Attractivité industrielle : la France toujours en tête en Europe 

 

Chaque année, le cabinet EY réalise une enquête sur l’attractivité industrielle de la France pour évaluer son évolution sur le secteur.

Cette étude permet de mettre en lumière le niveau d’attractivité industriel de l’Hexagone. Elle identifie les implantations des investisseurs étrangers et dresse les grandes lignes de l’avenir industriel français.

L’enquête a été menée en 2019 par EY, et publiée il y a quelques jours dans son « baromètre 2020 de l’attractivité industrielle de la France ». Elle s’appuie sur les métropoles, l’innovation, les services, le capital risque et la fiscalité.

Elle permet également d’explorer les nouveaux horizons du secteur manufacturier tricolore afin de prévisualiser son avenir.

On fait le point pour vous dans notre article de la semaine.

 

 

La France attire toujours autant les investisseurs étrangers

 

Bilan : c’est une bonne nouvelle pour la France, qui conserve sa 1ère place européenne en termes d’attractivité auprès des industriels étrangers.

 

 

Si la France est le pays qui attire le plus d’investissements industriels étrangers, c’est notamment parce qu’elle peut compter sur 339 projets d’implantations et d’extensions d’activités industrielle (IDE) recensés en 2018, contre 323 en 2017.
Elle se place donc devant la Turquie et ses 203 projets en 2018, et l’Allemagne avec ses 152 projets.

Le Royaume-Uni, quant à lui, a connu une chute de 35% du nombre de projets sur son sol, passant de 216 en 2017 à 140 en 2018. Cet affaiblissement est en partie dû à « l’inconnu post-Brexit » précise le baromètre. En conséquence, le Royaume-Uni passe de la seconde à la quatrième place du classement.

 

 

L’étude met également en avant certaines filières industrielles françaises exportatrices comme la construction aéronautique et spatiale, la construction navale et la pharmacie. Ces branches séduisent des sous-traitants et des partenaires, dont « un grand nombre d’entreprises à capitaux étrangers (qui) viennent produire en France ». Elles entrent alors dans les chaînes d’approvisionnement de géants de l’industrie : des groupes comme Airbus, EDF, Danone ou Sanofi.

Le « baromètre de l’attractivité industrielle » se fie à une enquête d’opinion réalisée en janvier 2019 par l’institut CSA auprès de 210 dirigeants représentatifs des investisseurs étrangers en France et en Europe. Le classement prend également en compte une analyse des implantations et extensions industrielles d’entreprises étrangères en France.

« La performance tricolore n’est pas un accident », précise l’étude. Elle souligne que « depuis 2016, la France creuse l’écart avec ses concurrents allemands et britanniques dans la course aux investissements industriels étrangers ».
Ainsi, entre 2014 et 2018, les investissements directs étrangers en France ont augmenté de 47 %. Pour comparaison, l’Allemagne a connu une hausse de 7 %. Au Royaume-Uni, la baisse est constante depuis 2017 (-15 %).

 

 

La compétitivité de la France au niveau européen et mondial

 

Dans un environnement international complexe, les règles du jeu de l’industrie européenne et mondiale ont changé. Ralentissement, protectionnisme et souveraineté ont entre autres marqué le coup. Ainsi, on observe une décélération de 3.8% à 3.7% de la croissance industrielle, après une longue phase d’expansion.

L’Allemagne, qui affiche le titre de première puissance industrielle en Europe, n’échappe pas à cette tendance. C’est ce que montre les chiffres du ralentissement de la croissance de sa production industrielle. En effet, elle est passée de +4,4 % en 2017 à +1 % en 2018. Cette diminution est liée à l’effort d’adaptation que doit fournir l’industrie automobile allemande face aux nouvelles normes européennes limitant les émissions de gaz à effet de serre. L’instabilité des politiques commerciales mondiales a aussi impacté la demande internationale de biens et d’équipements, entraînant avec elle les investissements industriels.

La Chine se retrouve également confrontée à un essoufflement sur le secteur. Selon le Bureau national des statistiques chinois, le pays enregistrait une croissance industrielle de +4,4 % en août 2019. Il s’agit là de son niveau le plus faible en 17 ans. L’étude explique que « la baisse de la demande intérieure, due à la politique d’austérité mise en place par le gouvernement, a pesé sur la production nationale en 2018. L’augmentation des droits de douanes a également impacté la production chinoise. ».

Côté France, pour maintenir la position concurrentielle dans l’économie mondiale industrielle, 37 % des dirigeants interrogés estiment que le territoire doit prioritairement mettre l’accent sur l’éducation et la formation dans ce domaine.

L’attractivité industrielle premium se matérialise en France par de nouveaux sites de production, au nombre de 68 en 2018. Ces emplacements sont attirés ou fixés par des bassins d’emplois et de compétences sophistiqués. Ils sont équipés et mieux soutenus par un effort des politiques publiques sur des territoires et secteurs en pleine transition.

