[BTP] Vinci Construction utilisera 90% de béton “bas carbone” en 2030 !
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Le secteur du BTP continue sa transformation écologique ! Souvent pointé du doigt pour ses fortes émissions de gaz à effet de serre, le secteur tente de plus en plus de prendre un virage plus vert.
En ayant davantage recours à des matériaux biosourcés bien sûr, mais également en innovant pour trouver une solution au fond du problème : le ciment traditionnel, dont la fabrication est très polluante et qui compose à 50% le béton.
Dans un communiqué à l’AFP en date du 3 juin dernier, Vinci Construction s’est engagé à utiliser 90% de son béton “bas carbone” en 2030, avant d’atteindre la neutralité carbone en 2050.
On fait le point dans notre article de la semaine.
C’est quoi, du béton “bas carbone” ?
Petit rappel pour comprendre le fond du problème du béton “traditionnel”.
Un m3 de béton est composé pour 50% de ciment. Or, la fabrication du ciment classique, dit ciment « Portland », est très polluante.
La raison ? Pour obtenir ce ciment traditionnel, il faut chauffer un mélange composé à environ 80% de calcaire, extrait des carrières, (qui contient 40% de carbone) et d’argile à près de 1500° C, pendant 18 heures, pour obtenir le clinker, qui va permettre de lier le béton.
Très énergivore et gourmand en ressources naturelles, la fabrication de ce ciment est donc fortement émettrice de gaz à effet de serre.
On estime ainsi que la production d’une tonne de ciment Portland génère entre 765 et 900 kg de CO2 !
Une production extrêmement polluante donc, surtout quand on sait que le ciment est aujourd’hui le matériau manufacturé le plus consommé au monde, avec 4,6 milliards de tonnes de ciment produites dans le monde chaque année, dont 18 millions en France.
D’après les dernières études menées sur le sujet, l’industrie du ciment serait à elle seule responsable de près de 5% à 7% des émissions annuelles de CO2 de la planète !
D’après le communiqué, et pour tenir son objectif de réduction de carbone dans la construction, le Groupe Vinci a donc mis au point un béton “bas carbone” “à base de laitier de haut-fourneau” issu du recyclage de déchets “venant de la production de la fonte”.
En sidérurgie, le laitier correspond aux scories (des sous-produits solides issus de la fusion, de l’affinage, du traitement ou de la mise en forme des métaux à haute température), qui sont formées en cours de fusion ou d’élaboration du métal par voie liquide.
Il s’agit d’un mélange composé essentiellement de silicates, d’aluminates et de chaux, avec divers oxydes métalliques.
Comprenez que ce “laitier de haut-fourneau” est donc le liant du béton qui va permettre de remplacer le très polluant clincker.
Ce béton “bas carbone” permettrait selon Pierre Anjolras, nommé Président de Vinci Construction en janvier dernier, de réaliser “60% d’économies de CO2 par rapport à un béton normal”. Il a par ailleurs précisé que ce béton avait d’ores et déjà été utilisé lors de la réalisation d’un chantier à Roissy, où le groupe a “atteint 88% d’utilisation de béton bas carbone”.
Les objectifs environnementaux et écologiques du Groupe Vinci
L’utilisation à 90% de ce nouveau béton “bas carbone” d’ici 2030 n’est pas le seul objectif ambitieux de Vinci Construction et s’inscrit dans la feuille de route environnementale du Groupe.
Celle-ci, au travers de Vinci Construction et des pôles Energies, Concessions, Autoroutes et Immobilier du Groupe vise à réduire de 40% ses émissions de CO2 d’ici 2030, par rapport à 2018.
Pour réduire ces dernières, le groupe compte par exemple implanter 430 bornes de recharge électrique sur les autoroutes dont il est concessionnaire d’ici 2023, contre 200 aujourd’hui.
Vinci travaille également sur l’hydrogène vert (avec Air liquide et le CEA) et souhaite développer davantage son offre de matériaux recyclés et de panneaux photovoltaïques.
À terme, l’objectif du groupe sur le plan environnemental, dévoilé en janvier 2020, est d’atteindre la neutralité carbone en 2050.
Une concurrence environnementale forte
Face à l’urgence climatique, mais également aux nouvelles normes et réglementations imposées par les différents gouvernements, c’est toute la filière du BTP qui travaille à trouver des solutions de remplacement, tant au niveau des matières premières que de la construction en elle-même.
Que ce soit les cimenteries classiques, les grandes entreprises de construction ou de nouveaux acteurs émergents, la concurrence promet d’être rude.
Du côté des géants de la construction, Bouygues Construction a annoncé des objectifs quasi similaires à ceux de Vinci, avec l’objectif de réduire de 30% les émissions de Colas, sa filiale de travaux routiers et ferroviaires, d’ici 2030 et de réduire de 40% celles de ses autres activités de construction.
De son côté, Eiffage travaille sur des bétons comportant jusqu’à 100% de granulats recyclés. Les premiers tests d’utilisation devraient avoir lieu en 2022.
Chez les cimentiers, on peut par exemple citer la start-up vendéenne Hoffmann Green Cement Technologies (HGCT), créée en 2014, pionnière du ciment décarboné.
Son ciment plus “vert”, principalement composé de boue d’argile (provenant du lavage des carrières), de granules (issus de la fonte d’acier) et de gyse (roche que l’on trouve notamment dans les déblais du Grand Paris) et travaillé “ à froid” par mélange d’activateurs et de sur-activateurs.
Résultat : un ciment aux émissions de CO2 quasiment divisées par 5 !
La production d’une tonne de ciment HGCT produit 200 kg de CO2 contre en moyenne 850 kg pour le ciment “Portland”.
À l’instar de nombreux acteurs du secteur, Vinci Construction accélère sur sa stratégie environnementale bas carbone. Reste à savoir maintenant si ces objectifs ambitieux seront atteints dans les délais fixés, que ce soit pour Vinci ou ses concurrents.
Ces nouveaux engagements marquent une fois de plus la volonté de toute la filière d’opérer une profonde mutation des mentalités et des usages, pour parvenir à des constructions plus durables et plus écologiques.
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