[L’Après-Covid-19] Cinq priorités pour une relance économique plus verte

La crise du coronavirus a mis sur pause l’économie mondiale… Un peu partout dans le monde, entre l’arrêt de nombreuses usines et des déplacements humains limités au strict minimum, les conséquences positives sur l’environnement ont pu être observées très rapidement. 

Une baisse significative des émissions de gaz à effet de serre s’est fait sentir aux quatre coins du monde. Elle a été accompagnée d’un retour en force de la nature, notamment de la faune qui a pendant un temps « repris (certains de) ses droits ».

Malheureusement, ces effets positifs sur l’environnement risquent fortement de ne pas durer si nous ne changeons rien au “monde d’avant”.
Pire encore, avec une relance massive et accélérée de l’économie, les conséquences néfastes de notre mode de vie sur l’environnement pourraient bien être encore plus marquées, voire entraîner des effets toujours plus désastreux pour la planète. 

Un peu partout dans le monde, et notamment en France, nombreux sont ceux qui souhaitent changer la donne : chercheurs, ingénieurs, chefs de grandes entreprises ou politique… Tous s’accordent pour dire que cette crise doit servir de vecteur vers la transition énergétique et écologique.

Plus que jamais, les enjeux climatiques doivent être au coeur des décisions actuelles et futures.
Comment ? En relançant notre économie bien sûr, mais avec un plan de relance plus vert, qui fait plus que jamais appel à l’ingénierie au sens large du terme !

Voici les cinq grandes priorités pour relancer l’économie tout en construisant une société plus verte pour le “monde d’après”.

 

 

 

#1 Accélérer (davantage) la production et l’utilisation des énergies renouvelables

Cette crise aura permis de voir que tout n’était pas perdu. En quelques semaines seulement, les effets positifs sur l’environnement de la baisse de l’utilisation des énergies fossiles pouvaient être visibles à l’échelle mondiale.

Mais pour un véritable résultat, ce n’est pas trois pas en avant puis deux pas en arrière qu’il faut faire. C’est toute l’industrie et l’économie mondiale qui doit se fixer pour objectif la neutralité carbone ! 

Ces dernières années, les énergies renouvelables ont commencé à trouver leur place. Elles se sont introduites dans les stratégies énergétiques, économiques, environementales et sociales. 

Malheureusement, les énergies fossiles sont encore bien trop présentes, puisqu’elles représentent toujours près de 80% de la consommation d’énergie mondiale. Elles engendrent des problèmes climatiques que nous connaissons trop bien : émissions de gaz à effet de serre, pollution, épuisement des ressources, ….

Plus que jamais, il faut investir et se tourner encore plus massivement qu’avant vers les énergies renouvelables pendant cette relance économique.
Pour ce faire, les pays doivent prendre en compte l’importance et les nombreux avantages de ces énergies, tant dans le domaine de la santé, que de l’économie et de l’emploi.

Les gouvernements doivent réagir collectivement sur un accord mondial vert.
Objectif : assurer une transition juste pour tous et ouvrir la voie à une économie mondiale propre et sobre en carbone.

Quelles options alors ? Supprimmer les subventions sur le pétrole, grâce aux cours historiquement bas dûs à la crise. En voici une, que pourrait envisager le gouvernement afin de financer davantage les énergies vertes.

 

 

 

#2 Des “conditions vertes” pour obtenir des soutiens budgétaires

Depuis le début de la crise, les gouvernements s’activent pour débloquer des aides financières aux acteurs de tous les secteurs touchés. 

Si ces aides sont soumises à des conditions de perte de revenus ou de baisse fulgurante des ventes, elles ne tiennent pas compte des facteurs environnementaux.
En effet, aucune aide proposée aujourd’hui par l’Etat n’est accordée en contrepartie de la mise en place d’actions environnementales.
Bien que l’urgence du début des mesures puisse le justifier, à l’avenir ces aides devront intégrer ce paramètre.

