Le Danemark va construire la première île énergétique au monde dans la mer du Nord

 

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Le Danemark vient d’approuver un plan visant à construire la première île énergétique au monde dans la mer du Nord. 

Ce projet permettra de produire et de stocker suffisamment d’énergie pour répondre aux besoins en électricité de trois millions de ménages européens.
Un projet qui s’inscrit directement dans les objectifs énergétiques et environnementaux du pays, qui souhaite devenir le leader parmi les pays européens en termes de production d’énergies renouvelables.

 

Une île énergétique artificielle

Le Danemark s’est lancé l’objectif fou de construire la première île énergétique artificielle au monde, qui sera chargée de collecter et de diffuser de l’électricité renouvelable dans tout le nord-est de l’Europe.
Si plusieurs lieux avaient été étudiés pour l’emplacement de cette île artificielle, c’est finalement à 80 kilomètres au large de la côte ouest du Danemark qu’elle sera implantée.

L’île, dans sa phase initiale, mesurera l’équivalent de 18 terrains de football, soit près de 120 m2. Elle sera reliée à des centaines d’éoliennes offshore qui disposeront d’une capacité initiale de trois gigawatts, et servira à transformer et redistribuer l’énergie produite par ces éoliennes à 3 millions de foyers dans un premier temps.
Pour rappel, l’éolien offshore se sert des vents marins pour produire de l’électricité et les pays nordiques disposent de vitesses de vent favorables à l’implantation de ce type de projet.

 

 

Les premiers foyers à disposer de cette énergie verte seront les consommateurs des pays entourant la mer du Nord. Les pays voisins, comme la Norvège ou l’Allemagne (en plus du Danemark), seront reliés à cette île par des câbles sous-marins qui seront en charge de distribuer l’électricité sur de longues distances.

Au-delà de fournir de l’électricité domestique, elle servira aussi à fournir de l’hydrogène pour la navigation, l’aviation, l’industrie et les transports lourds, grâce à un centre de production d’hydrogène par électrolyse de l’eau, alimenté par l’électricité éolienne.

“Ce hub énergétique en mer du Nord est le plus grand projet de construction de l’histoire du Danemark. Ce sera une contribution majeure à l’exploitation de l’énorme potentiel européen d’éolien offshore”, a indiqué Dan Jørgensen, le Ministre danois du climat, de l’énergie et des services publics.

Des évaluations sur l’impact environnemental et des discussions avec les investisseurs auront également lieu pour s’assurer du bon fonctionnement du projet ainsi que pour connaître son rendement. 

Le début de la construction de ce projet devrait avoir lieu d’ici 2026 pour que l’île soit opérationnelle entre 2030 et 2033.

 

 

Un investissement conséquent à long terme

Pour atteindre les objectifs fixés par ce projet ; et à plus grande échelle pour la transition énergétique du pays ; le gouvernement n’a pas lésiné sur les moyens.
En effet, le coût estimé du projet de construction des îles artificielles est estimé à environ 210 milliards de couronnes, soit presque 30 milliards d’euros.

Pour débuter ce financement, le gouvernement danois avait donc inscrit dès le début de l’année dans le budget 2020 un montant de 8,7 millions d’euros. Cette somme devait permettre de couvrir dans un premier temps les études préliminaires, permettant de définir l’emplacement idéal pour ces futures îles artificielles (40 % du budget), mais aussi de débuter les travaux de R&D dans le but de développer des solutions de stockage et de conversion des quantités d’électricité produite (60% du budget).

Cet investissement reposera sur un partenariat public-privé, entre l’État danois et des entreprises privées via un appel d’offres à venir.
Même si ce budget reste conséquent, ce projet devrait, à terme, permettre d’optimiser le prix de revient du mégawattheure (la quantité d’énergie produite en une heure par un mégawatt) d’origine renouvelable.

“Ces dernières années, les éoliennes marines se sont montrées de plus en plus compétitives et il est important pour nous d’aller plus loin dans la réduction de leur coût de raccordement et d’interconnexion au réseau de distribution. Nous avons besoin de projets innovants de grande envergure pour permettre à l’énergie éolienne de jouer un rôle plus important dans notre approvisionnement énergétique futur”, a indiqué Peder Østermark Andreasen, le PDG d’Energinet, l’un des promoteurs du projet et gestionnaire de réseau de transport danois d’électricité.

 

 

Vers une transition verte mondiale

Le Danemark est un pays pionnier en ce qui concerne la transition énergétique. Le pays multiplie les actions et les innovations en matière de gestion de l’énergie écologique. Le dernier en date, la ville d’Odense, qui se chauffe depuis plusieurs mois grâce à la pollution thermique engendrée par le data center de Facebook, placé en plein cœur de la ville.

Avec la construction de cette île artificielle, dont la capacité potentielle est de plus de 10 gigawatts, soit l’équivalent de la consommation de 10 millions de foyers, le pays fait un grand pas vers cette transition verte.
D’autant plus que le Danemark a également indiqué renoncer à la recherche de pétrole et de gaz dans la partie danoise de la mer du Nord et, qu’à l’horizon de 2050, le pays n’y pratiquera plus d’extraction de pétrole et de gaz. Il espère plutôt en faire une plaque tournante pour les énergies renouvelables et le stockage du carbone.

D’ici 2030, le Danemark espère aussi réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 70% par rapport aux niveaux de 1990, et atteindre une neutralité carbone d’ici 2050. Le 20 décembre 2019, à la suite de la COP25, le Parlement danois avait décidé d’adapter à une large majorité le Climate Act, un ensemble de mesures environnementales réalisées et projetées dans un cadre structurel et juridique permettant d’évaluer régulièrement les progrès et les effets des actions engagées, ainsi que d’augmenter leurs objectifs climatiques.

Une avancée majeure dans la transition énergétique du pays mais également de l’Europe, qui s’est fixé comme objectif une neutralité climatique d’ici 2050. En effet, l’Union Européenne à présenté en décembre dernier des plans visant à transformer son système électrique pour qu’il repose en grande partie sur les énergies renouvelables d’ici dix ans et à multiplier par 25 sa capacité d’énergie éolienne en mer d’ici 2050. Pour atteindre l’objectif fixé, il sera donc nécessaire d’arriver d’ici 2050 à 300 gigawatts d’énergie éolienne offshore.

 

En 2019, les parcs éoliens danois fournissaient 47 % de la consommation totale d’électricité, mettant ainsi le Danemark sur la première place du podium des pays européens en matière de production d’énergie éolienne.

Avec ce projet, le pays espère en influencer d’autres afin que ces derniers réalisent des actions similaires pour un monde plus respectueux de l’environnement dans les années à venir. Le gouvernement danois espère que cette île apportera une grande contribution à la réalisation de l’énorme potentiel de l’énergie éolienne offshore européenne. Le pays est conscient de l’importance de telles actions sur le climat et ne compte pas s’en tenir uniquement à cette île au large de la mer du Nord. En effet, il est déjà prévu de créer un autre “hub énergétique” au large de l’île de Bornholm en mer Baltique.

 

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