ArcelorMittal vise la neutralité carbone sur son site de Dunkerque d’ici 2050

 

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Aujourd’hui plus que jamais, la recherche de solutions pour réduire les émissions de CO2 à l’échelle mondiale est primordiale.

Très observées sur ces questions, de nombreuses entreprises sont entrées dans une course à la décarbonation de leurs activités, afin de réduire de manière importante leurs émissions de CO2 et atteindre la neutralité carbone.

Le groupe ArcelorMittal l’a bien compris et compte mettre rapidement en place son plan de décarbonation !

À l’occasion de la venue de la Ministre déléguée à l’Industrie, Agnès Pannier-Runacher, début septembre sur le site de Dunkerque, Eric Niedziela, Vice-Président et CEO d’ArcelorMittal en a profité pour présenter ses différents projets pour ce site, la plus grande aciérie de France. 

Objectif : atteindre une neutralité carbone à l’horizon 2050.

On fait le point pour vous dans notre article de la semaine.

 

 

Déjà environ 25% d’émissions en moins sur les dix dernières années

 

Le groupe ArcelorMittal s’est fixé pour objectif, à l’échelle européenne, de réduire ses émissions de CO2 de 30% d’ici 2030 et vise même la neutralité carbone d’ici 2050.

Un objectif ambitieux, qui s’explique par de réels résultats ces dernières années sur le site de Dunkerque.

En effet, le groupe y a réalisé une baisse d’environ 25% de ses émissions au cours des dix dernières années, alors que la production était en hausse.

Des résultats encourageants qui ont donné envie au groupe de faire davantage d’efforts, au point de se fixer une véritable neutralité carbone d’ici 2050.

A l’heure actuelle, l’usine de Dunkerque émet autour d’1,8 tonne de CO2 par tonne d’acier produit, contre 2,2 tonnes il y a encore cinq ans.

Pour accompagner le groupe dans cette transition, mais aussi d’autres entreprises en demande, certaines conditions de marché devront être adaptées : 

  • le développement d’un environnement favorable à la compétitivité de l’acier neutre en carbone, 
  • la mise en place de financements durables sur le long terme,
  • le déploiement de conditions de concurrence plus équitables,
  • l’accès à une énergie propre, abondante et abordable,
  • ou encore la mise à disposition d’instruments publics pour un déploiement plus rapide des nouvelles technologies.

L’Europe devra également garantir une égalité entre son acier et l’acier importé depuis des pays sans norme carbone.

 

 

“Verdir” les hauts-fourneaux, capturer et stocker le CO2 et recycler l’acier

 

Pour réduire ses émissions, le groupe se tourne vers trois projets pionniers : 

  • le haut-fourneau vert, 
  • la capture et le stockage de CO2,
  • et le recyclage de l’acier.

La transformation des haut-fourneaux :

L’innovation autour des hauts-fourneaux est primordiale, puisqu’ils sont aujourd’hui responsables de 71% des émissions de CO2 du site de Dunkerque !

Deux solutions sont envisagées dans ce but.

La première “concerne le recyclage de gaz sidérurgiques dans le haut-fourneau, en remplacement des combustibles fossiles, ce qui permettra de réduire les émissions de 17 %”, indique l’industriel.

Concrètement le groupe réutiliserait le monoxyde de carbone qui s’échappe des différentes installations comme les hauts-fourneaux pour le réinjecter par la suite, ce qui permettrait de réduire de fait la quantité de combustible nécessaire.

Cette solution innovante sur la circularité du carbone a été nommée “Smart Carbone”.

La seconde solution concerne le processus de réduction directe (DRI), qui alimente le haut-fourneau en hydrogène. Avec cette utilisation du gaz, la quantité de fer sera réduite et seule l’eau sera rejetée.

Capture et stockage du CO2 :

Le deuxième projet vise à capturer et à stocker efficacement le CO2.

Il s’agit ici d’un projet pilote industriel, comme pour le premier projet, mené avec Total et l’IFPREN (acteur majeur de la recherche et de la formation dans les domaines de l’énergie, du transport et de l’environnement).

Il consiste à capturer une partie des 11 millions de tonnes de CO2 que le site émet, pour le purifier et le liquéfier et ainsi réutiliser ou stocker le CO2, un enfouissement sous-marin dans un premier temps. 

Le groupe entend ensuite le valoriser en bioéthanol et kérosène, grâce à la création à proximité de son usine d’un hub d’entreprises et de partenaires qui réutiliseraient cette matière première.

“Je suis convaincu qu’effectivement nous pouvons faire de Dunkerque, la région Hauts-de-France, le premier hub français de CO2. Un hub est un endroit où plusieurs acteurs centralisent leur CO2 sous forme liquide pour pouvoir l’exporter vers la mer du Nord, soit par bateau soit par pipe.” , estime Dominique Paire, le directeur du site de Dunkerque.

Cette solution permettrait de réduire de 8% les émissions de CO2.

Recyclage de l’acier :

Le dernier projet concerne quant à lui le recyclage de l’acier.

Des millions de tonnes d’acier sont en effet exportées chaque année depuis la France et l’Europe.
Le recyclage pourrait donc s’avérer être une solution très intéressante.

Le groupe envisage ainsi de récupérer un million de tonnes de ferraille pour doubler ainsi sa production d’acier recyclé et l’amener à deux millions de tonnes par an, sans apport d’énergie supplémentaire.

Avec ce projet le groupe entend également réduire 8% d’émissions d’ici 2030.

 

Entre 15 et 40 milliards d’euros d’investissement

Pour mener à bien ces projets, le groupe ArcelorMittal va devoir débloquer un budget considérable, ce qui reste pour le moment le principal frein.

Pour passer de l’étape de projet à la production, le groupe évalue ces investissements mondiaux entre 15 et 40 milliards de d’euros, auquel s’ajouteront les coûts des infrastructures d’énergie verte et hydrogène, ce qui pourrait ajouter plusieurs centaines de milliards d’euros à cette première estimation.

Un chiffre colossal donc, qui nécessite des financements extérieurs puisque le groupe ne pourra pas assumer seul ces coûts.

“Nous avons besoin d’autres acteurs pour atteindre la neutralité carbone, sinon, on ne trouvera pas de solution”, précise Dominique Pair.

Pour réussir à obtenir des financements et faire avancer cette filière, le groupe a déposé un plaidoyer auprès de l’Europe et des différents États.

ArcelorMittal demande notamment une révision du système de quotas carbone européen, qui pour le moment est en faveur de la concurrence des aciers importés, dont les propriétaires ne payent pas de taxes, ce qui augmente le prix de l’acier vert européen. 

Pour aider les entreprises à se tourner vers des solutions plus “vertes”, le groupe plaide aussi pour une participation européenne aux financements de la décarbonation, en insistant sur le fait que les investissements faits sont “gigantesques, pas forcément rentables, mais nécessaires” selon Dominique Pair.

 

Avec 12 millions de tonnes de CO2 rejetées chaque année, le groupe ArcelorMittal tient à réagir pour limiter son empreinte carbone dans les années à venir.

Avec ces procédés innovants, et l’investissement dans la technologie, le groupe pourrait obtenir rapidement des résultats concrets. 

Des objectifs et une volonté de réduction de CO2 qui s’inscrivent dans les objectifs du plan gouvernemental “France Relance” qui accompagne et accélère la transformation de l’industrie française, présenté par la Ministre déléguée de l’Industrie Agnès Pannier-Runacher, et dont le groupe pourrait bien bénéficier.

 

 

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