Le Haut Conseil pour le Climat déplore d’ailleurs cette absence de conditions “vertes” , et estime que « l’octroi de mesures budgétaires ou d’incitations fiscales à des acteurs privés ou des collectivités devrait être clairement subordonné à l’adoption explicite de plans d’investissement et de perspectives compatibles avec la trajectoire bas- carbone et la programmation pluriannuelle de l’énergie ».

L’argent investi pour sauver de nombreux secteur ne sera par conséquent pas investi en faveur des enjeux environnementaux.
Il faut donc réussir à allier les deux pour éviter que les stratégies futures rechutent dans leur considération à l’égard des enjeux environnementaux.

Dans une tribune pour France Info, plusieurs maires de grandes villes, des présidents d’exécutifs locaux et des personnalités publiques, se sont alliés. Ils ont envoyé une lettre ouverte à Emmanuel Macron, intitulée « Un scénario démocratique pour le ‘monde d’après’ ». Ils y font notamment part de leur mécontentement, de leur prise de conscience face à la nécessite d’agir pour l’environnement.
L’absence de conditions environnementales à l’octroi des 20 milliards d’euros, comme ce fut le cas pour relancer certaines industries telles que l’aviation ou l’automobile, est pointée du doigt par les signataires. La situation est loin derrière des pays comme le Danemark, l’Autriche ou encore la Finlande.

La Convention Citoyenne pour le Climat préconise quant à elle « que les financements mobilisés dans le cadre de la sortie de crise soient socialement acceptables, fléchés vers des solutions vertes et que les investissements se concentrent dans des secteurs d’avenir respectueux du climat ».

 

 

 

 

#3 Relocalisation & production locale 

Ces quelques mois auront mis en exergue notre dépendance aux chaînes d’approvisionnement étrangères, y compris sur des produits essentiels. 

Dès le début de l’apparition de la pandémie en France, ainsi que dans les semaines suivantes, le manque de matériel médical, de protection (masques, gels hydrolacooliques,…), s’est fait sentir. Laissant place à des situations de risques de contamination qui auraient pu être évités.

Et pour cause, de nombreuses chaînes d’approvisionnement proviennent de pays étranger, notamment de la Chine. Mais avec la fermeture des frontières et la propagation plus que rapide du Coronavirus, ces chaînes ont été interrompues. Résultat : la France s’est retrouvée seule pour s’approvisionner en urgence.

Le “monde d’après” devra donc sûrement passer par un retour à des chaînes de production nationales et régionales. Celles-ci permettraient du même coup de réinvestir dans l’économie française et de créer des emplois.

De même, les industries stratégiques nationales comme les pharmacies pour les médicaments, les nouvelles technologies, le matériel pour des énergies renouvelables : toutes devront être relocalisées et développées dans l’Hexagone. Objectif : ne pas revivre la situation de ces derniers mois. 

Dans un mouvement nommé #PlusJamaisCa, lancé le 27 mars dernier, 18 organisations et syndicats insistent sur l’importance de la relocatisation des activités essentielles. Ils demandent « un plan de réorientation et de relocalisation solidaire de l’agriculture, de l’industrie et des services, pour les rendre plus justes socialement, en mesure de satisfaire les besoins essentiels des populations et de répondre à la crise écologique ».

 

 

 

 

#4 Technologies innovantes, modèles commerciaux et infrastructures : miser sur le vert ! 

Pour atteindre un objectif zéro émission, les investissements futurs devront être bien pensés et s’orienter en priorité vers certains secteurs. 

Le Haut Conseil pour le Climat précise qu’ils devraient se tourner “vers l’innovation sociale comme technologique, l’efficacité énergétique, et les infrastructures résilientes favorisant les usages décarbonés, et les solutions basées sur la santé des écosystèmes. Les secteurs structurants et porteurs des emplois de la transition à long terme doivent être privilégiés.”

La rénovation de bâtiments, l’électrification des flottes de véhicules publics et privés, et l’électrification d’un maximum de transport public feront partie des investissements nécessaires pour un avenir plus vert.
Les travaux de rénovation énergétique influent directement sur les consommations d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre. Elles auront donc un impact important à long terme.