L’étude indique également que « La démographie de notre industrie par rapport à celle de l’Allemagne explique en grande partie les difficultés de nos entreprises à « passer à l’échelle » les investissements, le recrutement ou l’innovation. Quand la France affiche 5000 ETI environ, l’Allemagne en dénombre 12 500, dont une grande part dans le champ industriel. »

 

 

 

Un bon équilibre entre le « made in France » et le « made by France »

 

L’industrie française a réussi à trouver un équilibre entre ses produits fabriqués en France (« made in France ») fabriqués par la France (« made by France »). Cette balance peut remercier le fort réseau d’implantations internationales des grandes entreprises françaises.

Les dirigeants d’entreprises étrangères sont confiants par rapport aux perspectives de l’industrie française. De fait, près de 70% d’entre eux voient un avenir à l’industrie « made in France » et « made by France ».

Depuis le début des années 2000, les secteurs phares de l’industrie française sont fragilisés. Ils subissent une chute continue de leurs parts de marché mondiales, avec une baisse globale de 40% pour la plupart des secteurs. L’aéronautique est pour le moment le seul marché qui échappe à cette tendance.

 

 

Et pour cause. D’après l’observatoire Trendeo, certains secteurs traditionnels ont subi un nombre important de fermetures d’usines en France sur la période 2009-2019. C’est le cas de la métallurgie (-130 sites), des imprimeries (-103), de la fabrication de meubles (-76), du textile (- 69) ou encore de l’industrie alimentaire (-49) et automobile (-48).

L’industrie française a donc réagi. Elle s’internationalise enfin, privilégiant les localisations à l’étranger sous pavillon français plutôt qu’une logique d’importations directes.

Selon l’étude, les entreprises du CAC 40 ont quant à elles réalisé 75% de leur chiffre d’affaires à l’international en 2018, soit 1002 Mds€. Ce résultat trouve ses racines dans les filiales implantées à l’étranger et non pas dans les sites de production hexagonaux. Pour les multinationales allemandes, c’est la situation inverse.

 

 

Les projets industriels en France

 

En France, alors qu’on pourrait croire le contraire, seuls 3% des nouveaux projets d’investissements industriels sont réalisés en Ile-de-France.
« La région des Hauts-de-France, le Grand Est et Auvergne Rhône-Alpes ont particulièrement tiré leur épingle du jeu, captant à elles trois 45 % des décisions d’investissements l’année dernière », indique l’EY.

C’est donc la région des Hauts-de-France, avec 17% des projets industriels en France, qui peut se targuer d’être en première place du classement. Le Grand Est prend la seconde place avec 14% des projets industriels sur le territoire.

 

 

Quel avenir pour l’industrie française selon l’étude d’EY ?

 

Les auteurs de l’étude ont interrogé des clients et observateurs internationaux sur la réinvention de l’industrie et sur la localisation future des investissements industriels. Ils en ont dégagé plusieurs axes décisionnels importants :

Talent : former aujourd’hui les compétences industrielles de demain

Trade : faire de la France une plateforme mondiale de la nouvelle industrie européenne

Technology : garder un niveau de recherche d’ordre mondial

Tax : résoudre l’équation stabilité + compétitivité = attractivité

Transition : accélérer le passage à l’acte climatique

Selon les investisseurs interrogés dans le cadre de l’étude, la croissance française sera tirée par la suite par plusieurs secteurs. On peut citer le numérique (31% des réponses), l’énergie (28%), les technologies vertes (21%) et les services aux entreprises (21% également).

Dans ce contexte, la perception des entrepreneurs étrangers à l’égard de l’avenir de l’industrie française reste largement favorable, malgré une légère diminution. En effet, 70% d’entre eux se disaient optimistes en 2019 quand ils étaient 77% en 2018.

La France devra également revoir sa stabilité fiscale. Elle est considérée comme étant « critique » par 41% des entreprises dans leurs choix d’investissement en Europe. 52% de ces mêmes entreprisesla classent comme un facteur « important ». « Parce que les entreprises recherchent de la stabilité et de la prévisibilité, la France doit confirmer ses engagements assez récents en la matière », notent les auteurs de l’étude.

L’enquête met en exergue le besoin de redoubler d’efforts dans le cœur de cible de l’industrie en France. En ce sens, entre 1/4 et 1/3 des dirigeants sont dans cette attente. Ce cœur de cible se traduit par le soutien aux PME (36%), la diminution des coûts de main d’œuvre (32%), l’aide aux industries de haute technologie et d’innovation (32%), ainsi que par la diminution de la pression fiscale (26%).

Dans le même esprit se déroulera fin janvier le sommet « Choose France 2020 » à l’initiative de l’Elysée. L’objectif est simple : vendre l’attractivité des territoires français aux étrangers et inciter les entreprises à s’y installer. Pour cette troisième édition de « Choose France 2020 », l’Elysée a déjà annoncé 4 milliards d’euros d’investissements de la part de grands groupes étrangers. « Santé, transport, banque, agroalimentaire, télécoms, numérique… Il y a des annonces sur tous les territoires, dans tous les secteurs et pour tout type d’emplois (…) Pour nous, c’est un élément d’aménagement du territoire », a précisé la présidence de la République.

 

Vous pouvez retrouver l’enquête complète directement sur le site d’EY en cliquant ICI.

Photo à la Une : barskefranck

 

 

Prêt.e à rejoindre la Ruche ?
Cliquez-ici