[Énergie] Un nouveau parc éolien offshore au large du Cotentin
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Fin 2020, la Ministre de la Transition Écologique, Barbara Pompili, et la Ministre de la Mer, Annick Girardin, ont annoncé dans un communiqué commun le site retenu pour la création du nouveau parc éolien en mer.
À l’issue d’un débat public, c’est donc finalement au large du Cotentin que ce nouveau parc éolien offshore français sera installé.
Objectif : développer une production de 1000 mégawatts afin d’assurer les besoins d’environ 800 000 foyers.
Retour sur ce nouveau projet d’éolien en mer, l’un des enjeux majeurs de la transition énergétique française, dans notre article de la semaine.
Le 8ème parc éolien en mer français
Il sera installé au large du Cotentin, à plus de 32 km des côtes et à 40 km des tours-observatoires Vauban de St-Vaast-La-Hougue, au sein d’une zone de 500 km2.
Celle-ci a été choisie pour son faible taux d’activité de pêche ainsi que ses enjeux de biodiversité limités.
“J’ai décidé que le futur parc éolien en mer serait installé à plus de 40 km des côtes dans une zone permettant de limiter au maximum les impacts sur notre paysage, nos activités de pêche, le trafic maritime et l’environnement marin.”, explique Barbara Pompili. “Cette décision est le choix de la cohérence, le port de Cherbourg étant à ce stade le premier port de fabrication de pales éoliennes en mer.”.
Le périmètre exact de l’implantation sera “affiné au cours de la procédure de mise en concurrence” actuellement en cours et qui permettra de choisir le lauréat pour le développement de ce nouveau parc, prévu pour 2022.
Avec une capacité de l’ordre de 1 000 mégawatts, ce 8ème parc éolien offshore français (le 4ème en Normandie), doit permettre de produire l’électricité nécessaire aux besoins d’environ 800 000 foyers.
Ce parc s’inscrit directement dans la programmation pluriannuelle française de l’énergie, publiée en avril 2020 : “L’éolien en mer est un enjeu majeur de la transition énergétique, qui va permettre de réduire nos émissions de gaz à effet de serre tout en diversifiant notre mix électrique, ce qui le rend plus à même de faire face à toutes les situations”, explique le ministère de l’Écologie.
En parallèle du développement du parc, le gestionnaire de réseau RTE lancera aussi des concertations quant au raccordement de celui-ci sur les zones de Menuel et du Havre. Il se concentrera notamment sur l’option d’un raccordement en courant continu, mutualisé pour deux parcs d’un gigawatt chacun.
Une obligation de développement en concertation avec les autres activités locales comme la pêche
Lors des nombreuses consultations publiques, un sujet est souvent revenu : celui de “la cohabitation des usages en mer, dont la pêche, et la nécessité de maîtriser les impacts environnementaux du parc”.
Bien que le projet présente de nombreux avantages à la fois écologiques et économiques, il ne fait pas pour autant l’unanimité, notamment auprès des pêcheurs locaux.
La Ministre de le Transition Écologique affirme que ce choix de lieu permettra de limiter l’impact sur les activités de pêche et sur l’environnement marin et, face à l’inquiétude des pêcheurs, le ministère de la Transition écologique a annoncé que différents engagements seront pris, notamment une obligation pour le futur développeur du parc d’étudier les conditions de cohabitations avec l’activité de pêche.
“La transition écologique doit être une ambition partagée, bénéfique pour tous, adoptée par tous. L’éolien en mer est une formidable opportunité pour le pays, qui dispose du deuxième gisement d’Europe. C’est une technologie décarbonée, renouvelable, compétitive et créatrice d’emplois. Mais son déploiement doit se faire en pleine concertation avec les territoires concernés”, a insisté Barbara Pompili.
Un long travail de concertation publique
Ce projet a donc nécessité de longs mois, et de nombreuses réunions et ateliers de travail afin de recueillir un maximum d’avis de citoyens, aussi bien sur le projet en lui-même que sur le choix du lieu d’implantation.
Cette décision de positionner le parc éolien au large du Cotentin, parue au Journal officiel, est le résultat d’un débat public conclu le 19 octobre dernier par la publication du bilan par la Commission nationale du débat public (CNDP).
Lors de ce débat, l’avis de plus de 2 700 participants a été recueilli, une grande première pour un projet comme celui-ci.
« Il a permis de consulter au plus tôt le public concerné par l’installation d’éoliennes en mer, sur un projet porté par l’Etat, souligne-t-il. Le débat a été innovant dans sa forme, avec une grande diversité d’outils et d’ateliers de travail pour toucher un large public, mieux l’informer et permettre le recueil de leurs argumentaires.”, précise le communiqué.
Toujours selon le communiqué, les débats publics ont également permis de faire “ressortir le besoin de visibilité à long terme des acteurs locaux”.
Pour ce faire, des études environnementales seront lancées dans la zone du projet, et un site internet d’information du public sera mis en place courant 2021, pour informer les citoyens sur l’ensemble des projets éoliens en mer.
Ce besoin de visibilité s’inscrit également dans les ambitions de la programmation pluriannuelle, qui prévoit un doublement des capacités éoliennes installées en mer d’ici 2028.
“L’État engagera une réflexion sur la manière de donner au public une meilleure visibilité sur le développement de l’éolien en mer au large de la Normandie sur la période de la PPE, notamment au regard des avis exprimés lors du débat public sur les possibles zones d’implantation des projets”, précise le communiqué́ du 5 décembre.
De plus, un garant va être nommé, pour certifier que l’État apporte des réponses aux diverses interrogations du public et “s’assurer des suites données au débat public”. Celui-ci sera désigné par la Commission nationale du débat public (CNDP). « Le ministère de la mer a spécifiquement engagé un travail expérimental sur la planification de l’éolien en mer et de son articulation avec les autres usages de la mer sur le long terme, en concertation avec le conseil maritime de façade ».
Si ce nouveau parc éolien, comme ses prédécesseurs, ne fait pas l’unanimité, il montre l’importance d’une concertation publique pour mener à bien des projets d’une telle envergure.
Rappelons-le, l’éolien offshore est l’un des enjeux de notre transition énergétique, avec de nombreux avantages économiques et écologiques.
Reste à voir où s’implanteront les futurs parcs pour atteindre l’ambition de la programmation pluriannuelle qui prévoit un doublement des capacités éoliennes offshore d’ici 2028.