Le stockage d’énergie, l’hydroélectricité interconnectée, l’hydrogène vert, et d’autres technologies de ce type s’avèrent nécessaires pour parvenir à une baisse concrète du carbone et une durabilité à long terme de l’énergie et du climat.

Pour y arriver, les banques publiques et le réseau des banques commerciales pourraient permettre aussi bien aux PME qu’à des acteurs plus modestes de réaliser ces changements, sans pour autant être bloqués financièrement.

 

 

 

#5 Inclure davantage les citoyens dans une démarche verte !

L’histoire du monde de demain ne s’écrira pas seule. Les citoyens du monde entier, ont un rôle primordial à jouer pour gagner une société plus solidaire. C’est pourquoi il est nécessaire de les inclure au maximum dans cette quête environnementale.

Le gouvernement a bien compris que le plan de relance passerait par un effort collectif et un soutien mutuel et mutualisé. De fait, trois députés, la spécialiste du numérique Paula Forteza (ex-LREM), l’écologiste Matthieu Orphelin (ex-LREM) et Aurélien Taché (LREM), ont lancé le 4 avril dernier l’initiative « le Jour d’après ». 

Soutenue par une soixantaine de signataires membres actuels ou non du parti présidentiel, la plateforme en ligne appelle à l’intelligence collective. Elle réunit les idées de citoyens, de travailleurs, d’associations, d’élus ou encore d’experts. 

Le but est simple, « Réinventer notre modèle de société », autour de 11 problématiques : santé, travail, consommation, écologie, solidarité, éducation, numérique, démocratie, territoires, Europe, et le financement de ces propositions.
Jusqu’au 4 mai, les propositions se sont enchaînées, laissant désormais place à leur étude.

Ensuite, « Il faudra transformer cette émulation citoyenne collective en un grand plan de transformation sociale, économique, démocratique et écologique de la relance. A court terme, des propositions seront portées par les députés et intégrées par exemple dans le projet de loi de finances. », a confié Paula Forteza à La Tribune.

D’autres initiatives, portées par certains élus et citoyens engagés, mettent en avant l’importance d’un plan de relance « juste et durable » post-coronavirus.
Celui-ci passerait par une phase de consultation citoyenne, la création d’un Conseil National de la Transition (mai-juin) puis la création d’une Assemblée citoyenne du futur dès cet été 2020. Pour eux, il « est indispensable de dessiner un scénario démocratique impliquant le plus largement possible les citoyens, les territoires et la société civile ».

Cette Assemblée citoyenne du futur serait entièrement constituée de citoyens tirés au sort parmi une audition d’élus et de corps intermédiaires : associations, entreprises, syndicats, chercheurs et universitaires. Elle serait en charge de « définir les grands principes d’un plan de transformation du pays, et établir des recommandations pour l’échelon européen, en vue de construire une société plus juste et plus résiliente. ». 

Les signataires de la lettre ouverte à l’origine de cette initiative demandent également qu’une existence légale soit donnée à cette Assemblée via un vote du Parlement dès l’été 2020. Objectif : garantir sa légitimité ainsi qu’un véritable débouché politique permettant de faire valoir ses propositions. 

À terme, ils souhaitent entériner ce projet par une réforme constitutionnelle pour avoir un véritable rôle dans le processus législatif sur tous les sujets concernant le vivant et le long terme.

 


Ce n’est un secret pour personne, il faudra un certain temps avant de sortir de la crise engendrée par le Covid-19.
Les conséquences, tant sur le plan sanitaire que sur le plan économique, doivent nous pousser à revoir notre copie économique et sociétale, ainsi que notre manière de vivre ensemble.

Cette crise est toutefois l’opportunité d’apprendre de nos erreurs passées, d’en tirer les leçons, et de recréer une société plus juste, plus forte et, surtout, plus respectueuse de la source-même de ce qui nous fait vivre : l’environnement.

La relance est primordiale. Elle doit être rapide et toutefois prendre le temps d’inclure davantage les enjeux environnementaux, si ce n’est d’en faire le principal facteur.

Reste à voir si les gouvernements seront de cet avis, pour une relance plus verte…

 

 

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