécesseur, qui permettait d’accueillir entre 35 et 40 avions de combat.
Pour transporter ces avions plus gros et plus lourds que les Rafale auxquels ils succèderont (environ 30 tonnes contre 25 pour les Rafale), le PANG a été adapté avec deux chaufferies K22 (pour 220 mégawatts) plus puissantes que celles utilisées actuellement, les K15 (pour 150 mégawatts) et un pont d’envol ajusté.
Les catapultes, quant à elles, ont également dû être adaptées et ne seront plus à vapeur mais électromagnétiques, permettant la propulsion d’avions plus lourds. Comme pour les catapultes du Charles-de-Gaulle, la France reste dépendante des Américains dans ce secteur et aura donc recours pour cela à un industriel américain, General Atomics.
Pour lutter contre les attaques de drones, la coque et les infrastructures seront conçues avec un nouveau système de protection !
Le but est de pouvoir assurer la conception d’un porte-avions capable de se protéger contre de potentielles Cyberattaques ou attaques électroniques.
En effet, de nombreuses données circulent en permanence entre le porte-avions et son escorte, avec la base ou encore des avions de chasse.
Des données qui sont susceptibles d’être subtilisées pour avoir l’avantage et connaitre les tactiques et moindre fait et geste du porte-avions.
Pour se protéger, des militaires français travaillent actuellement sur des armes électromagnétiques qui permettraient de lutter contre les drones qui se retrouveraient à proximité du porte-avion, pour l’attaquer ou pour récupérer les données.
Côté design général, rien d’exceptionnel pour le moment. Il ne disposera que d’un “ilot” sur le côté du pont d’envol et disposera de deux pistes, dont une oblique.
Le PANG sera construit dans les Chantiers de l’Atlantique de Saint-Nazaire, le seul chantier capable d’accueillir un bâtiment de cette taille. Il sera ensuite basé à Toulon.
À(re)lire : Naval Group dévoile le sous-marin SMX-31E, son concept ship du futur
Un long chantier pour un budget impressionnant
La conception de ce projet et la fabrication de ce porte-avions prendront environ une dizaine d’années. Le chantier, qui débutera en 2025 à la suite d’une phase d’études, devrait donc s’achever vers 2036, soit deux ans avant la fin de vie du Charles-de-Gaulle, en service depuis 2001.
Entre 2036 et 2038, des essais en mer seront réalisés avant la mise en service active en 2038.
Les différents avantages apportés par le nucléaire, ainsi que la taille imposante de ce futur porte-avions, alourdissent forcément la facture…
Le coût de développement et de construction a été estimé par les sénateurs Olivier Cigolotti et Gilbert Roger, auteurs d’un rapport sur le financement de ce programme en juin, et sera « très certainement supérieur à 5 milliards d’euros”.
Environ 900 millions d’euros seront consacrés aux études techniques et au développement d’esquisses d’ici à 2025.
Avec ce futur porte-avions, la France tient à montrer au monde sa puissance dans le domaine militaire, qui considère ce type de bâtiment comme un outil de premier rang.
Pour le moment, on compte moins d’une trentaine de porte-avions dans le monde, avec en tête les Etats-Unis qui en totalisent onze, suivi de la Chine avec quatre porte-avions, puis le Royaume-Uni et l’Inde avec tous deux deux bâtiments.
Lorsque celui de la France sera opérationnel, une quarantaine de bâtiments comme celui-ci devraient être déployés à travers le monde.