La métropole de Grenoble disposera de son téléphérique urbain d’ici 2024

 

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C’est un tournant pour la future mobilité de l’agglomération grenobloise, qui disposera prochainement d’une liaison aérienne pour relier deux communes, Fontaine La Poya et Saint-Martin-le-Vinoux, en passant par la Presqu’ile de Grenoble.

Les différents partenaires du projet ont annoncé début juin que le téléphérique urbain, qui sera directement intégré au réseau de tram de la Métropole de Grenoble, sera actif d’ici 2024.

On fait le point sur ce projet dans notre article de la semaine.

 

 

Poma, Groupe-6 & Egis à la manoeuvre

 

Déjà utilisé dans certaines villes, que ce soit en Ile-de-France, à Brest, à la Réunion ou encore en Colombie, les transports urbains par câble se font peu à peu une place au sein des nouvelles solutions de mobilité.

Cette fois-ci c’est l’agglomération grenobloise qui pourra profiter de ce mode de transport qui comporte de nombreux avantages d’ici à 2024.

Le 8 juin dernier, le SMMAG (syndicat mixte des mobilités de l’aire grenobloise), en charge des transports au sein de la Métropole, a signé ce projet avec comme partenaire le groupement d’entreprises Poma (leader français du transport par câble), Groupe-6 (une agence d’architectes grenobloise) et Egis (l’entreprise d’ingénierie française). 

Le groupement d’entreprises sera chargé de “concevoir, réaliser et assurer la maintenance” de ce projet, dont l’investissement est de 65 millions d’euros HT.
Ce projet, dont la genèse remonte à 2014, devrait enfin sortir de terre avec une mise en service d’ici 2024.
Le démarrage des travaux est prévu pour 2022 et une enquête publique est quant à elle programmée pour 2021.

C’est Yann Mongaburu, président du SMMAG, Christophe Ferrari, président de la Métropole, et Jean Souchal, président de Poma, qui ont présenté leur projet visant à désengorger ce secteur de l’agglomération, souvent victime de nombreux embouteillages, grâce à une solution adaptée à une zone montagneuse.

Un projet qui n’a pas été facile à mettre en place et qui a demandé de nombreuses réflexions face aux “obstacles naturels et artificiels” (franchissement du Drac, de l’Isère, de la voie ferrée, de l’A480 et de la RN481) qui étaient présents sur la zone prévue.
Christophe Ferrari a ainsi souligné “limportance de laboutissement de ce projet pour le développement urbain du nord-ouest de lagglomération” et a expliqué qu’avec ces contraintes géographiques, le téléphérique urbain était “le mode de déplacement le plus efficace en temps de parcours”.

Un gain de temps mais également d’argent pour la Métropole de Grenoble, qui évite de s’engager dans des travaux trop complexes et coûteux.

Le choix de la zone du projet n’est pas anodin puisque de nouveaux projets immobiliers devraient y voir le jour, augmentant par conséquent le nombre d’habitants et par extension les besoins en matière de transports urbains.

Dici, 10 ans, 5 000 nouveaux logements et 7 000 nouveaux emplois seront créés sur ce territoire desservi par ce câble”, a précisé Yann Mongaburu.

 

 

Un transport aérien sur 3,7 kilomètres

 Située dans le nord ouest du territoire, la ligne aérienne de 3,7 km de long relira Fontaine La Poya à Saint-Martin-le-Vinoux, en passant par le Presqu’île de Grenoble.
Semblable à “une station de métro dans les airs” cette ligne transformera l’image de la ville.

Plus précisément, ce “Métrocable” constituera la ligne T1 du futur réseau de tram maillé de l’agglomération, qui devrait d’ici quelques années compter 8 lignes de tram, incluant les cinq actuelles.

La future ligne desservira 5 stations : Hôtel-de-Ville de Saint-Martin-le-Vinoux, Oxford, l’Argentière, La Saulée et Fontaine La Poya. Elle reliera les actuelles lignes A, B et E grâce à plusieurs correspondances.

La télécabine devrait desservir la ligne en 15 minutes avec une vitesse moyenne de 19 km/h, contre 30 min. en bus/tramway, 23 min. en vélo et 18 à 21 min. en voiture.

Avec dans un premier temps 24 cabines lors de la mise en service, ce téléphérique urbain offrira une capacité de 1 200 voyageurs par heure, puis de 3 000 à terme, avec une capacité de 50 personnes par télécabine.
L’installation pourrait également accueillir jusqu’à 66 cabines en fonction du développement du projet. La fréquence prévue est d’environ une télécabine toutes les 70 secondes.

L’exploitation de la ligne aérienne se fera entre 5h et 21h au début de sa mise en service. La ligne sera gérée par la Sémitag, en charge du réseau de transport urbain de Grenoble, et pourra être accessible via un ticket Tag.

 

 

 

Une mobilité au service de l’environnement

 

Si le projet a mis plus de 6 ans avant de voir le jour c’est parce qu’il a été pensé dans sa globalité pour l’agglomération et ses habitants, mais également pour proposer une solution décarbonée et en accord avec la protection l’environnement.

Les gares du projet seront dotées d’un bardage en bois ainsi que de toitures-terrasses entièrement végétalisées.

Nous avons souhaité faire le pari d’une mobilité décarbonée pour diminuer notre dépendance à l’usage individuel de la voiture”, justifie Yann Mongaburu, précisant également que la ligne sera accessible aux personnes à mobilité réduite et aux cyclistes.

Le président de Poma, Jean Souchal, a insisté sur les atouts de ce moyen de transport non-polluant, peu bruyant, évoluant sur site propre et profitant d’une intégration complète au réseau existant et d’une intégration urbaine réussie.
Nous utiliserons une technologie éprouvée et maîtrisée. Mais nous avons amélioré sa motorisation et les appuis des câbles pour diviser par trois le bruit généré. La prise au sol des pylônes a également été travaillée pour ne pas rogner l’espace public”, précise-t-il. “On va construire là quelque chose qui va durer et dont on sera fiers”.

Ce mode de transport écologique bénéficiera d’un coût au kilomètre inférieur au tramway. Il sera plus résistant et ne connaitra pas d’interruptions sauf “en cas de vents très violents” a indiqué le SMMAG.

Pour Yann Mongaburu, “la ligne par câble permet de relever le défi des mobilités décarbonées dans un réseau de transport qui sera repensé”.

 

 

Avec un coût inférieur à celui du tramway et bien moindre par rapport à celui du métro, la ville de Grenoble se dote d’un nouveau moyen de transport intégré à l’urbanisme et adapté aux besoins de la ville.
Avec les autres projets en cours sur les nouvelles lignes de tramway, comme
la mise en place d’un RER inter-urbain et d’un pôle d’échange, la ville devrait connaitre une évolution importante dans les années à venir.
Objectif : réussir à désengorger Grenoble, notamment aux heures de pointes où la circulation est très difficile.

Un projet qui pourrait inspirer de nombreuses autres agglomérations pour repenser la mobilité de demain, tout en respectant l’environnement.

C’est donc en bonne voie pour la ville de Grenoble. Reste maintenant à savoir si la commission d’enquête publique qui aura lieu en 2021 sera favorable au projet, celle de 2018 ayant recommandé “que la problématique dextension du réseau de tramways soit réétudiée ».

 

 

 

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*Photo de couverture : photo d’illustration.