À quoi ressemblera une ville autosuffisante pensée pour l’ère post-Covid ?
Temps de lecture : 5 min
La pandémie mondiale à laquelle nous faisons face depuis le début de l’année nous oblige à repenser le monde de demain.
C’est dans cette optique que la Chine a réalisé un appel à projets pour la création d’un quartier autonome qui serait capable de résister à toutes les crises.
Un appel à projets en accord avec les besoins et les attentes d’aujourd’hui, qui a été remporté par l’architecte espagnol Guallart et qui pourrait être le précurseur de nombreux projets similaires à venir.
Autonomie alimentaire et énergétique, retour à la nature, vie en communauté, industrialisation des villes…
Retour en images sur ce à quoi pourraient ressembler les villes du futur post-Covid.
Un projet de ville écologique et autonome adapté suite au Covid-19
L’an dernier, le gouvernement chinois lançait un concours international afin de dessiner un quartier autosuffisant pour la nouvelle ville de Xiong’an, située à 100 km au sud de Pékin.
Le gouvernement souhaitait une ville écologique et pourvue de technologies futuristes pour assurer son autonomie, aussi bien en énergie qu’en alimentation pour ses 3 000 futurs habitants.
De nombreux groupes, dont le cabinet d’architecture Guallart Architects, ont alors commencé à plancher sur ce projet de ville du futur, un projet politique important soutenu par le président Xi Jinping.
Mais avec l’arrivée en début d’année du coronavirus, et des inquiétudes de la population, Vincente Guallart et son équipe ont décidé d’orienter leur travail vers un écoquartier encore plus autonome et surtout en adéquation avec les besoins liés à la crise sanitaire actuelle.
« Avec le confinement, notre bureau s’est dissous et nous avons tous travaillé depuis chez nous. Nous avons alors décidé que le projet devrait traiter à la fois la crise climatique et la crise du coronavirus”, a confié Vincente Guallart au site 18h39.
Une vision résolument dans l’ère du temps, qui a convaincu le gouvernement et qui a permis au cabinet Guallart Architects de remporter le concours et de commencer à plancher sur ce projet.
Un modèle d’urbanisme en architecture passive
Le futur quartier sera organisé en quatre blocs de bâtiments, entièrement construits en bois durable.
Il sera composé d’habitations, de résidences multi-générations, de bureaux, mais comportera également de nombreux services comme des commerces, un centre administratif, un marché, une caserne de pompiers, une ferme, une école, des garderies, des grands espaces verts ou encore une piscine. Ces équipements seront accessibles directement à pied.
L’angle choisi pour la construction de ce quartier est celle dite de la “maison passive”.
Concrètement, cette approche permet de réduire chaque perte thermique potentielle à un niveau négligeable.
La conception architecturale sera alors “bioclimatique”, c’est-à-dire qu’elle reposera sur :
- Une optimisation des apports solaires hivernaux, notamment via l’orientation des bâtiments vers le sud et une protection de la façade nord, ce qui permettra une réduction des besoins en chauffage et en énergie,
- Une bonne isolation des murs, toits et sols, pour éviter au maximum les pertes de chaleur,
- Une récupération de l’énergie grâce à une circulation de l’air optimisée. Ainsi la chaleur dégagée par les appareils ménagers, mais également par les habitants, sera réutilisée pour permettre de gagner des degrés en période plus froide.
Grâce à ces différentes méthodes, les besoins en chauffage mais également en climatisation devraient être nettement réduits.
Une production en interne
Pour être sûr de répondre aux besoins des futurs habitants de ce quartier, aussi bien en alimentation qu’en électricité, une production internalisée est primordiale.
D’autant plus dans un contexte de pandémie où la ville aurait besoin de s’auto-alimenter et de disposer de sa propre énergie pour limiter les risques de contamination.
Vincente Guallart l’a bien compris et propose donc pour ce projet de recouvrir l’ensemble des bâtiments de ce quartier avec des serres, qui permettront la production de fruits et de légumes.
Elles permettront de couvrir une grande partie des besoins en nourriture des habitants du futur quartier.
Sur les toits des serres, des panneaux solaires seront installés et permettront de produire 50% des besoins en électricité.
Des récupérateurs d’eau seront également mis en place et devraient couvrir 70% des besoins.
Des appartements ouverts sur l’extérieur
Les appartements ont également été repensés post-Covid.
De nombreux pays ont été confinés durant plusieurs semaines, forçant les populations à rester un maximum chez elles pour enrayer la propagation du virus.
Une situation difficile à vivre pour beaucoup d’entre nous, notamment pour ceux qui ne disposaient pas d’un espace extérieur.
C’est pourquoi les architectes ont pensé les appartements en vue d’un potentiel reconfinement.
Ainsi, chacun d’entre eux disposera d’une grande terrasse, exposée plein sud, afin de prolonger l’espace de vie vers l’extérieur.
L’ensemble des appartements sera relié au réseau 5G, déjà largement déployé en Chine, afin de faciliter les communications ou encore le télétravail.
Une décision inspirée directement de la pandémie de Covid-19, durant laquelle l’architecte et son équipe qui ont dû quitter leurs bureaux pour travailler depuis chez eux.
Pour son éco-quartier, l’équipe a donc décidé de s’assurer que le télétravail puisse se passer dans les meilleures conditions possibles, tout en permettant à chacun de rester connecté à ses voisins et au reste du monde.
Des minis-usines d’imprimantes 3D
Au rez-de-chaussée de chaque bâtiment, des usines miniatures seront installées et équipées d’imprimantes 3D.
Ainsi, les habitants pourront fabriquer à leur guise des objets du quotidien.
Une idée qui fait écho à la pénurie de masques à laquelle de nombreux pays ont été confrontés durant les premières semaines de l’épidémie.
En effet, de nombreux masques avaient alors été confectionnés par des particuliers qui possédaient chez eux des imprimantes 3D, et redistribués ensuite aux hôpitaux et aux personnes en première ligne.
Ces “makers” ont permis de répondre à des besoins qui ne pouvaient pas être couverts par les différents gouvernements et ont donc contribué à sauver des vies.
Au-delà des masques, les imprimantes 3D pourraient permettre de fabriquer des matériaux manquants dans le domaine de la santé, comme ce fut le cas avec la création de pièces de respirateurs pour les hôpitaux pendant la crise, une solution testée et approuvée.
Même si une autonomie totale reste difficile à garantir à ce stade du projet, de nombreuses solutions sont mises en place pour y parvenir.
D’autres moyens ne devraient pas tarder à arriver pour compléter ceux déjà proposées, et pourraient permettre de répliquer ce modèle à plus grande échelle.
Avec cette crise sanitaire et économique mondiale, les façons de vivre et de fonctionner doivent être repensées et adaptées.
Ce type de projet tente de répondre aux mieux aux besoins actuels et préfigure la ville autonome de demain…
Prêt.e à rejoindre la Ruche ?
Cliquez-ici